Québec Yachting

Sensibilisation des plaisanciers à la présence des carpes asiatiques au Québec

Carpe de roseau. Crédit photo : Vladimir Wrangel, Shutterstock.

Le Comité ZIP Jacques-Cartier a organisé deux ateliers de sensibilisation sur les carpes asiatiques, le 25 et le 26 septembre 2017, dans le cadre du Programme québécois de lutte contre les carpes asiatiques mis sur pied par le Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP). Les participants, notamment des amateurs de sports nautiques non motorisés et des plaisanciers, ont pu discuter et échanger avec Ariane Marchand, biologiste et chargée de projet pour le Comité ZIP Jacques-Cartier, sur l’arrivée confirmée de la carpe de roseau dans le fleuve Saint-Laurent.

« Nous sommes très enthousiastes de la réponse des participants et de leur vif intérêt à s’impliquer dans un réseau de surveillance. Déjà présents sur le terrain, ces citoyens se sentent concernés par la problématique des carpes asiatiques et ont un rôle à jouer afin de freiner la progression de ces espèces. »

Les carpes asiatiques peuvent atteindre à l’âge adulte jusqu’à 1,4 mètre de longueur et peser près de 40 kilos (88 livres), consommer 40 % de leur poids en nourriture chaque jour, leur vitesse de croissance est élevée et leur taux de reproduction est phénoménal puisqu’une femelle peut pondre jusqu’à 2 millions d’œufs au cours de sa vie.

Il existe quatre espèces de carpes asiatiques. Voici les caractéristiques pour les distinguer des autres poissons.

La carpe de roseau

Autres noms communs : Amour blanc
Nom scientifique : Ctenopharyngodon idella
Nom commun anglais : Grass carp

Forme du corps : Corps fusiforme et légèrement comprimé latéralement.

Taille moyenne : 50 à 90 cm. Peut atteindre 1,3 m et peser près de 50 kg.

Coloration : Dos brun olive; flanc avec reflets or et ventre blanc.

Traits externes et caractéristiques : Tête courte; œil au niveau de la bouche; très gros pédoncule caudal; queue fourchue; grosses écailles délimitées de noir et d’apparence hachurée; ligne latérale légèrement décurrente; bouche sans barbillon; base de la nageoire dorsale courte.

Comment différencier la carpe de roseau de la carpe commune : Contrairement à la bouche de la carpe commune, celle de la carpe de roseau est sans barbillon et la base de sa nageoire dorsale est plus courte.

Habitat : Herbiers de lacs, rivières et étangs. Tolère une grande gamme de températures et de faibles concentrations d’oxygène. Chenal et zone plus profonde durant l’hiver.

Alimentation : Les jeunes stades se nourrissent principalement de plancton, puis presque exclusivement de plantes aquatiques.

Reproduction : Mature vers l’âge de 3 ans. Reproduction dans la colonne d’eau (zone pélagique). Il peut y avoir plus d’un épisode de reproduction par année, généralement quand l’eau se réchauffe au début de l’été.

La carpe argentée

Nom scientifique : Hypophthalmichthys molitrix
Nom commun anglais : Silver carp

Forme du corps : Corps trapu et comprimé latéralement.

Taille moyenne : 40 à 70 cm. Peut atteindre 1,2 m et peser près de 40 kg.

Coloration : Corps argenté, dos et tête d’olive à noire.

Traits externes et caractéristiques : Œil sous la ligne centrale du corps et plus bas que la position de sa bouche; petite bouche, queue fourchue; petites écailles; ligne latérale largement décurrente; bouche sans barbillon; nageoire dorsale courte.

Habitat : Zone pélagique, chenal. Nage généralement près de la surface de l’eau et tolère de faibles niveaux d’oxygène.

Alimentation : Phytoplancton et zooplancton.

Reproduction : Mature vers l’âge de 3-4 ans. Reproduction dans la colonne d’eau (zone pélagique) à la suite d’une montée du niveau d’eau.

