Québec Yachting

L’hydrographie et l’inspection des infrastructures marines

Quai de Lavaltrie

Quai de Lavaltrie

L’hiver est une période de temps où les infrastructures marines servant à la navigation de plaisance et commerciale subissent le plus les effets des glaces et des courants qui les transportent. C’est aussi la pire saison pour inspecter visuellement les infrastructures marines et faire l’entretien de celles-ci de façon sécuritaire. La période de navigation n’est pas de tout repos non plus parce que les plongeurs et les navigateurs doivent redoubler de vigilance pour ne pas se nuire inutilement et éviter l’irréparable.

Les avancées dans la technologie des sondeurs multifaisceaux permettent maintenant de faire de l’hydrographie plus précise avec une couverture totale dont les résultats ressemblent étrangement à un cours d’eau où on a enlevé l’eau pour en prendre une photographie du fond. Les sondeurs multifaisceaux ne sondent pas seulement sous le bateau, mais aussi sur une largeur qui peut atteindre jusqu’à sept fois la profondeur. Les nouveaux sondeurs sont même orientables et on peut pratiquement sonder au complet la paroi submergée des quais et autres structures verticales en quelques passages seulement, d’où une économie de temps et d’argent dans l’inspection, une augmentation de la sécurité pour les équipes d’inspection et un accès plus facile aux quais par les navigateurs.

Les sondeurs multifaisceaux peuvent être maintenant couplés à des systèmes optiques. Cet ensemble de technologies permet de faire une cartographie tridimensionnelle d’un quai, de sa base jusqu’à sa surface, dans un seul document uniformisé plutôt que dans plusieurs documents dont les références verticales peuvent être variées. Le Centre interdisciplinaire de cartographie des océans (CIDCO) a d’ailleurs développé une expertise en collaboration étroite avec l’entreprise Mosaic3D, spécialisée dans l’acquisition de données LiDAR tridimensionnelles. Il sera maintenant possible de mieux suivre la dégradation des quais et de faire des entretiens préventifs plus hâtifs et mieux ciblés.

Le défi est maintenant de standardiser une procédure pour que la précision et les résultats soient indépendants des systèmes d’acquisition utilisés. C’est dans cette optique que le CIDCO a tenu, en partenariat avec la Technopole maritime du Québec, son deuxième colloque à Rimouski, les 20 et 21 juin 2013, portant sur l’utilisation des nouvelles technologies acoustiques dans un contexte d’inspection d’infrastructures subaquatiques. Je reprends, avec l’autorisation du CIDCO, une partie de ce que vous trouverez sur le site Internet du CIDCO (www.cidco.ca).

« L’instrumentation des structures est intrusive, coûteuse et très localisée à l’heure actuelle. L’intervention de plongeurs ou l’opération d’engins robotisés commandés à distance (Remote Operated Vehicle – ROV), en plus d’être partielles, subjectives et souvent imprécises, restent limitées dans plusieurs situations. Dans ce contexte, l’usage de technologies optiques (LiDAR) et acoustiques suscite de plus en plus d’intérêt chez les acteurs du milieu. Toutefois, seule une grande maîtrise de la précision de la géolocalisation des données permet une exploitation rentable des méthodes modernes d’inspection d’infrastructures immergées.

Le Colloque CIDCO 2013 visait à identifier les limites de précision et d’exactitude des données mesurées de manière à mieux les repousser et à définir une nouvelle norme concertée de certification d’inspection.

Les objectifs du colloque étaient :

1. Présentation de travaux de recherche appliquée;

2. Présentation de technologies optiques et acoustiques;

3. Définition d’une norme de qualité en inspection;

4. Formation et animation d’un groupe de travail pour le développement d’un pôle d’expertise spécifique au Québec maritime.

Le programme du Colloque rassemblait une quinzaine de conférenciers spécialistes qui abordaient les sujets des défis de l’inspection sous-marine ainsi que de la géomatique marine et d’aide à la prise de décision.

De nombreuses activités sociales venaient aussi enrichir le programme. Un dîner, un souper-conférence avec le chasseur d’épaves et auteur Samuel Côté de même qu’un cocktail des exposants se sont tenus dans la journée du 20 juin. Lors de la Journée mondiale de l’hydrographie du 21 juin, il y a eu un dîner réseautage optionnel et une démonstration d’équipements technologiques à la marina de Rimouski en après-midi.

L’ensemble de l’animation de l’événement était assuré par le Living Lab en innovation ouverte de Rivière-du-Loup. Entre autres, une expérience World Café permettait aux participants de discuter et d’identifier les enjeux névralgiques de la mise en place d’un pôle d’expertise spécifique au Québec maritime dans le domaine de l’inspection des infrastructures immergées. »

Pour répondre aux besoins de cartes marines et d’infrastructures marines plus précises et sécuritaires, il faudra une formation appropriée et un nombre accru d’hydrographes qui maîtriseront ces technologies. Le CIDCO travaille cet aspect du défi et prépare actuellement un cours qui devrait répondre aux exigences de l’Organisation hydrographique internationale.

N’hésitez pas à me faire part de vos commentaires.

Bernard Labrecque
Président
Association canadienne d’hydrographie
Section du Québec
bernard.labrecque@globetrotter.net

* Article provenant de la parution Été 2013 du magazine Québec Yachting.