Québec Yachting

Où préfère-t-on naviguer au Québec?

Le fleuve Saint-Laurent en première position

Petite embarcation au fil de l’eau en fin d’après-midi.

Notre enquête amorcée à l’automne 2016 auprès des plaisanciers, dont les lecteurs du magazine Québec Yachting, afin de connaître leur lieu de prédilection pour naviguer au Québec, a démontré dans un premier temps que les participants au sondage sont à plus de 85 % propriétaires d’un bateau à moteur. Les autres navigateurs pratiquent la voile.

Quels sont les critères qui les incitent à naviguer à un endroit plutôt qu’à un autre? Les réponses varient, mais quelques aspects sont majeurs, notamment la beauté du paysage, les services, les plages, l’accessibilité au plan d’eau, les belles baies, l’accueil et la proximité de leur résidence. Ce sont les principaux dénominateurs communs de leur choix.

Parmi tous les endroits navigables du Québec, voici le palmarès établi par les plaisanciers :

Le fleuve Saint-Laurent

Le fleuve Saint-Laurent est l’endroit privilégié et remporte la première place avec 48 % des répondants. En effet, ce cours d’eau, parmi les plus longs au monde, offre une multitude de magnifiques paysages et de sites où les amateurs de nautisme aiment se retrouver. Au départ des Grands Lacs, il sillonne la vallée du Saint-Laurent jusqu’en Gaspésie sur une longueur de 3700 km pour se jeter dans le golfe du Saint-Laurent, passant ainsi d’environ 44 degrés de latitude nord près de Kingston en Ontario à 50 degrés de latitude nord près de Sept-Îles. On comprend qu’il puisse avoir autant de fans!

Que ce soit pour pêcher, se baigner, pratiquer le kitesurf, nager ou tout simplement relaxer au soleil en voguant au fil de l’eau, il comble un maximum de plaisanciers. « Agrémenté de plus de 500 îles, il abrite 1300 sortes de plantes, 185 espèces de poissons, 115 espèces d’oiseaux, 30 espèces d’amphibiens et reptiles ainsi qu’une vingtaine d’espèces de mammifères », comme on peut lire dans le livre Le Québec au fil de l’eau des Québécois Mathieu Dupuis et Marie-Josée Auclair, paru aux Éditions de l’Homme en 2009. Il offre un environnement naturel très intéressant. Qui plus est, les bélugas qui vivent dans les flots de la Côte-Nord sont sans conteste un impératif au point de vue du tourisme régional et international.

Coucher de soleil sur le fleuve Saint-Laurent, à Boucherville.

Depuis la région de l’estuaire et du golfe, fréquentée par les plaisanciers amateurs de beauté sauvage et de froidure, on arrive, après avoir parcouru quelques centaines de milles en amont, à Rimouski, capitale océanique du Québec. En plus de son parc national du Bic, cette ville est un haut lieu du savoir naval reconnu mondialement grâce à l’Institut maritime du Québec. Cet établissement offre des cours et ateliers pour toute la population de l’est du Québec, sans oublier son accueillante marina et son site historique de la Pointe-au-Père avec ses 200 ans d’histoire maritime. Puis il y a Rivière-du-Loup et Trois-Pistoles d’où partent de nombreuses excursions vers des îles, notamment celles du Pot à l’Eau-de-Vie. Tout en continuant à remonter le fleuve, nous voici à la hauteur de la ville de Québec et de ses marinas très fréquentées et bien vivantes, puis aux abords des spectaculaires falaises de Cap-Santé. On y retrouve, après avoir traversé la région de Trois-Rivières, le lac Saint-Pierre, les îles de Sorel, d’où vient l’inspiration du mythique téléroman Au chenal du moine, oeuvre de Germaine Guèvremont. Puis au sud-ouest, il y a les îles de Boucherville avec leurs chenaux champêtres, toujours extrêmement populaires durant les week-ends, étant donné leur proximité de la métropole.

