Québec Yachting

Transat Québec Saint-Malo 2016 : Spindrift 2 remporte la victoire dans la classe Ultime et fracasse le record de Loïck Peyron

Les Multis à bon port – place à la grande explication des Class40

Spindrift 2 arrive à Saint-Malo en établissant un nouveau record! Crédit photo : Pierre Bourras.
L'équipage de Spindrift 2. Crédit photo : Pierre Bourras.
Arkema arrive à Saint-Malo. Crédit photo : Pierre Bourras.
Ciela Village arrive à Saint-Malo. Crédit photo : Pierre Bourras.
French Tech Rennes St-Malo arrive à Saint-Malo. Crédit photo : Pierre Bourras.

La chaude nuit malouine a hier toute entière appartenu aux rapides multicoques de la flotte de la Transat Québec Saint-Malo présentée en collaboration avec la Ville de Lévis. Spindrift 2 a magnifiquement tenu son double pari, victoire dans sa classe Ultime et record absolu de l’épreuve à la clé. Trois des quatre Multi50 en lice se sont livrés à l’aube à une finale rien de moins que grandiose, Lalou Roucayrol et son Arkema signant une somptueuse victoire avec moins de deux heures d’avance sur les deux trimarans Ciela Village (Thierry Bouchard) et French Tech Rennes St-Malo (Gilles Lamiré), au bord à bord sur la ligne, alors que le jour se levait sur les remparts de la Cité Corsaire. 19 Class 40 et le monocoque Open 50 de Luc Coquelin convergent maintenant, dans le sillage du dernier multicoque, celui de Pierre Antoine (Olmix) vers l’embouchure de la Manche. L’Espagnol Gonzalo Botin (Tales II) continue de creuser l’écart avant la grande explication dans le vent faiblissant de la Bretagne. Pas moins de 11 bateaux échafaudent tous les scénarios et parient sur une météo tordue à souhait pour damer le pion au rapide Ibère, et s’adjuger dès vendredi soir peut-être, une Transat Québec Saint-Malo de tous les superlatifs et de tous les records.

Une Transat record

Record absolu pour Spindrift 2 ! Yann Guichard, Dona Bertarelli et leurs 12 hommes d’équipage ont explosé le record de Loïck Peyron établi en 1996. Il faudra désormais rêver de faire plus vite que 6 jours, 1 heure, 17 minutes et 41 secondes, à la vitesse moyenne de 20,99 nœuds pour faire mieux sur les 2 897 milles d’un fabuleux parcours. Les trois Multi50 ont tous les trois amélioré le chrono référence établie en 2012 par Erwan Le Roux (FenêtréA Cardinal). C’est à 13,6 nœuds de moyenne et en 9 jours 9 heures 00 minute et 58 secondes que Lalou Roucayrol, César Dohy, Etienne Carra et Karine Fauconnier signent l’exploit. Karine, navigatrice du bord, inscrivant pour la deuxième fois après sa victoire de 2004 en Trimaran de 60 pieds son nom au palmarès de la course. Preuve des performances surprenantes de ces trimarans de 15,24 mètres, le record de distance parcourue en 24 heures établi dimanche 17 juillet dernier par Thierry Bouchard avec 523,4 milles, à l’hallucinante moyenne de 21,8 nœuds ! Et l’exploit est aussi au rendez-vous des Class40. Leader incontesté depuis l’entrée des monocoques en Atlantique, l’Espagnol Gonzalo Botin, double champion du monde de la Class40, s’est offert samedi 16 juillet un run de 24 heures à 15,56 nœuds de moyenne, soit 373,6 milles parcourus. Le temps référence de la transat établie par le double vainqueur de l’épreuve Halvard Mabire (Campagne de France, en 11 jours, 17 heures et 30 minutes) peut encore être mis à mal.

