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Propriétaires de petites embarcations – Affinez vos connaissances sur la météo

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Tous les plaisanciers avertis savent qu’il est essentiel de bien connaître les conditions météo et de toujours rester vigilant en cas de temps violent. Afin de pouvoir dormir sur vos deux oreilles lorsque vous mouillez l’ancre pour la nuit ou de partir en toute confiance sur un vaste plan d’eau, il vous faut être au fait des conditions météorologiques au moins 12 à 24 heures à l’avance.

Ceux qui ont l’habitude de partir plusieurs jours avec leur bateau vérifient habituellement les prévisions météo le matin et le soir. Considérant que les téléphones cellulaires ne couvrent pas certains secteurs, la plupart continuent de consulter celles de la Garde côtière par le biais de leur radio VHF.

Pour leur part, les propriétaires de petites embarcations ont tendance à être moins vigilants. Ils choisiront de partir ou non selon les conditions météo annoncées. Cependant, une meilleure interprétation des données météorologiques ainsi qu’une utilisation plus judicieuse des moyens d’information disponibles leur permettraient de bénéficier davantage de leurs activités préférées sur l’eau, que ce soit la pêche, les sports nautiques ou la randonnée.

Sur l’eau, il est également utile de savoir comment interpréter rapidement le temps qu’il fera selon les types de nuages, l’orientation du vent et les fluctuations de la température. Au premier abord, une prévision météo peut ne pas sembler propice pour partir avec votre bateau. Cependant, le verdict pourrait être différent si vous connaissez bien la zone de navigation, que vous avez effectué une planification détaillée des activités prévues et que vous êtes capable de bien observer les nuages et la surface des eaux.

Contrairement à ceux qui naviguent en mer, les propriétaires de petites embarcations ont tendance à fréquenter des plans d’eau où la couverture cellulaire est fiable; celle-ci d’ailleurs s’améliore d’année en année. De plus, la dernière génération de téléphones intelligents facilite l’accès à l’Internet ainsi qu’à une liste sans cesse croissante d’applications gratuites qui fournissent une foule de renseignements faciles à obtenir sur la météo.

Quelques applications météo utiles

Météo Média

Application de MétéoMédia pour tablette Android.

J’aime bien l’application MétéoMédia/The Weather Network. On y obtient rapidement une vue d’ensemble et un éventail de renseignements sur le temps à venir. Comme on peut s’y attendre pour toute application gratuite, il y a de la publicité. Mais il s’agit, dans ce cas-ci, d’un tout petit bandeau publicitaire apparaissant au bas de l’écran. Vous pourrez y obtenir les prévisions et les températures prévues pour votre région durant les quinze prochains jours. De plus, en touchant rapidement l’écran tactile, vous aurez droit à de plus amples détails : la vitesse et la direction des vents, la température ressentie, la pression barométrique, le taux humidité, la visibilité, le plafond, l’heure prévue pour le lever et le coucher du soleil ainsi que l’historique des  températures. Pour ceux qui font de la plaisance sur les petits plans d’eau, ils ont là toute l’information voulue pour leurs besoins.

Application WindAlert.

Application WindAlert.

WindAlert est une autre application gratuite qui donne un aperçu de la vitesse et de la direction des vents. Je l’utilise pour obtenir rapidement la vitesse en nœuds de plusieurs endroits situés près de chez moi.  J’habite au sud de la baie Georgienne et je peux facilement remorquer mon bateau jusqu’au lac Huron. À l’aide de ces données, je n’ai qu’à choisir l’endroit le moins venteux pour m’adonner à mon activité favorite.

Des applications sont également disponibles pour décoder les prévisions météorologiques numériques MAFOR (MArine FORecast) qui sont habituellement utilisées par les grands navigateurs et qui sont diffusées sans interruption sur les canaux VHF de la Garde côtière. Jusqu’à maintenant, je n’en ai pas trouvé qui sont gratuites. C’est la même chose pour Environnement Canada qui n’offre pas d’application qui s’adresse directement aux prévisions destinées aux plaisanciers.

