Québec Yachting

Bénéteau 38 Gran Turismo – Pour plaire aux dames…


Bénéteau 38 Gran Turismo

Au premier coup d’œil, de loin, le GT 38 évoquerait le marsouin. De près, ce serait plutôt l’orque. Un rien d’agressivité dans la ligne, un voile de puissance contenue, des courbes félines arquées vers l’étrave donnent à ce Bénéteau un air ambigu assez sexy. La pub maison n’hésite d’ailleurs pas à souligner que « le 38 a tout pour séduire votre femme ».

Au moins, c’est clair. Ça l’est tout autant une fois lancés les deux moteurs diesels Volvo de 300 ch. La carène s’ébroue dans une fulgurance impressionnante, le système air-step limitant le cabrage à moins de 9 secondes et propulsant dans le même temps le bel engin à 20 nœuds. Il a fallu seulement cinq secondes pour passer de 0 à 10 nœuds et guère plus de 8,5 secondes pour sentir la coque déjauger.

La destination sportive du GT 38 se dévoile sans ambages. Pour atteindre la vitesse de 30 nœuds, on attendra 15,4 secondes, un peu plus pour parvenir à la vitesse de pointe maximale, soit 34,4 nœuds à 3500 tr/min, la mer étant plate et le vent nul. Une jolie performance qui réclame environ 113 litres/heure et souligne la pertinence du choix diesel. En évolution serrée, le 38 vire très correctement, sans gîte excessive, sauf peut-être à la vitesse maximale. Mais en descendant le régime de 500 tours, on parvient à un bel équilibre, le temps d’exécuter la courbe. La direction électrique (en option) offre la réactivité nécessaire. Le choix de placer la timonerie au centre laisse enfin le pilote libre d’apprécier les angles de barre. Choix qui autorise aussi un surcroît d’espace accordé à la cabine arrière.

Des lignes d’opéra

Pendant que l’homme de barre s’amuse avec sa monture, les passagers peuvent jouir d’une plage avant agencée en bain de soleil de dimensions confortables (180 x 150) avec deux matelas, tout ce qu’il y a de dodu pour savourer les ardeurs du soleil. On leur demandera de se bouger un peu pour accéder à la baille à mouillage équipée d’un guindeau électrique de série abrité sous une trappe près de laquelle le trou à chaîne se laisse voir, peut-être un peu exigu en cas d’urgence. Sans doute le seul point faible de tout le bateau. Le passage autour du roof, dont les lignes semblent empruntées à l’opéra de Sydney, se fait par des passavants de 23 cm de large, protégés de l’avant à l’arrière par des lisses en inox de bonne hauteur. On se glisse vers la plage arrière en prenant appui sur les hiloires de la timonerie et on accède à la plateforme de poupe pour découvrir un espace dédié à la contemplation.

Plus à l’aise avec cette coque rallongée qu’avec le GT 34, l’architecte a utilisé le surcroît d’espace pour organiser la vie de huit personnes autour d’un « sun area » (300 x 80 cm) disposant d’une échelle de bain escamotable, heureusement pourvue d’une douchette de pont avec mitigeur. Le préposé aux agapes trouvera un espace cuisine d’appoint avec un évier assujetti au robinet escamotable, d’un gril et d’un réfrigérateur dont les 42 litres sont bien suffisants pour accueillir ses préparations.

Le plancher amovible supporte une table généreuse (130 x 90 cm) au-dessus de la cale moteur. Une méridienne de deux mètres de longueur suggère de longues stations mélancoliques devant le sillage et la côte qui s’éloigne. Plus insolite, un siège baquet réglable en hauteur offre au pilote la place d’accueillir un voisin pour partager les impressions de navigation. Judicieuse initiative : on ne pense jamais assez à la solitude du timonier sur un bateau à moteur, rarement épaulé par un pilote automatique. L’homme de barre dispose quand même d’une jolie banquette presque double (80 cm), relevable elle aussi, ce qui permet, une fois l’immense hard top coulissant effacé (200 x 145 cm, avec commande électrique proche de la main), d’approcher la tête des nuages et de sentir le fouet de la brise à pleine vitesse.  Détail d’importance : le cale-pied en inox ajoute une discrète attention au soin qu’on prend du timonier. Face à lui, sur deux niveaux, le tableau de bord, assez typé automobile, affiche toutes les données de navigation.

Le carré, cerné de lumière, abrité par un pare-brise sans montant central (étrangeté encore en vigueur sur d’autres unités collector…) laisse circuler l’équipage sous 1,92 m de hauteur sous barrots. Le salon, côté bâbord, est façonné en « L », composé d’une banquette et de sa table (108 x 62). L’ensemble se transforme en lit double d’appoint si le besoin se fait sentir d’héberger un hôte imprévu ou deux enfants sortis du chapeau. La somptueuse cuisine encourage les exploits culinaires par l’intelligence de sa disposition. Le tout est ceinturé d’équipements et de placards en hauteur parfaitement adaptés, mais inévitablement dotés de ces boutons fermoirs probablement très jolis sous l’œil des designers à la mode mais dont on ne sait jamais s’ils sont en position fermée ou prêts à répandre leur contenu à la première vaguelette. Contrariété qui s’oublie en accédant à la cabine propriétaire, fastueusement occupée par le lit double (200 x 140, comme à la maison). Une vraie penderie acoquinée avec quatre judicieux tiroirs sous le sommier inspire la gratitude. L’ensemble ondule dans la lumière jaillissant des hublots ronds en sabords et du panneau de pont. Le côté guest cabin, à l’arrière, est encore plus généreux : lit double (expansion à 200 x 170), double penderie et surtout salle d’eau dotée d’une douche qui n’usurpe pas son nom, flanquée d’un rideau de séparation judicieux.

On sort de cette vedette avec le sentiment de quitter un objet de plaisir très abouti, aux lignes flatteuses, à la puissance excitante. Bref,  tout pour étoffer l’argument d’une publicité bien servie et « séduire votre femme ». Comme ils disent…

Fiche technique
Constructeur : Bénéteau
Catégorie : Croiseur express
Longueur hors tout : 12,10 m / 39 pi 8 po
Longueur de la coque : 11,31 m / 37 pi 1 po
Largeur maître bau : 3,77 m / 12 pi 4 po
Déplacement lège : 7470 kg / 16 464 lb
Motorisation : 2 x 300 ch diesels Volvo
Réservoir d’essence : 650 litres / 172 gal US
Autonomie à plein régime : 5,5 heures
En vitesse croisière : environ 30 heures
Capacité eau : 200 litres / 53 US gal
Couchages : 6
Consommation en vitesse de croisière : 21 litres / 5,55 gal US à 8,3 noeuds et 1500 tr/min
Consommation vitesse maxi : 112,7 litres/h ou 29,77 gal US/h
Accélération 0 à 20 nœuds : 8 secondes.
Prix : Voir le concessionnaire

Par Thierry d’Entrayigues

* Essai provenant de la parution Essais 2013 du magazine Québec Yachting.