Dernier acte pour les Class40

Mais au-delà des records, c’est bien la quête de victoire qui anime les 7 principaux protagonistes de la classe. Nul, de Gonzalo Botin au jeune Jules Bonnier (Cora – Moustache Solidaire) ne se considèrent battu à 370 milles de l’arrivée. Tous cravachent pour entrer en Manche avec le moindre des écarts, en bonne position, et avec l’intégralité de leurs moyens. Phil Sharp (Imerys), légèrement décramponné suite à la déchirure de son grand spi, la voile du temps, sollicite à fond l’expertise de ses deux marins Adrien Hardy et Milan Kolacek pour réparer cette arme ultime. Isabelle Joschke, soutenue par Alain Gautier et Pierre Brasseur, a positionné son Generali Horizon Mixité au nord et au vent du peloton de tête. L’angle au vent qui la propulse vers la Bretagne est idéal pour son voilier moins à l’aise travers au vent de sud-sud-ouest. Elle navigue au coude à coude avec l’autre femme de la course, Catherine Pourre, qui pousse au maximum son Mach 40 Eärendil. Tous ces marins jouent leur va-tout avant la grande roulette de la Manche, qui va redistribuer les cartes, et nous réserver à n’en pas douter les plus grandes surprises et une finale des plus enlevante.

Ils ont dit :

Isabelle Joschke – Generali Horizon Mixité

« Ça avance vite ! On se régale! Je n’ai jamais navigué ainsi, aussi vite et aussi longtemps. On devient accro aux surfs et à la vitesse. J’espère que cela va durer le plus longtemps possible. On ne regarde pas trop les classements. On demeure fidèle à la ligne de conduite qui est la nôtre depuis le début, à savoir s’accrocher au peloton de tête le plus longtemps possible, préserver nos forces et le bateau afin de jouer notre va-tout une fois en Manche, quand les conditions seront plus tortueuses. Pour l’instant, on est en phase avec notre feuille de route. On est prêts à toute éventualité dans le final. Le bateau est à 100%. On dispose de l’intégralité de nos voiles. On est content d’être au contact des bateaux hyper rapides comme Tales II et les Mach40. On a bien joué en montant très nord, pour avoir un bon angle de vent au portant, car on sait nos adversaires redoutables au reaching. Le soleil arrive, on voit un peu de ciel bleu. Cette transat est super agréable. On s’entend à merveille avec Alain et Pierre. On alterne les périodes de repos et les moments où il faut manœuvrer à trois sur le pont. Difficile de se prononcer sur une heure d’arrivée. On ne maîtrise pas tous les paramètres de la météo en Manche en juillet… »

Mikael Ryking – Talanta

« Le vent est rentré fort la nuit dernière et on a vraiment bien marché. On était sous des paquets d’eau. Nous sommes satisfaits de notre course. Nous regrettons de nous être fait piéger dans le Saint-Laurent. On a laissé partir le groupe de tête quand on est tombé dans un trou de vent. Nous ne sommes plus dans le même système, mais on s’accroche. L’équipage se découvre. Il y a un Français, un Anglais, un Américain et un Suédois à bord. On communique beaucoup entre nous. On va avoir des conditions rapides ces prochains jours. On espère arriver samedi. Le bateau est en très bon état. Nous déplorons juste la perte de deux de nos seaux qui nous servent de toilettes… et Sam (Holiday) a fissuré le troisième… »

Pierre Antoine –  Olmix

« La météo se présente pas mal pour arriver dès demain soir jeudi. Le vent de sud-ouest devrait tenir. On est toujours à la bagarre depuis Saint-Pierre avec le Class40 Tales II. Il nous met la pression, car il va vraiment vite. On alterne grand gennaker et code 0. Cette transat est ultra rapide. On a battu tous les records du bateau, avec des journées à 15,5 nœuds de moyenne. Aujourd’hui, on est parti pour une nouvelle journée à 350 milles. On va améliorer le temps du bateau sur cette transat d’une journée entière! On est bien physiquement et partir à quatre équipiers était la bonne décision par rapport à 2012 où nous n’étions que 3. »

Phil Sharp – Imerys

« Depuis la perte de notre grand spi, il nous est difficile d’espérer aller chercher Tales II. On l’a réparé une première fois, mais cela n’a pas tenu. Milan et Adrien viennent de le recoudre de nouveaux et on espère pouvoir s’en servir en Manche. La course n’est pas jouée. Cela va ralentir en Manche. On espère reprendre encore quelques bateaux. Milan et Adrien sont heureux. Ils sont comme moi issus de la Mini, et un Class40, c’est comme un gros Mini. Ils adorent pousser le bateau très fort. Cette Transat a été ultra rapide. C’est incroyable. On espère arriver vendredi… »

Tous les détails de la programmation et les détails sur les équipages inscrits sont disponibles via le transatquebecstmalo.com.

Voici les résultats de la Transat Québec Saint-Malo 2016 :

Transat quebec saint malo - TQSM2016_Resultats