Québec Yachting

Cent ans plus tard, la Lune s’ajoute aux causes du naufrage du Titanic

Qui n’a pas entendu parler de l’histoire du naufrage du RMS Titanic de la White Star Line ou n’a pas vu au moins un film à succès portant sur le sujet? Pratiquement tout le monde est capable de dire que ce paquebot transatlantique a coulé après avoir heurté un iceberg. Par contre, très peu de personnes peuvent expliquer pourquoi cet iceberg était sur la route du Titanic.

Le professeur Donald Olson est l’une des rares personnes qui ont pu établir un lien avec la Lune. Il est physicien à l’université de l’État du Texas et il dirige une équipe d’astronomes légistes qui tente d’expliquer des faits historiques par les marées engendrées par la Lune et le Soleil.

Toutes les personnes intéressées par le naufrage du Titanic et qui ont fouillé le sujet se demandent pourquoi le capitaine Edward Smith a semblé faire fi des avertissements quant à la présence d’icebergs sur sa route vers New York. Ce capitaine connaissait très bien les routes maritimes de l’Atlantique Nord pour y avoir navigué à plusieurs reprises. Il avait été désigné pour faire la croisière inaugurale du Titanic à cause de ses connaissances et parce qu’il était un navigateur prudent.

Habituellement, les icebergs provenant du Groenland, comme celui que le Titanic a heurté, ne se rendent pas aussi loin dans le sud de l’océan Atlantique. Ils s’immobilisent dans les eaux peu profondes du Labrador et de Terre-Neuve et ne se remettent à flotter qu’après avoir perdu des fragments de glace, fondu ou qu’une marée haute les libère de leur point d’ancrage. L’équipe du professeur Olson a tenté d’expliquer la présence anormalement élevée d’icebergs si loin au sud, jusque sur les routes de navigation maritime.

L’équipe a calculé qu’il faut habituellement au moins trois mois aux icebergs pour parcourir la distance entre leur lieu de départ du Groenland et les voies de navigation au large de Terre-Neuve. Sachant que le Titanic a coulé le 15 avril 1912, la naissance des icebergs devrait avoir eu lieu au début janvier de 1912.

Nous ferons appel à quelques notions d’astronomie pour tenter de jeter une lumière dans l’épais nuage du méconnu. Il faut savoir que le périhélie, soit le point de l’orbite de la Terre le plus proche du Soleil, est au début janvier et plus particulièrement le 3 janvier en 1912. Le 4 janvier 1912, nous étions au périgée, soit le point de l’orbite de la Lune le plus proche de la Terre et cette distance n’avait jamais été aussi courte en 1400 ans. Le 4 janvier 1912 correspondait aussi à la pleine Lune. Les forces d’attraction lunaire et solaire étaient à leur maximum pour générer de grandes marées permettant ainsi de former des fissures dans les glaciers touchant la mer ou d’arracher des morceaux de glace importants au Groenland.

Un autre fait important que le professeur Olson n’a peut-être pas pu considérer est qu’il y a eu une forte dépression dans les jours qui ont suivi. Le marégraphe de Pointe-au-Père a enregistré une marée haute un mètre plus haut que la prédiction le 9 janvier 1912 à 18 h. Les conditions météorologiques devaient être exceptionnellement mauvaises. Cette différence est comparable aux marées exceptionnelles du 6 décembre 2010 qui ont ravagé les côtes du Bas-Saint-Laurent et de la Gaspésie. Cette dépression et les vagues associées ont certainement contribué à arracher les pans de glace affaiblis qui ne s’étaient pas détachés du Groenland.

La recherche de l’équipe du professeur Olson a peut-être permis de donner raison en partie au capitaine Smith avec un siècle de retard sur la faible probabilité de présence d’icebergs sur la route reliant Southampton à New York. Il fallait une situation exceptionnelle trois mois auparavant pour que l’improbable se produise. Personnellement, je me pose encore la question à savoir si le capitaine Smith aurait navigué autrement si cela n’avait pas été la traversée inaugurale du Titanic.

Je vous convie à lire l’édition d’avril de la revue Sky & Telescope si ce résumé a titillé votre curiosité. Surtout n’oubliez pas que même s’il fait beau aujourd’hui et qu’il n’y a qu’une douce brise, l’improbable peut toujours survenir d’un passé plus ou moins récent.

Bonne navigation en toute sécurité!

Bernard Labrecque
Président
Association canadienne d’hydrographie
Section du Québec
bernard.labrecque@globetrotter.net

 

* Texte publié dans le magazine Été 2012 de Québec Yachting.