Québec Yachting

Naviguer par gros temps – Comment bien se préparer?

Naviguer par mauvais temps

À la fin de nos vacances, l’année dernière, mon épouse et moi avions projeté de revenir à notre port d’attache à bord de notre bateau de 44 pieds. La distance à parcourir était de 60 milles. La météo prévoyait des vents du nord-ouest de 15 nœuds en provenance du nord-ouest. Nous aurions donc à négocier avec des vagues de 3 à 4 pieds venant de l’arrière du bateau. Pour ma part et compte tenu de la taille de notre bateau, cela ne causait aucun problème et nous avons décidé de partir. En réalité, le vent s’est mis à souffler de l’ouest à 20 nœuds, provoquant parfois des vagues de travers d’une hauteur de 4 à 5 pieds. Nous avons finalement décidé de nous arrêter quelque part à mi-chemin et d’attendre le lendemain avant de repartir.

À moins que vous ne gardiez votre bateau constamment à quai à la marina, vous finirez inévitablement par être confronté à du gros temps. Qu’il s’agisse d’une simple balade sur l’eau, d’une excursion de pêche ou d’une croisière, vous risquez un jour ou l’autre d’être surpris par des conditions météo imprévisibles, et ce, même si vous planifiez toujours bien vos sorties. La chose la plus importante est que vous soyez très bien préparé afin de faire face à toute éventualité. Vous serez ainsi en mesure de mieux gérer les circonstances lorsque vous serez surpris par le mauvais temps, au lieu de vous sentir effrayé ou menacé.

Votre bateau est-il « navigable »?

Il y a des bateaux qui ne sont tout simplement pas sécuritaires dans les grosses vagues, car ils n’ont pas été conçus pour cela ou, s’ils l’étaient à l’origine, ils se sont détériorés avec le temps. Cela est particulièrement le cas des modèles dont la coque est faite en bois plutôt qu’en fibre de verre. Pour le reste, il y a aussi à prendre en considération le rapport poids/puissance de votre bateau (un manque de puissance constitue un risque accru). Si vous êtes dans le doute, consultez un expert en la matière avant de partir sur l’eau.

L’entretien de votre bateau

Il n’y a rien de plus dangereux et risqué qu’un bateau qui éprouve des problèmes mécaniques sur un grand plan d’eau. Lorsque vous pilotez votre bateau, vous devez porter toute votre attention à vos manœuvres. Ce n’est vraiment pas le temps de vous soucier d’avoir une panne de moteur!

Si vous possédez un bowrider équipé d’un moteur hors-bord ou semi-hors-bord, vous devez apporter une attention toute spéciale à la mise au point régulière du moteur. Une panne de moteur dans des eaux agitées est tout simplement inadmissible dans votre cas. Le système de commande devrait également être vérifié sur une base régulière, en s’assurant que toutes les tiges et agrafes sont bien en place et graissées chaque année. Examinez les pompes de cale tous les mois et assurez-vous qu’elles sont suffisamment puissantes pour les dimensions de votre bateau. Ajoutez une pompe supplémentaire si vous prévoyez effectuer de plus longs trajets.

Ceux qui possèdent un bateau équipé d’un moteur interne devraient vérifier chaque année tous les tuyaux et serrer les brides en C, en plus d’examiner régulièrement les courroies d’entraînement (vérifiez s’il y a des dépôts de poussière noire sous celles-ci, car il s’agit d’un signe d’usure). Assurez-vous que les dalots (canalisations) ne sont pas obstrués et que le presse-étoupe de l’arbre d’hélice a un taux standard d’égouttement, soit environ une goutte toutes les 30 à 60 secondes. Vérifiez les câbles le long de la colonne de direction de même que le liquide de refroidissement. Les pompes de cale devraient être changées toutes les 200 heures ou aux deux ans. Comme nous l’avons dit précédemment, il est très important de faire la mise au point régulière du moteur et de vérifier le bon fonctionnement des pompes de cale chaque mois.

