Québec Yachting

Pour une navigation sécuritaire

Pour une navigation securitaire

Exemple de végétation qui peut s’accumuler sous la coque d’un navire. L’échosondeur traversera difficilement cet obstacle pour indiquer la profondeur.

La navigation offre ses heures de plaisir, mais aussi ses heures de tracas si votre bateau et vos instruments ne sont pas en bonne condition de marche ou que vous vous êtes mal préparé à naviguer sur un plan d’eau (lac, rivière ou mer). Je ferai un survol de points à considérer pour garder votre embarcation dans les meilleures conditions opérationnelles et vous garder à l’affût des obstacles à éviter pour une navigation sécuritaire.

L’automne est la période pour sortir de l’eau votre embarcation avant la prise des glaces. C’est aussi la période pour une bonne inspection de la coque et des instruments immergés à la surface de celle-ci. Un transducteur d’échosondeur ayant des saletés devrait être nettoyé le plus rapidement possible afin de ralentir sa détérioration. Il s’agit du seul instrument qui vous informe sur la marge sécuritaire d’eau entre votre bateau et le fond. Une carte marine donne la profondeur d’eau au zéro des cartes, mais toutes les cartes marines n’ont pas encore des couvertures totales. Vous naviguez peut-être dans une zone où seulement un pourcentage du fond a été sondé; pour le savoir, lisez le diagramme des sources dans le titre de la carte. Malgré cela, le fond n’est pas immuable. Il varie au gré des coups d’eau, des courants et des sédiments transportés. Votre échosondeur étant votre meilleur ami, il faut l’entretenir et garder le transducteur propre, car les algues et les saletés peuvent contribuer à indiquer de mauvaises profondeurs.

Habituellement, nous aimons tous nous rendre à notre destination finale le plus rapidement et le plus facilement. Lorsqu’on navigue à moteur sur un lac, cela est assez facile de faire une estimation de l’heure d’arrivée si on connaît bien son plan d’eau. On n’est jamais cependant à l’abri d’une hélice qui touche une roche ou un objet flottant entre deux eaux. Les courants n’ont pas toujours la même intensité ni la même direction sur une rivière ou sur le fleuve. On assiste même à des renverses de courants en aval de Batiscan à la faveur de la marée. Il y a aussi des endroits où il est préférable de retarder son départ pour arriver plus tôt à destination. Cela peut sembler contradictoire, mais on peut reculer dans le rapide Richelieu, sous le pont de Québec ou dans la Traverse Saint-Roch lorsqu’on navigue à voile. Avez-vous consulté votre table des marées et votre atlas des courants? On dépense parfois une quantité phénoménale d’énergie inutilement, mais nous en restera-t-il assez pour éviter le pire advenant une situation d’urgence?

Les hauts-fonds constitués de sédiments meubles peuvent se déplacer rapidement; on parle parfois sur une base hebdomadaire. Cela est vrai pour les régions qui subissent des dragages d’entretien comme dans la voie maritime du Saint-Laurent. Les fonds meubles peuvent aussi être perturbés par une tempête, comme aux Îles de la Madeleine; les creux et les crêtes des dunes sous-marines peuvent s’intervertir. Le chemin qui était bon hier ne le sera peut-être plus aujourd’hui ou demain : gardez un œil sur votre échosondeur! La carte marine n’est pas suffisante dans ces situations.

Nous tendons de plus en plus vers une ère de communications sans fil. Les obstacles aériens ne se multiplient plus aussi rapidement qu’auparavant, mais ils restent encore une source importante de danger pour les navigateurs et leurs passagers. Il peut y avoir un risque d’électrocution, d’explosion ou de personnes tombant à l’eau parce que l’embarcation est retenue et gîte brusquement. Il faut être vigilant, surtout la nuit et en période de brouillard. La carte marine (papier ou électronique) devient votre amie et doit être consultée lorsqu’on fait le point. Gardez toujours vos cartes marines à jour parce que des obstacles aériens peuvent s’ajouter, s’enlever ou changer en hauteur à longueur d’année.

L’électronique comporte aussi ses dangers. Deux appareils travaillant dans la même gamme de fréquences peuvent se nuire mutuellement. On aura parfois une bonne information, parfois non. Le problème, c’est d’être capable de discerner rapidement quand l’appareil donne la bonne information. Il vous est sûrement arrivé aussi d’être incapable de lire ce qui était écrit sur un écran parce que son rétro-éclairage était insuffisant au soleil ou qu’il avait rendu l’âme.

J’arrêterai ici mon énumération des facteurs parce que j’en oublierais et je crois avoir donné plusieurs pistes à considérer pour que votre prochaine saison de navigation soit agréable et sécuritaire. J’ajouterai seulement qu’un rafraîchissement des notions de base en navigation est toujours utile. Une bonne discussion avec des amis et des experts est aussi de mise pour nous garder éveillés sur des points qu’on a mis en oubli. Si vous êtes comme moi, on a tendance à déroger des règles de l’art avec le temps et cela se traduit par une diminution de la sécurité. Sur l’eau et partout ailleurs, la sécurité doit toujours faire partie de nos préoccupations.

Bernard Labrecque
Président
Association canadienne d’hydrographie
Section du Québec
bernard.labrecque@globetrotter.net

*Cet article a été publié dans le magazine Hiver 2016 de Québec Yachting.

Philippe Lavoie a été inspiré par cette nouvelle, voici donc le dessin humoristique du mois d’avril 2016!  Pour regarder nos archives, visitez le www.quebecyachting.ca/medias/humour-sur-lactualite-nautique/.

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