Autre caractéristique : Peut bondir hors de l’eau lorsqu’elle est effarouchée.

La carpe à grosse tête

Nom scientifique : Hypophthalmichthys nobilis
Nom commun anglais : Bighead carp

Forme du corps : Corps trapu et comprimé latéralement.

Taille moyenne : 40 à 70 cm. Peut atteindre 1,4 m et peser près de 40 kg.

Coloration : Corps gris parsemé de taches irrégulières vert foncé.

Traits externes et caractéristiques : Œil sous la ligne centrale du corps et plus bas que la position de sa bouche; grande bouche terminale orientée vers le haut et disproportionnée par rapport à la taille de sa tête; queue fourchue; petites écailles; ligne latérale incurvée du dessus de la tête à la queue; bouche sans barbillon; nageoire dorsale courte.

Différences entre la carpe à grosse tête et la carpe argentée : La tête et les écailles de la carpe à grosse tête sont plus grosses que celles de la carpe argentée. Celle-ci a une carène dure et pointue entre les nageoires pelviennes et l’anus (partie ventrale du poisson, analogue à la ligne de jonction sur la coque d’un bateau) alors que la carpe à grosse tête a une carène qui est souple et plate.

Habitat : Zone pélagique, chenal. Nage généralement près de la surface de l’eau et tolère de faibles niveaux d’oxygène.

Alimentation : Zooplancton.

Reproduction : Mature vers l’âge de 3-4 ans. Reproduction dans la colonne d’eau (zone pélagique) au printemps à la suite de la montée des eaux.

La carpe noire

Autres noms communs : Amour noir
Nom scientifique : Mylopharyngodon piceus
Nom commun anglais : Black carp

Forme du corps : Corps long et cylindrique.

Taille moyenne : 60 à 120 cm. Peut dépasser 2 m et peser plus de 80 kg.

Coloration : Corps foncé avec reflets or et nageoires gris-noir.

Traits externes et caractéristiques : Œil au niveau de la ligne centrale du corps; queue fourchue; grandes écailles cerclées de noir; bouche sans barbillon; nageoire dorsale courte; branchies qui sont fusionnées et dures.

Habitat : Zone benthique et strates profondes des chenaux.

Alimentation : Moules, escargots, crustacés et autres organismes vivant sur le fond des cours d’eau.

Reproduction : Mature vers l’âge de 3-4 ans. Reproduction dans la colonne d’eau (zone pélagique) au printemps à la suite de la montée des eaux.

Les carpes asiatiques proviennent des grands fleuves d’Asie, du nord du Vietnam à la Russie, et s’adaptent facilement à différents climats et milieux aquatiques. Elles auraient été introduites dans le sud des États-Unis entre 1970 à 1990 lors d’inondations alors que des bassins aquacoles ont débordés, puis elles ont rejoint le bassin du fleuve Mississippi, la rivière Illinois et ses affluents. Depuis 1985, plus de 150 carpes de roseau ont été capturées dans les Grands Lacs. En 2016, Pierre Thériault, un pêcheur commercial, a capturé à Contrecœur, une carpe de Roseau de 29 kilos (64 livres). Le MFFP a confirmé sa présence en 2017 dans le fleuve Saint-Laurent, de Salaberry-de-Valleyfield jusqu’au lac Saint-Pierre, par le biais de tests d’ADN, effectués en 2015 et 2016.

Il est important de ne pas confondre les carpes asiatiques avec d’autres poissons, tels que la carpe commune ou le ouitouche.

La carpe commune

Bien qu’elle ne soit pas indigène, la carpe commune vit en Amérique du Nord depuis plus de 100 ans et n’a pas besoin d’être retirée ou signalée. La carpe commune est un poisson au corps épais dont la couleur varie de l’argent au vert olive. Son dos et ses flancs sont de couleur laiton ou gris. Son ventre est jaunâtre et ses nageoires inférieures sont orange rougeâtre. Les deux caractéristiques qui distinguent la carpe commune de la carpe de roseau sont la présence d’appendices ressemblant à des moustaches appelés barbillons près des coins de sa bouche et une longue nageoire dorsale qui descend jusqu’à la moitié arrière de son corps.