Cela étant dit, il est facile de créer un signet de la page météo d’Environnement Canada en ce qui a trait à votre secteur ou encore la page radar. Comme les versions en « langage simple » de MAFOR sur les canaux VHF, les prévisions météo présentées sur le site Internet d’Environnement Canada sont faciles à interpréter pour les plaisanciers. Toutefois, ceux qui veulent naviguer sur de plus gros plans d’eau ou sur les côtes devraient toujours consulter des prévisions maritimes plus détaillées.

Il y a aussi World Radar, une application gratuite permettant de voir la trajectoire des précipitations sous forme de pluie et les orages. Pour sa part, l’application gratuite MyRadar fournit de l’information seulement pour les États-Unis. Il s’agit d’un bon outil pour ceux qui naviguent près de la frontière puisque les dépressions viennent souvent du sud ou de l’ouest. Si vous envisagez d’acheter une application, assurez-vous auparavant qu’elle fournit de l’information sur le territoire canadien.

L’interprétation des données

Nuages stratusPeu importe la façon d’obtenir les données météo, il faut aussi savoir les interpréter, selon l’endroit où l’on désire naviguer ou encore le type d’activité prévue. Ceux qui s’aventurent près des côtes doivent aussi tenir compte des marées dans leur trajet, de même que des heures de départ et d’arrivée.

Les renseignements obtenus sur la durée d’ensoleillement, la température, les conditions nuageuses et les prévisions UV permettent aussi de choisir le type de vêtement à porter ainsi que la protection solaire nécessaire. Pour leur part, les prévisions sur les vents et les vagues auront plus d’importance si vous prévoyez faire du ski nautique ou du wakeboard ou encore passer la journée sur la plage ou sur un banc de sable.

Environnement Canada diffuse un message intitulé « Avertissement aux petites embarcations » quand les vents risquent de dépasser 20 noeuds. Les forts vents et les vagues qui s’ensuivent habituellement rendent les activités de pêche et de sports nautiques de plus en plus problématiques. Par contre, si vous possédez une plus grosse embarcation ou si vous naviguez à l’abri des pointes de terre, cela vous assurera d’une certaine protection, même en cas de vents relativement forts.

Afin d’avoir une meilleure idée des conditions que vous pouvez affronter avec votre bateau, il faut en faire l’expérience et ainsi mieux connaître vos habiletés et les capacités de votre bateau. Vous devez également tenir compte des attentes de vos passagers quant au choix ou non de demeurer sur l’eau.

La plaisance porte bien son nom : elle doit demeurer un plaisir. Ainsi, même si vous avez un plus gros bateau capable d’affronter de forts vents et de grosses vagues, assurez-vous que votre équipage est aussi prêt à relever le défi.

D’autres avertissements ou alertes météorologiques d’Environnement Canada parlent par eux-mêmes : vents violents (20-33 noeuds); rafales (34-47 noeuds); avertissement de tempête (48-63 noeuds) ou d’ouragan (64 noeuds et plus). Les avertissements de tornade et de trombe sont également très explicites. Un avertissement de rafale indique une ligne d’orages avec des rafales de vent de 34 noeuds ou plus. Si un tel temps est probable, demeurez à la maison ou à quai.

L’observation du temps qu’il fait

Même si les prévisions météo peuvent vous aider à faire votre choix à savoir si vous déciderez de partir ou non et à quel endroit, vous devrez toujours être soucieux d’observer ce qui se passe autour de vous une fois sur l’eau. Les prévisions n’étant pas toujours justes, vous devez être capable de « lire » le temps qu’il fera en fonction du vent, de l’état du ciel et des vagues.

Au Canada (excepté dans le Grand Nord), les vents dominants viennent de l’ouest, mais cela peut changer selon les systèmes, et ce, peu importe l’endroit. Ces systèmes sont en grande partie influencés par le mouvement des masses d’air chaud et froid qui créent à leur tour des systèmes de haute et de basse pression. Dans l’hémisphère nord, les vents autour des systèmes de haute pression se déplacent dans le sens des aiguilles d’une montre et à l’extérieur du système, mais les vents autour des systèmes de basse pression se déplacent dans le sens contraire des aiguilles d’une montre et vers l’intérieur.