L’équipement du bateau

VHF 300 AIS de Garmin

VHF 300 AIS de Garmin

La prochaine étape consiste à vous assurer que votre bateau possède tout ce qu’il faut pour faire face à une situation fortuite de mauvais temps. En premier lieu, il faut prévoir une quantité suffisante de carburant dans le réservoir du bateau, soit un ratio supplémentaire de sécurité d’environ 25 %. Le fait de naviguer dans les vagues fera en sorte que le moteur consommera beaucoup plus de carburant. De plus, vous devrez possiblement dévier de votre trajet initial pour vous rendre à votre destination. Ceux qui possèdent un gros croiseur équipé d’un moteur sterndrive devraient également calculer leur réserve de carburant en termes de milles marins. Pour ce faire, il serait utile de visiter le site Web du fabricant de votre moteur pour ce qui est du ratio en litres ou en gallons par heure selon divers niveaux de révolution du moteur.

N’oubliez pas qu’une radio VHF s’avère beaucoup plus sécuritaire qu’un cellulaire. De plus, son coût d’acquisition étant maintenant plus accessible, il n’y a vraiment aucune excuse pour ne pas en avoir une à bord. En raison des distances plus grandes que l’on parcourt généralement avec un gros croiseur, il serait même important d’avoir une radio VHF câblée à une antenne.

Selon le type de bateau que vous possédez, voici l’équipement que vous devriez avoir à bord :

Bateaux équipés d’un moteur hors-bord ou semi-hors-bord

Équipements à bord

  • Cartes marines papier (l’idéal serait une cartographie électronique)
  • Boussole; maintenir sa direction est souvent difficile
  • Gilets de sauvetage
  • Fusées éclairantes (si vous prévoyez naviguer au large)
  • Avirons
  • Sirène de brouillard
  • Pièces de rechange : bougies d’allumage, corde de démarrage manuel

Bateaux de croisière équipés d’un moteur sterndrive

  • Cartes marines papier et électroniques
  • Sondeur de profondeur; utile pour vérifier la validité des données provenant des cartes papier afin d’éviter les hauts-fonds, etc.
  • Filtres à essence de rechange (même si les moteurs sont équipés de préfiltres doubles); des sédiments qui se trouvent au fond du réservoir pourraient se libérer lorsque le bateau navigue dans des eaux agitées et obstruer les filtres
  • Gilets de sauvetage (ayez à bord des combinaisons de survie si vous naviguez tôt au printemps ou à la fin de l’automne)
  • Pièces de rechange : courroies, pompes, filtres à carburant secondaires

Naviguer par mauvais temps L’action des vagues

Par gros temps, ce sont généralement les vagues qui posent problème. Plusieurs facteurs entrent en considération et il est important de les connaître. D’abord, plus les vents soufflent fort, plus les vagues sont hautes. Seul un changement de direction des vents permettra de les « écraser ». La rapidité avec laquelle cela se produit dépend beaucoup de la vélocité des vents et de leur durée. La vélocité des vents implique la distance qu’ils couvrent. Donc, si vous vous trouvez à l’extrémité de cette distance, les vagues seront beaucoup plus hautes. Si vous vous mettez à l’abri derrière une île, les vents tomberont à 25 nœuds et vous aurez des vagues moins hautes (en dehors de cette zone, vous pourriez avoir des vagues de quatre pieds). En conclusion, plus les vents couvrent de distance à une vitesse donnée, plus les vagues seront hautes.

Il y a un autre point important à considérer : le temps qui s’écoule entre deux crêtes de vagues. Si la période est courte, les vagues seront plus rapprochées. Ces types de vagues rendent la navigation plus difficile, car elles sont plus raides. Cela signifie que vous bénéficiez de moins de temps pour réagir à l’action répétée des vagues. Dans le cas de lacs peu profonds, les vagues auront tendance à se briser.

