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autant la batterie d’instruments permettant de gérer d’une seule main toutes les commandes de navigation. En mer, c’est un régal d’enchaîner les courbes sans que la coque, moulée sous infusion en stratifé de fbre de verre, montre la moindre absence de raideur et pratiquement sans gîter, ce qui assure un confort surprenant à l’intérieur. En revanche, le rayon de giration n’est pas spécialement court, mais ce n’est pas ce qu’on lui demande. Le Prestige étant plutôt donné pour un yacht au comportement marin évoluant dans la rondeur que pour une embarcation à la dynamique agressive. C’est le même esprit de bien-être qu’on retrouve sur la plate-forme arrière, d’où l’on accède au fybridge et au second poste de pilotage, entouré de terrasses pour dorer au soleil ou tâter de la sieste à l’abri du bimini escamotable. Le timonier, avec une vision à 360°, maîtrise les manœuvres les plus délicates, notamment au port où le joystick manœuvre au doigt et à l’œil les 19 mètres de coque. En contrebas, le solarium de la plage avant s’enorgueillit de deux banquettes abritées par un autre bimini, le tout s’escamotant à la commande dès que le bateau fait route.

Toujours à la poursuite de l’invisible Cléopâtre, nous arrivons dans le sanctuaire des espaces privés. Quelques marches, bien encadrées de mains courantes et de boiseries fauves, mènent à la cabine du guest boat , pourvue de hublots ouvrants, de sa propre salle d’eau et WC, d’un grand lit double au centre, d’une coiffeuse et de vastes penderies. En face, également dotée d’une salle d’eau attribuée, une autre cabine abrite deux lits superposés qui peuvent se transformer en lit double. Mais c’est au centre que les styliciens fétiches de la marque (Garroni et

J.F. de Prémorel Concept) ont fait l’éblouissante démonstration de leurs talents inspirés. On devine ici l’empreinte de ce bon goût très français que Jean François de Prémorel a sans doute puisée dans le château familial qui domine la mer en Bretagne Sud, avec un brin de démesure en plus. L’espace s’ouvre sur l’océan par deux baies grandioses percées dans la coque, solidaire de la mer et du ciel par toutes ses ouvertures qui font déferler dans la cabine propriétaire des vagues de lumières adoucies par la discrète teinture des vitrages. Les boiseries aux angles arrondis, patinées par sept couches de vernis, enrobent penderies, bureau et coiffeuse. Le miroir de Cléopâtre ici, c’est la mer. L’immense lit double, évidemment accessible par trois côtés, inspire des moments de détente privilégiés. Le vrai luxe s’exprime là autant dans le refus d’une vitrine ostentatoire et tapageuse que dans le soin apporté à chaque détail, la pensée accordée à chacun des gestes quotidiens, la volonté de caresser un œil d’esthète exigeant. L’image de Cléopâtre s’efface doucement, laissant la place au lancinant appel venu du large d’une Calypso insaisissable dont on aimerait consacrer l’existence à chercher la trace à bord de cette monture envoûtante.