Québec Yachting

La retraite à voile – Où naviguer quand on embarque pour une retraite à flot?

Quel plaisir de naviguer sur des eaux limpides! Crédit photo : Iakov Kalinin, Shutterstock.

Naviguer a toujours pour but une escale. Y a-t-il un grand choix de bons et beaux mouillages quand on navigue vers le Sud? Demeurons-nous toujours, ou souvent, à une marina?

Il est probable que si vous avez imaginé une retraite à bord, il vous tarde d’aller voir un peu de quoi il s’agit avant de tout vendre et de partir. Donc, que ce soit à l’occasion d’une location ou d’une invitation, si vous allez voir ce qu’on trouve plus au Sud, voici un peu les grandes lignes de ce qui se passe sur la mer des Caraïbes.

De décembre à mars, les Grandes Antilles et les îles du nord reçoivent des fronts froids du continent. Cela aura peu d’effet sur la température de la mer qui demeurera toujours d’environ 27 °C au sud des Grandes Antilles et 2 °C de moins sur leur rive nord.

Par contre, il y aura des vents assez décoiffants et qui peuvent venir de directions inhabituelles. Autrement dit, qui n’ont rien à voir avec l’alizé. Ces vents amènent souvent de la pluie. Les plages et les mouillages sont moins agréables quand il vente et qu’il pleut à l’horizontale. Une nouvelle orientation du vent peut nous forcer à changer de mouillage. C’est moins paradisiaque tout ça et que peut-on y faire? Ces conditions météo « hivernales » sont inconnues plus au sud. Depuis la Guadeloupe jusqu’au continent sud-américain, on ne parle jamais de front froid. L’alizé sera plus sportif, mais soufflera toujours de l’est, soit entre le nord-est et le sud-est. Il ne devrait pas pleuvoir souvent.

Donc, si vous planifiez aller naviguer sur la mer des Caraïbes l’hiver prochain, entre décembre et la mi-mars, optez pour le sud des Petites Antilles plutôt que le nord ou les Grandes Antilles. D’avril à juin, c’est beau partout. Du début juin à la fin novembre, c’est officiellement la saison des ouragans. Mais en juin, juillet et novembre, c’est surtout au nord des Caraïbes qu’on risque d’être embêté.

Si vous avez choisi d’aller voir avant de vous embarquer, autant choisir d’aller où vous iriez si vous étiez retraité et naviguiez au moins six mois par an. Généralement, on laisse le bateau assez au sud pour être moins sujet aux ouragans, soit Trinidad, la Grenade, etc. Le Venezuela, en ce moment, n’est pas du tout recommandable. C’était l’un des meilleurs, sinon le meilleur endroit où laisser son bateau. De mémoire, le continent vénézuélien n’a jamais reçu d’ouragan.

L’anse Mitan en Martinique. Crédit photo : Thierry, Shutterstock.

Rapide évaluation du genre de mouillage qu’on trouvera du nord au sud

Les Bahamas sont souvent la première destination qui exige une traversée hors portée de vue de terre. On y trouve une multitude d’excellents mouillages. Ils sont bien protégés de la mer, mais pas du vent. Cet archipel composé de 700 îles est très bas. Le sommet des Bahamas fait 63 mètres… Partout, les îles sont cerclées de sable blanc qui provient des coraux. Ce sable n’est pas très lourd et la tenue n’est pas extraordinaire. Dans le doute, empennelez ou affourchez. Il y a beaucoup de bateaux au mouillage. On y trouve aussi des marinas. C’est joli, mais presque sans variété de paysages. Il faut naviguer de jour et juger la profondeur de l’eau à l’œil, ce qui est assez facile. Dériveurs et catamarans seront plus à l’aise. Donc, il y a une grande quantité de mouillages presque tous semblables. 

En République dominicaine, les plus beaux mouillages sont aussi plutôt à risque de vols ou même d’attaques, ce qui gâte un peu le paysage. On y trouve un très grand et très beau mouillage, Samana, tout à l’est de l’île. C’est presque un lagon. On est entouré de mangroves et bien protégé de la mer. C’est à mon goût le plus beau mouillage de l’île.

À Puerto Rico, ce sont aux îles Vierges espagnoles qu’on trouve les plus beaux mouillages. L’île de Vieques offre un excellent mouillage, mais là aussi on fait attention aux vols.

Les BVI (îles Vierges britanniques) offrent de très bons et très jolis mouillages. Vous n’y serez pas seul. Il y a là énormément de voiliers de location. À un point tel qu’il vous faudra faire la queue si vous voulez manger au restaurant. Et votre voisin de mouillage ne sera pas loin… Oui, c’est très joli, mais trop de gens le savent.

Anguilla, qui est anglaise, offre tranquillité et variété de mouillages. À cinq milles marins au nord se trouvent des cayes, mouillages de jour, où on trouve des fonds intéressants à voir en plongée avec masque et tuba. À Saint-Martin, l’île Tintamarre offre un joli mouillage. Du sable doré partout.