La préparation du trajet

Il est d’une importance capitale de bien comprendre la dynamique des vents qui soufflent dans le secteur où vous comptez naviguer, car cela vous permettra d’éviter d’être surpris par le mauvais temps. Cependant, il ne faut pas oublier d’avoir la bonne habitude de toujours vérifier les conditions météorologiques avant de partir. Si votre bateau est équipé d’une radio VHF, vous devriez consulter le canal météo. Cela vous permettra de connaître les avertissements d’orages violents qui pourraient vous affecter dans un secteur donné de même qu’un aperçu de la hauteur des vagues.

Si, malgré tout, vous décidez de partir dans des conditions de mauvais temps ou qu’un orage survient brusquement, vous vous devez alors de tenir compte d’une certaine préparation.

Naviguer par mauvais temps L’une des premières choses à faire si vous possédez un bateau à pont ouvert est de vous assurer que tout l’équipement à bord soit rangé ou bien attaché. Les cannes à pêche et les avirons pourraient voler autour de vous alors que vous tentez de maîtriser le bateau dans les vagues. Assurez-vous également de bien sécuriser les défenses. Si vous ne l’avez pas déjà fait lors de votre départ, veillez à ce que le poids des objets et des personnes à bord du bateau soit bien réparti. En fait, vous devriez toujours le faire, peu importe les conditions de navigation, mais cela est crucial dans des eaux agitées. Assurez-vous que chacun ait enfilé son gilet de sauvetage et déposez votre cellulaire dans un récipient ou un sac imperméable. Dans une telle éventualité, il est également important de porter de bonnes chaussures de type bateau. Celles-ci sont pourvues d’une semelle qui assure une meilleure adhérence quand on a à se déplacer sur le pont.

Pour ce qui est des croiseurs, la planification est quelque peu différente. Tout ce qui se trouve sous le pont devrait être sécurisé dans la mesure du possible (particulièrement les téléviseurs). Habituellement, les réfrigérateurs et les armoires sont équipés de verrous spéciaux – dans le cas contraire, faites-en l’installation. Pour ma part, j’ai placé du tissu de vinyle entre chaque plat de porcelaine. Même si cela exige un peu de patience, ça pourrait vous éviter de les retrouver en mille miettes et d’avoir à tout nettoyer. Chose d’une importance capitale : assurez-vous hors de tout doute que l’ancre soit bien attachée ou sécurisée à l’aide d’un verrou.

Même si cela peut vous sembler sans importance dans un tel contexte de préparation, il serait toujours bon d’avoir du Gravol à bord. Que ce soit vos invités, votre équipage ou vous-même comme capitaine, tout le monde risque d’avoir le mal de mer et il vaut mieux avoir quelque chose pour le combattre. À moins de nécessité absolue, il faut éviter d’aller sous le pont lors d’une tempête : il sera beaucoup plus utile de surveiller ce qui se passe à l’horizon.

Toute cette préparation ne veut pas dire qu’un désastre imminent vous menace! N’ayez crainte! Évidemment, pour les non-initiés, cela peut sembler effrayant de se retrouver dans une telle situation. L’idéal est de vivre graduellement l’expérience et de gagner de la confiance en soi. Avec notre premier bateau, nous avons dû composer avec des vagues de 6 pieds sur une distance de 25 milles. Quand nous sommes arrivés à terre, je me suis hâté d’attacher le bateau au quai et passé près d’une demi-heure étendu sur le gazon : j’étais vraiment heureux d’avoir passé à travers cette épreuve! Plus tard, lors d’une autre croisière, les vagues de six pieds m’ont paru beaucoup moins intimidantes!

Dans notre prochain article d’une série de deux, il sera question des bateaux haute performance et de la façon de les manœuvrer par gros temps.

Par Brian Minton

* Ce texte sera publié dans le magazine Été 2013 de Québec Yachting.