Carpe commune. Crédit photo : Ariane Marchand.

La carpe commune sort souvent de l’eau pendant le frai au printemps et moins fréquemment l’été. Parfois, si elle se nourrit le long du rivage, sa queue peut sortir de l’eau. On peut confondre ces caractéristiques avec celles de la carpe argentée qui « saute », même si elle ne sort pas totalement de l’eau comme la carpe argentée.

Le ouitouche

La ouitouche est généralement d’un vert olive foncé à noir sur son dos, et s’éclaircit vers un blanc argenté sur son ventre. Elle mesure habituellement 17 cm, mais peut atteindre 50 cm. La ouitouche a un museau et une bouche arrondis tandis que la carpe de roseau a un museau pointu. La ouitouche a une nageoire dorsale beaucoup plus longue et ses yeux sont plus en retrait vers les branchies par rapport à la carpe de roseau qui a une nageoire dorsale étroite et les yeux en avant. Bien qu’ils soient parfois dissimulés, la ouitouche a aussi de petits barbillons aux coins de sa bouche, qu’on ne retrouve pas chez la carpe de roseau.

Il est difficile de pêcher une carpe asiatique puisque les appâts ne l’intéressent pas en raison de son mode d’alimentation qui est herbivore ou filtreur. Elle est habituellement pêchée accidentellement dans les filets de pêche commerciaux.

Devrions-nous craindre l’arrivée des carpes asiatiques au Québec?

Effectivement. Les carpes asiatiques pourraient engendrer des répercussions économiques, environnementales et sociétales.

Économie

  • Effondrement de l’offre de pêche.
  • Pertes économiques.
  • Bris de matériels de pêche.

Environnement

  • Destruction des herbiers (alimentation et reproduction des poissons).
  • Perturbation du fonctionnement des écosystèmes aquatiques.
  • Nuis à la qualité de l’eau (engendre la prolifération d’algues et de bactéries rendant l’eau impropre pour la baignade).
  • Disparition des espèces indigènes.

Société

  • Risque de blessures

Comment les carpes asiatiques pourraient se propager au Québec?

  • Par des facteurs naturels comme les connexions naturelles et artificielles entre les cours d’eau.
  • Par des facteurs anthropiques comme l’utilisation des poissons ou d’appâts vivants (leur utilisation est interdite en tout temps, incluant en période hivernale, depuis le 1er avril 2017), le commerce de spécimens vivants, le transport maritime (par le biais de l’eau des ballasts), le relâchement par compassion ou l’alimentation puisqu’elles sont comestibles.

Que devez-vous faire si vous voyez une carpe asiatique?

  • L’identifier.
  • Prendre des images du poisson en entier, vu de profil, et ajouter un repère visuel pour sa taille. Faites des gros plans de sa nageoire dorsale déployée, de ses écailles et de sa bouche, sous trois angles : de profil, de dessus ou de dessous.
  • Prendre des notes (lieu, coordonnées, contexte).
  • Appelez au 1-877-346-6763 pour signaler vos observations. Si le téléphoniste ne peut pas vous répondre, votre appel sera acheminé au SOS Braconnage. Depuis le début de l’année, 40 signalements ont été effectués, mais aucune carpe asiatique n’a été formellement identifiée. Vous pouvez aussi écrire un courriel au services.clientele@mffp.gouv.qc.ca.

Que pouvons-nous faire, collectivement, pour limiter la propagation des carpes asiatiques?

  • Signaler les infractions.
  • Vous avez d’autres idées? N’hésitez pas à contacter le MFFP pour soumettre vos suggestions.

Pour obtenir des informations sur les carpes asiatiques, visitez le carpesasiatiques.gouv.qc.ca et le carpeasiatique.ca.

Par Joani Hotte-Jean