Québec Yachting

Joseph Gagnon et Brian Conville traversent l’Atlantique Nord à la rame

Joseph Gagnon et Brian Conville avant le départ pour leur traversée de l’Atlantique Nord à la rame. Crédit photo : Claire Martin.

L’équipage de rameurs formé du franco-canadien Joseph Gagnon, de Saint-Jean-Port-Joli au Québec, et de l’irlandais Brian Conville, de Dublin, a entrepris le 13 juin 2017 une traversée de l’Atlantique Nord à bord d’une embarcation de rame océanique. Les aventuriers sont partis de Saint-Jean de Terre-Neuve et planifient se rendre en près de 60 jours à Noirmoutier, sur la Côte vendéenne française, sans escale et en toute autonomie.

Joseph Gagnon et Brian Conville quittent Saint-Jean de Terre-Neuve. Crédit photo : Jean Gagnon.

Joseph travaille sur ce projet depuis 2014 et compte sur cette première traversée de l’Atlantique à la rame pour acquérir l’expérience nécessaire au renouvellement de l’aventure en 2018, mais cette fois en solitaire. Ceci lui permettrait de devenir le plus jeune rameur océanique au monde à avoir traversé un océan en solitaire. Il a fêté ses 20 ans le 6 juin. De plus, il prend le large en soutenant le centre d’équithérapie La Remontée dans le but d’aider les jeunes avec des difficultés scolaires.

Joseph Gagnon et Brian Conville quittent Saint-Jean de Terre-Neuve. Crédit photo : Jean Gagnon.

Quant à Brian, il en est à sa seconde expérience du genre puisqu’il a traversé le Pacifique en équipage à 3 dans le cadre de la Great Pacific Race 2016, entre la Californie et Hawaï, parcourant les 2500 milles nautiques du trajet en 48 jours. Il est actuellement âgé de 25 ans. Le besoin d’aventure et la recherche du dépassement de soi sont ses principales sources de motivations.

C’est le début de l’aventure de Joseph Gagnon et Brian Conville! Crédit photo : Jean Gagnon.

Les principaux défis de 2017 seront autant physiques que mentaux, ils devront composer avec une humidité quasi permanente, le froid, les douleurs corporelles dues à l’effort physique et le maintien du moral. Pour cela ils devront gérer au mieux les quarts de rame et les périodes de repos par tranches de 2 heures ainsi que leur alimentation. Ils auront chacun besoin de 4000 calories par jour. Ils seront soutenus par une équipe à terre constituée, entre-autre, d’un routeur météo, d’un médecin et d’un spécialiste des mesures d’urgences. Brian est entré en contact avec Joseph en février 2017 alors que ce dernier avait annoncé sur les réseaux sociaux son désir de trouver un co-équipier expérimenté prêt à relever l’exploit avec lui.

Les deux navigateurs invitent le public à suivre l’évolution de leur aventure au www.josephalarame.com où une carte géographique, mise à jour aux 2 heures, indique leur position. Vous pouvez aussi les suivre sur Facebook et Instagram.

Le bateau de rame océanique est sorti en juin 2016 des chantiers Spindrift de Portownsend, WA. D’une longueur de 22 pieds (7 mètres), il est constitué de fibres de carbone et de résine, qui confèrent au bateau légèreté et robustesse. L’embarcation dispose d’un poste de rame, d’une paire de rame de rechange, d’équipements de communication et de navigation, d’une pharmacie diversifiée pour subvenir aux différentes éventualités, de 720 000 calories en nourriture sèche, d’une ancre flottante qui limitera sa dérive au vent quand les rameurs seront confinés dans l’habitacle durant les tempêtes, et d’un canot de survie gonflable. Lorsqu’ils seront en dehors de l’habitacle, les rameurs seront attachés en permanence à une ligne de vie par le biais de harnais de sécurité. Ils disposent aussi de combinaisons de survie. Sur le bateau, on retrouve également un désalinisateur qui fournit l’eau nécessaire à l’équipage, 6 panneaux solaires pour les besoins en électricité, un transpondeur AIS qui le rend détectable et identifiable par les navires qu’il croisera. L’équipage ne devrait bénéficier d’aucun ravitaillement pendant toute sa traversée.

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Des nouvelles des rameurs!

En date du 26 juin, Joseph Gagnon et Brian Conville ont parcouru en 14 jours 1/5e des 5000 kilomètres qui les séparent de leur but. L’excellente météo du départ leur a permis de progresser rapidement durant la première semaine, dans des températures oscillant de 4 degrés la nuit, à 13 degrés le jour. Rappelons que les rameurs alternent nuit et jour, des quarts de rame et de repos de deux heures. Ils ont pu observer quotidiennement des animaux marins, plusieurs oiseaux dont l’océanite tempête, observable seulement au large, plusieurs mammifères marins dont des bancs de dauphins.

Un requin derrière l’embarcation! Crédit photo : Joseph Gagnon.

La plus grande surprise fut la visite le 24 juin au matin, d’un grand requin blanc. Aux alentours de 10h, Joseph Gagnon venait de terminer son quart de rame et s’étirait lorsqu’il a remarqué flottant entre deux eaux à l’arrière du bateau, un grand carré de plastique gris. Il s’est alors penché pour préciser sa vision et il a reconnu un grand requin blanc à quelques pieds du gouvernail. La stupeur a laissé place à l’émerveillement. Il faut dire que l’animal semblait plus long que leur embarcation de 23 pieds (7 mètres). Il a aussitôt réveillé son coéquipier pour partager avec lui cette observation. Ils ont pu prendre quelques clichés sur lesquels on devine clairement la gueule et l’aileron de l’animal. Toute une aubaine pour le jeune rameur franco-québécois qui souhaite profiter de cette aventure pour sensibiliser le grand public à l’abondance et à la fragilité de la vie dans les océans. Ses moyens de communication nous limitent à une image en faible résolution, en attendant leur arrivée, mais on y distingue clairement l’animal.

Durant la deuxième semaine, leur progression a subi les aléas de la météo. Ils ont bénéficié de plusieurs journées avec des vents portants ou faibles qui leur permettaient d’avancer rapidement mais les 19 et 23 juin, des vents défavorables et une mer plus formée ne leur permettait plus de ramer. Ils ont ainsi été confinés à leurs cabines, limitant leur dérive grâce à l’ancre flottante. Des moments exigeants car à l’inconfort s’ajoute l’absence de progression. L’option de la route sud a été révisée le 23 juin sur les conseils de leur routeur qui les dirige désormais plus au nord afin qu’ils bénéficient d’un meilleur courant. La météo des prochains jours s’annonce bonne, ils espèrent donc atteindre la mi-parcours dans une semaine, aux alentours du 4 juillet.