L’archipel des Saintes, juste au sud-ouest de la Guadeloupe, offre plusieurs beaux mouillages. Ils sont bien protégés de la mer et le panorama est différent. Il y a du monde, mais pas comme aux BVI. À terre, on est très gentiment reçu. Le calme et la sérénité résument bien ces mouillages.

La Martinique offre aussi plein de beaux mouillages. Ceux de la côte au vent sont peu fréquentés et assez difficiles d’accès entre les nombreuses cayes et récifs. Évidemment, si ce n’était de ces embûches, il n’y aurait aucune protection contre la houle de l’Atlantique. À la côte, sous le vent et facile d’accès, on trouve un très joli mouillage devant un village de carte postale : Grande Anse d’Arlet. Mais il est très connu et vous ne serez pas seul. L’endroit est touristique mais demeure agréable. La plage est magnifique. Il y a un grand quai où laisser l’annexe, tout plein de restos et bars. À une centaine de mètres du quai, en suivant la route vers le sud, on trouve un dépanneur et il est possible de s’y approvisionner pour un court séjour.

Les Tobago Cays font partie de Saint-Vincent-et-les-Grenadines. On dit keys aux États-Unis, cailles à la Martinique et ce sont des cayos en espagnol. Alors, les Tobago sont des cailles ou cayos. Situées au vent de Mayreau, une des Grenadines de Saint-Vincent, ce petit archipel est protégé de l’Atlantique par deux barrières de corail. Il peut venter, mais la mer ne sera pas féroce. Pour la plongée avec masque et tuba, c’est presque idéal. Les récifs sont très grands et peu profonds. C’est un mouillage très spécial qui mérite une visite.

Il y a un autre mouillage de carte postale au sud de Petit-Saint-Vincent, juste au nord de la Petite Martinique. L’île de Petit-Saint-Vincent appartient à un hôtel. Elle est donc privée, mais on est libre de marcher sur la plage entre les limites indiquées. On peut aussi aller souper à l’hôtel. Allez-y au moins pour l’apéro. C’est du grand luxe et sympa. Vous pouvez aussi aller visiter la Petite Martinique qui est une des Grenadines de Grenade. C’est un endroit bien spécial et fort agréable.

Pour le moment, les endroits suivants sont à éviter, mais ce sont des mouillages de rêve. Ce sont des îles au large du la côte du Venezuela qui vit une situation politique explosive. Alors, vous saurez si jamais ou quand…

La Blanquilla (la blanche à cause de ses rives). Tout entourée de sable blanc, une île bien verte, inhabitée sauf par des pêcheurs qui y viennent pour plusieurs semaines. La Tortuga (la tortue), une île plus grande que celle de La Blanquilla, avec plusieurs mouillages dont un superbe tout à l’ouest : les cayos de Los Tortuguillos. Mais encore plus à couper le souffle, il y a Los Roques. Un archipel d’environ 80 îles inhabitées (c’est un parc marin), chacune entourée de sable blanc. L’île principale, Gran Roque, où se trouvent les autorités et l’aéroport, offre des posadas, genre de motel à l’espagnole, des restos, etc. C’est vraiment magnifique! Oui, il y a du monde, mais il y a tant d’îles qu’on arrive à être seul au mouillage.

Vous recherchez quelque chose de plus sauvage encore? Il y a Las Aves (les oiseaux). Ce sont deux atolls tout de sable et de palétuviers qui abritent des oiseaux. Y sont représentées 1417 espèces, dont 48 sont endémiques.

Il y a tout plein d’autres bons mouillages. Ceux que j’ai mentionnés sont les plus jolis. Un immense mouillage d’où je vous écris cette chronique, le Cul de sac du Marin, au sud de la Martinique sur la côte sous le vent, est assez spécial pour mériter une mention. Il n’est pas laid, mais pas spécialement joli. Il abrite plus de 1500 voiliers, dont 900 à la marina. Il offre une protection presque complète. On zigzague entre les récifs pour entrer, mais c’est bien balisé. On y trouve évidemment de tout. Donc, un mouillage pratique même s’il n’est pas du genre coup de coeur. 

Mouillage ou marina? La majorité des gens préfèrent le mouillage. La marina offre tous les services tandis qu’au mouillage, on est plus loin de ses voisins et du brouhaha. Quand on choisit un beau mouillage en pleine nature, on sera évidemment loin de l’approvisionnement et des services. Donc, on alterne entre mouillage de rêve et mouillage pratique. Pour l’entretien du bateau, la marina rend tout plus facile, mais elle n’est pas une nécessité.

Il est de ces mouillages où on a tendance à parler tout bas. Vous en découvrirez. Tous ne sont pas mentionnés dans les guides, heureusement.

Bonnes découvertes!

Par Michel Brassard

*Cet article a été publié dans le magazine Été 2017 de Québec Yachting.