Québec Yachting

La famille Lachance de Montmagny – Passionnée de nautisme en toute saison

Crédit photo : Louis Chamberland.

Crédit photo : Louis Chamberland.

Depuis plusieurs générations, la famille Lachance de Montmagny vit une histoire fabuleuse et intense avec le fleuve Saint-Laurent. Rencontrés l’hiver dernier alors qu’ils se préparaient fébrilement pour les courses de canot sur glace auxquelles ils participent activement, Jean-François et Dominique Lachance nous ont entretenus de leur amour du fleuve et de l’archipel de l’Isle-aux-Grues, berceau de leur famille.

De 1826 à aujourd’hui, ce sont cinq générations de Lachance qui ont habité l’île au Canot. Ainsi, après son départ de l’île d’Orléans où il est cultivateur, l’aïeul Michel-Olivier Pépin, dit Lachance, fut le premier de la lignée à détenir cette île de l’archipel de l’Isle-aux-Grues. Lui succédèrent Gabriel, puis Liguori, Joseph Liguori et enfin Jos. Grâce à la rencontre de Jos Lachance et de Mlle Pruneau, résidente de l’île Sainte-Marguerite, une île de l’archipel, l’histoire contemporaine de la famille Lachance commença à s’écrire.

En 1920, Jos et sa nombreuse famille de 14 enfants quittent alors l’île au Canot pour venir habiter à Montmagny. Il devient constructeur de bateaux, notamment des chalutiers de pêche pour la Gaspésie, et ce, jusqu’en 1980, au moment où la pêche décline à cause de l’utilisation excessive de la ressource. Jos, âgé actuellement de 93 ans, n’a jamais cessé de chasser et de pêcher dans l’archipel, un des plus grands du Saint-Laurent, qui compte 21 îles. Très sauvages et difficiles d’accès en raison des marées de 20 pieds qu’y s’y forment, ces îles n’ont plus de secrets pour cet homme aguerri aux préceptes de la nature. C’est ainsi que la vocation de François, le fils de Jos et le père de Jean-François, se dessine. Il devient chercheur et se déplace dans tout le Québec pour faire de la recherche sur la faune marine. À cette époque, l’attrait pour la nature se popularise et il démarre ainsi une entreprise d’excursions pour l’observation des baleines dans Charlevoix, à Tadoussac. De 1981 à 1989, cette activité l’occupe principalement.

Au début des années 90, c’est le retour à Montmagny et le début des Croisières Lachance dans l’archipel de l’Isle-aux-Grues, le tout ponctué de chasse et pêche à la pourvoirie de l’île au Canot. Le succès des croisières est retentissant : les touristes apprécient énormément ces agréables sorties, notamment à Grosse-Île, devenue un lieu historique national.

Ce sont donc cinq générations de Lachance qui vivent ou ont vécu du fleuve, que ce soit de la chasse, la pêche ou encore les excursions touristiques.

Dominique et Jean-François Lachance.

Dominique et Jean-François Lachance.

Course en canot et construction de bateaux

Les Lachance ont plusieurs cordes à leur arc et ils savent bien les utiliser. Durant l’hiver, la course en canot sur glace les occupe, surtout Dominique qui est skipper de l’équipe représentant les Croisières Lachance. Ces courses, seulement pratiquées au Québec, sont considérées comme un sport extrême. Elles demandent de l’endurance et de l’habileté. En plus de celle qui a lieu depuis quelques années à Montréal, Sorel-Tracy s’est rajoutée en 2015 aux nombreuses villes participantes. Elles deviennent de plus en plus populaires au fil des ans. Lorsque nous avons rencontré Dominique, il travaillait à affiner son canot dans l’atelier de Montmagny en se préparant fébrilement pour la course de Québec, à l’occasion du carnaval. Ces courses de différents niveaux de participants nécessitent une bonne préparation physique et de l’endurance, le poids du canot étant d’environ 600 à 700 livres. Des commanditaires sont aussi requis, car le coût d’un canot de 28 pieds se chiffre à 14 000 $, plus les rames, soit 20 000 $ au total.

Ne voulant pas abandonner la tradition de constructeur de bateaux, les Lachance fabriquent l’Uma 17, un bateau utilisé par les services de pompiers de plusieurs villes au Québec pour les opérations de sauvetage sur le fleuve. Très apprécié pour ses qualités de construction, il est en demande constante.

De génération en génération, le mot d’ordre est le respect de la nature. Comme l’explique Jean-François, il n’y a jamais eu d’accident et la raison en est simple : la témérité n’a pas sa place. Ainsi, la bonne réputation de la famille Lachance dans le domaine maritime se poursuit au fil des ans. Cette famille unie dans son amour de la nature et du fleuve est un exemple à suivre et une richesse humaine qui diffuse la beauté environnementale du Québec.

L'UMA 17.

L’UMA 17.

Les Croisières Lachance

Les croisières dans l’archipel de l’Isle-aux-Grues permettent depuis des années à de nombreux touristes de visiter durant la belle saison ce lieu magnifique, tant pour son histoire que pour sa faune. En effet, à Grosse-Île, propriété du gouvernement canadien, on retrace l’histoire des immigrants irlandais mis en quarantaine avant leur entrée au pays. L’île aux Grues est la seule île de l’archipel à être habitée à l’année. Les plus grands marais sauvages du nord-est de l’Amérique du Nord relient l’île aux Grues à l’île aux Oies. On y observe les oiseaux et on peut pratiquer la chasse à la sauvagine en pourvoirie. Aussi à voir : un musée d’art qui retrace l’histoire de l’archipel, évoquant le peintre Jean-Paul Riopelle, la fromagerie et les canots à glace.

Montmagny, surnommée la capitale de l’oie blanche, située au bord du fleuve face à l’archipel, est un lieu intéressant et sympathique offrant tous les services d’une grande ville. Avec son centre-ville de style européen, ses 360 ans d’histoire mis en valeur par deux centres d’interprétation et différents circuits patrimoniaux, cette région est un pilier du tourisme au Québec. Lors de notre séjour, nous étions logés à l’hôtel L’Oiselière, très confortable et offrant une table délicieuse.

Pour plus d’information : www.croisiereslachance.com et www.chaudiereappalaches.com.

Par Monique Reeves

*Reportage publié dans la parution Été 2015 de Québec Yachting.