Québec Yachting

Bénéteau Gran Turismo 44

L’art de vivre à l’italienne

Pour avoir de l’allure, il en a ce joli gosse de la mer! Des airs de gentil voyou aussi, avec sa dégaine de forceur de blocus. Des trois derniers-nés de la flotte « Express Cruiser » Bénéteau, le Gran Turismo 44 est sans doute celui qui cache le mieux son jeu. Mais pas ses muscles. Capable de planer en moins de 6 secondes, les deux moteurs 6D Volvo de 370 ch lancés à fond, il est encore celui qui atteint la vitesse critique de 30 nœuds en 14 secondes tout rond. Impressionnant.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul atout de cette carène dotée des dernières perfections apportées au système « Air Step » développé par le chantier français. Sur le principe physique désormais éprouvé du coussin créé sous la coque, les flux d’air sont captés par deux ouvertures situées de chaque côté du roof, puis canalisés vers la quille qui les redistribue de chaque côté d’une flèche moulée dans le tiers arrière de la carène. Le tout décolle les 11 tonnes (22 000 lb) de l’engin au-dessus de la ventouse liquide et lui assure un confort remarquable à la mer, même sur des surfaces un peu formées.

Avec sa silhouette féline d’animal en train de bondir, le Gran Turismo 44 surprend aussi par ses facilités d’évolution : en route, avec un rayon de braquage qui ne doit pas dépasser quatre fois sa longueur, ou au port, pratiquement capable de pivoter sur son centre à l’aide de ses propulseurs sterndrive. Même pas besoin d’un chausse-pied pour le faire rentrer dans un trou de souris au fond d’un port aux places chichement mesurées…

Le Gran Turismo 44 bénéficie d’innovations technologiques associées à des performances annoncées d’économie de carburant qui laissent néanmoins perplexe. Le constructeur affiche une consommation de 13,5 gallons/heure (51 litres) alors qu’à la même vitesse, le Bénéteau 38 consomme environ 21,3 gallons (80,68 litres) avec un moteur moins puissant. Toujours inscrit au registre des performances, le 44 annonce une vitesse de 33 nœuds à 3450 tr/min pour une consommation de 19,5 gallons (75,5 litres). À ce régime, l’autonomie des 211,2 gallons (800 litres) de carburant sur une mer normalement formée peut atteindre 315 milles nautiques. Un pilotage moins agressif à 3000 tr/min et 27 nœuds porte l’autonomie à environ 384 milles nautiques. De quoi voir venir.

Un puits de lumière généreux

On fera plus attention à la fréquentation des douches. Le carburant prenant beaucoup de place, le réservoir d’eau est deux fois moins important et les 105,6 gallons (400 litres) sont vite dépensés par les adeptes de la chansonnette nonchalante sous le jet continu et on a vite fait de se trouver à sec en deux coups de Traviata.

Avant d’emprunter le large escalier qui mène aux deux cabines, un coup d’œil au poste de barre permet de s’assurer du confort réservé au pilote. La vue s’ouvre sur un horizon très large et le seul inconvénient qu’un esprit chagrin peut trouver à la situation est peut-être la barre du pare-brise placée à la hauteur de l’œil, ce qui peut gêner certains dont la taille ne s’accommoderait pas au siège. En revanche, les instruments de navigation sont intelligemment disposés, près de l’inverseur et de la commande de gaz. Le joystick utilisé pour les manœuvres de port est à main droite, non loin des coupe-circuits.

Le carré est parfaitement adapté aux réceptions, doté d’un puits de lumière généreux et de grands hublots ceinturant l’espace mais ouvrant sur le spectacle de l’escale sans obstacle. Les vitrages sont ouvrants et laissent la brise circuler à l’intérieur.

Comme un centre de thalasso

En descendant vers les cabines, on passe par une vaste cuisine entièrement équipée qui ne déparerait pas un honnête restaurant de plage. Dotée d’un réfrigérateur-congélateur de 57,55 gallons (218 litres), d’un four à micro-ondes et de plaques de cuisson vitrocéramiques, elle dispose également d’un mini salon-bar très étonnant sur un bateau de cette taille. La cabine propriétaire surprend également par ses dimensions et ses boiseries trop claires à mon goût mais de belle facture. Le lit, assez haut, laisse l’œil s’égarer vers la mer et un reposoir comme tout droit sorti d’un centre de thalassothérapie flanque le côté tribord, éclairé par un hublot panoramique impressionnant. La salle de bains dispose d’un volume assez important pour donner au designer le loisir de la traiter avec élégance stylée plutôt qu’avec une ingéniosité parcimonieuse. La douche indépendante peut accueillir un équipier de taille nordique et on retrouve les mêmes bonheurs d’agencements intérieurs dans la cabine VIP, de l’autre côté. Lieux de détente et de repos, on devine ces espaces intérieurs surtout destinés à accompagner les plaisirs du bain à l’escale. C’est là que va se trouver concentrée la vie à bord avec une double banquette à l’arrière, près de la plage de bain d’un bon mètre de longueur. La surprise vient de l’immense coffre-garage qui s’ouvre par des vérins sous la jupe où il est possible de loger une annexe de 2,4 m de longueur avec son moteur à poste. Le compartiment machine se découvre en soulevant un dernier panneau révélant toutes les parties du moteur et singulièrement les pièces amovibles, filtres et jauges.

Le Gran Turismo 44 est un magnifique jouet de luxe qui inspire l’art de vivre à l’italienne et donne le décor idéal à l’expression « dolce vita ».

FICHE TECHNIQUE

Longueur hors tout : 44 pi 2 po / 13,45 m
Longueur de coque : 43 pi 2 po / 13,15 m
Largeur : 13 pi / 3,96 m
Déplacement lège : 22 430 lb / 10 177 kg
Réservoir d’essence : 2 x 106 gal US / 2 x 400 litres
Réservoir d’eau : 2 x 53 gal US / 2 x 200 litres
Motorisation : 2 x 370 ch

Par Thierry Montoriol

* Essai provenant de la parution Essais 2014 du magazine Québec Yachting.