Québec Yachting

Flyer 34 – Le petit qui garde la ligne

On dirait une orque. Ramassé, compact, d’allure assez agressive, le nouveau Flyer 34 de Bénéteau, décidé à suivre les traces du Monte Carlo 32, parvient très bien à éviter le style baluchon que prennent souvent ces bateaux pressés de vouloir tout offrir en même temps.

Aussi nommé « Grand Tourismo », probablement parce qu’il vise une clientèle aux habitudes italiennes, familière des carrosseries automobiles, ce modèle, présenté au Salon de Paris en 2010, veut compléter la gamme des express cruisers. Moins élancé que son aîné, le Flyer 38, il en conserve les attributs de puissance et de vélocité.

D’abord destiné à favoriser le farniente, le plan de pont s’enorgueillit d’un solarium bien dimensionné (183 x 130 cm) qui peut se découvrir au milieu sur un hublot donnant sur le salon. La place, comme toujours, est convoitée pour son isolement, à peine encombrée par le guindeau électrique de série. On y accède facilement grâce aux larges passavants protégés de hauts chandeliers très rassurants.

À l’arrière, un grand carré abrite une table en bois clair (132 x 80 cm dépliée), capable de recevoir six personnes et de s’escamoter en un tournemain pour disparaître et céder la place à un grand bain de soleil (203 x 134 cm). C’est là que sont concentrés les attraits du bateau. La timonerie d’abord, dotée d’un siège banquette en virgule bien enveloppant, qui se hisse de plusieurs centimètres d’un seul doigt et autorise le barreur à piloter debout, les pieds solidement ancrés sur les butées de calage. Une fois le toit ouvrant électrique dégagé, la vue sur la mer est parfaitement élargie. À condition d’être un peu grand, on peut même embrasser l’horizon la tête au vent, sinon il faudra caler les yeux sous la barre transversale.

En revanche, le pare-brise panoramique, dépourvu de montant vertical au centre, n’arrête pas le regard et il faut beaucoup d’audace pour regretter qu’il y en ait sur les extrémités. Ce sont les seuls obstacles à la vue, surtout dans les virages. On notera quand même les deux essuie-glaces, parfaitement enveloppants, qui balaient sans difficulté les embruns ou la pluie.

À grande vitesse, le détail n’est pas superflu. Car le Flyer 34, avec sa carène Air-Step et ses deux diesels Volvo Penta de 200 ch, peut filer ses 31,2 nœuds à 4000 tr/min. À cette vitesse, Bénéteau affirme que la consommation ne dépasse pas 80,50 litres/heure. Si on se contente d’une vitesse de croisière de 24 nœuds, à 3500 tr/min, la consommation revient à environ 60 litres. De quoi naviguer pendant huit heures, ce qui semble une autonomie suffisante pour un day boat qui n’a pas vocation à faire de la croisière hauturière. C’est également à cette allure que le rapport vitesse/bruit est le meilleur, à condition de laisser le hard top ouvert, qui empêche l’effet de résonnance et fait gagner trois décibels (78 au lieu de 81). Les commandes sont accessibles sans difficulté à un droitier, proches du joystick de propulseur (en option) qui surprend un peu sur une unité de taille modeste, mais dont on ne fait pas l’économie une fois installé…

Les moteurs sont très réactifs et permettent aux plus exaltés des sensations fortes, le bateau se cabrant volontiers si on le sollicite brutalement. Ce qui ne l’empêche pas d’accrocher très correctement l’eau dans les courbes serrées avec un degré de giration honnête. Toutes évolutions dont l’équipage peut jouir confortablement, installé sur une belle méridienne (190 x 50 cm) bien faite pour admirer le sillage ou sur la banquette attenante. Au mouillage, le cockpit fait surgir comme par enchantement (mais en manoeuvrant le rabat monté sur bras articulé quand même) une cuisine d’été très judicieuse, entourée d’un évier au robinet rabattable, et accompagnée (en option) d’un petit réfrigérateur et d’une plaque de cuisson. Naturellement, ces nombreuses possibilités réclament un peu de manipulation pour accéder aux différents équipements ou au panneau de cale donnant accès au moteur.

En quittant le cockpit, abandonnant le beau volant automobile sur tribord, on franchit le panneau du carré encastré pour pénétrer dans l’espace intérieur. La hauteur sous barrots de 1,92 m surprend, tout comme la table de 120 x 170 autour de laquelle quatre convives seront très à l’aise. Ladite table peut s’effacer et se convertir en couchage supplémentaire (170 x 165).

Le Flyer 34 est bourré de ressources insoupçonnées! L’éclairage est tout à fait correct et illumine la cuisine placée à tribord. On y trouve l’essentiel : deux feux de cuisson à gaz, un évier avec mitigeur, un réfrigérateur de 42 litres et un assortiment de placards propres à satisfaire le plus exigeant des avitaillements. Le propriétaire dispose d’une vaste cabine arrière protégée par une porte aux dimensions pour une fois intelligentes. Le grand lit double (190 x 166) est servi par une penderie et les rangements sous le sommier sont très suffisants pour faire disparaître les bagages d’une courte croisière. La salle d’eau est sans doute un peu juste en hauteur (180 cm), mais l’agencement efficace rend son usage assez facile. Même le WC marin parvient à ne pas encombrer exagérément l’espace. On comprendra que ce cruiser réussit à proposer tout, presque aussi bien que le 38 pieds de la gamme, parvenant à ne pas prendre l’embonpoint que ce genre d’exercice impose souvent, mais ressemblant plutôt à un lévrier qui aurait sa maison sur le dos. Une prouesse qu’il faut saluer.

FICHE TECHNIQUE

Longueur hors tout : 10 m / 32 pi 10 po
Coque : 9,67 m / 31 pi 8 po
Largeur : 3,35 m / 11 pi
Poids : 5380 kg / 11861 lb
Motorisation : 2 x 200 ch (diesel) ou 2 x 300 ch (essence)
Carburant : 490 litres / 129 gal US
Capacité eau : 160 litres / 42 gal US
Cabine : 1
Couchages : 4
Chantier : Bénéteau
Disponible au Québec chez Boisvert Marine.

Thierry Montoriol

* Texte provenant de la parution Essais 2012 du magazine Québec Yachting.