Puisque le mouvement et la rencontre de ces masses d’air créent des perturbations, ces changements sont toujours observables dans le ciel, soit par les types de nuages visibles ainsi que leur façon de se déplacer ou encore leur direction. C’est la raison pour laquelle tout plaisancier averti se doit de toujours observer les nuages, car ils sont des indices d’un changement des conditions météo.

Cumulus

Stratus

Nimbus

Il y a quatre grandes familles de nuages qui peuvent également se présenter sous des formes combinées :

  • Cirrus : traînées nuageuses de haut niveau, synonymes généralement de beau temps; toutefois, si les cirrus tendent à se rassembler, cela peut signifier un changement dans un délai de 24 heures.
  • Cumulus : nuages blancs ou grisâtres, cotonneux et de bas niveau, qui accompagnent habituellement le beau temps.
  • Stratus : nuages bas qui peuvent provoquer une légère pluie ou de la bruine.
  • Nimbus : nuages classiques, sombres et gonflés, synonymes de pluie.

Il y a également les cirrocumulus qui forment une sorte de « ciel pommelé ». Ils ressemblent à des arêtes de poissons et annoncent la venue d’un orage. Les alto-cumulus ou hauts cumulus, que l’on peut observer lors des matins humides, sont des précurseurs de pluie. La formation de cumulo-nimbus signifie que la pluie est imminente. Lorsque ces derniers se forment très haut dans le ciel sous l’apparence d’une enclume et deviennent très sombres, ils sont alors associés à du temps violent comme les fortes averses, la grêle ou les orages. Les rafales provoquées à l’avant d’un tel système peuvent également être très violentes.

D’une façon générale, de plus hauts nuages indiquent que le beau temps prévaudra. S’ils sont éparpillés, blancs ou cotonneux, le temps sera habituellement beau. Mais s’ils commencent à se rassembler, cela pourrait signifier qu’un front froid approche, particulièrement si les cirrocumulus ou alto-cumulus forment un « ciel pommelé ».

Les fronts chauds sont généralement précédés par des cirrus, puis des cirrostratus et des altostratus hauts dans le ciel. Des nimbostratus plus épais suivent et apportent habituellement la pluie.

Si vous êtes sur l’eau et pensez qu’un orage ou une rafale vient dans votre direction, ce pourrait être une bonne idée de jeter un coup d’oeil à votre radar météo, qui vous montrera l’endroit où il tombe déjà de la pluie. Si vous avez créé un signet d’un site Web météo ou téléchargé une application sur votre téléphone intelligent, ce sera très facile.

Si vous décidez de vous mettre à l’abri et d’attendre la fin de l’orage, vous pourrez observer les nuages afin de voir s’ils se dispersent, mais aussi consulter à nouveau votre radar pour confirmer si la pluie achève de tomber ou si d’autres cellules orageuses viennent dans votre direction.

En tant que plaisanciers, particulièrement ceux qui fréquentent les gros plans d’eau, nous devrions toujours être soucieux de l’arrivée du mauvais temps. Il est également bon de se rappeler que dans l’ensemble du Canada, nous avons droit généralement à du beau temps pendant tout l’été. Cela est dû au fait que les masses d’air et les systèmes se déplacent plus lentement. À titre d’exemple, un système de haute pression venant du sud et se déplaçant lentement dans la région des Grands Lacs peut apporter du temps doux, avec de hauts cirrus ou alto-cumulus et quelques cumulus bas.

Comme plaisanciers, il est normal de consulter les prévisions météorologiques afin de connaître les conditions du temps à venir. Même quand il fait beau, il est bon de scruter rapidement le ciel. Si vous êtes capable d’identifier les signes de changement des conditions du temps, en plus des prévisions que vous obtiendrez des professionnels en la matière, vous pourrez être assuré de partir sur l’eau confiant et en toute quiétude.

Par Mike Milne

*Reportage publié dans la parution Été 2014 de Québec Yachting.