Le Yacht Club de Montréal est au cœur de l’action montréalaise. Les plaisanciers aiment sa grande surface navigable et le voisinage de différents points d’intérêts. À proximité, le canal Lachine – ouvert à la navigation de plaisance depuis 2002 – est aussi très fréquenté. En amont, le choix des emplacements est incroyable pour naviguer, s’ancrer ou encore s’amarrer au quai d’une des marinas. Pour comprendre la réputation enviable de ce secteur, on n’a qu’à penser à la marina de Beaconsfield et au Yacht Club Royal St-Laurent, sur le lac Saint-Louis, une des plus anciennes et prestigieuses marinas en Amérique du Nord, ou encore celle située à l’extrémité ouest de l’île de Montréal, soit Sainte-Anne-de-Bellevue et ses bistrots-terrasses qui sont pleins à craquer durant l’été. Pour clore ce parcours en beauté, il y a le lac Saint-François et ses plages, notamment celles de Saint-Zotique et de Sainte-Catherine. Ce lac frontalier, bordant le sud-est de l’Ontario et le sud-ouest du Québec ainsi que le nord de l’État de New York, offre un paysage exceptionnel et une vue sur les magnifiques monts Adirondack situés du côté américain.

Vue de l’église de Varennes sur le bord du Saint-Laurent.

Outre son rôle important auprès des plaisanciers, le fleuve fut jadis la route des explorateurs et l’axe principal de la Nouvelle-France. Il a joué un rôle primordial dans les débuts de l’histoire du Canada. Les Amérindiens l’avaient surnommé « le chemin qui marche ». Il demeure le principal foyer de peuplement de la province de Québec. La navigation commerciale y est aussi très importante. Le port de Montréal joue un rôle majeur dans l’économie du Canada. Depuis l’instauration de la Voie maritime du Saint-Laurent en 1959, les cargos venus de partout dans le monde peuvent pénétrer jusqu’au cœur du continent américain et favoriser ainsi le commerce international. Cet aménagement, qui comporte 6 canaux, différentes voies navigables ainsi que 13 écluses canadiennes et 2 américaines, est considéré comme l’une des plus grandes réalisations techniques du XXe siècle.

Sur le plan géologique, le Saint-Laurent est un fleuve jeune, dont le lit correspond à une brèche profonde dans l’écorce terrestre, mise à découvert il y a quelque 10 000 ans lorsque les glaciers se sont retirés.

Fin de journée à la marina de Montebello.

La rivière des Outaouais

En deuxième position de notre sondage, avec un pourcentage de 13 %, vient la rivière des Outaouais. Principal affluent du fleuve Saint-Laurent, elle borde l’Ontario et le Québec. Avec ses 1271 km, elle est la plus longue au Québec et prend sa source dans le lac des Outaouais. Le canal Rideau, auquel elle est rattachée depuis Ottawa jusqu’à Kingston, est une voie navigable très populaire chez les amateurs de nautisme. La région de Gatineau, située sur la rive nord face à Ottawa, la capitale du pays, attire de nombreux plaisanciers et compte de belles marinas, notamment celle d’Aylmer. Le Château Montebello fait aussi l’envie des marins avec sa superbe marina. Le tracé « Les Chemins d’eau » est, depuis 2017, la première route signalée en Outaouais. Plus de 80 attraits seront mis en évidence pour découvrir le côté historique et culturel de la région ainsi que les activités nautiques.

Le lac Champlain

Le lac Champlain arrive en troisième position avec un taux d’attraction qui se situe à 11 %. Ce magnifique lac, situé au sud-ouest du Québec et principalement aux États-Unis, entre l’État du Vermont et celui de New York, est long de 201 km et large de 23 km. Bordé par les montagnes Vertes à l’est, ce sont les Adirondack qui le longent à l’ouest. Il se déverse dans la rivière Richelieu, au nord. On y compte de nombreuses marinas, notamment à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, petite ville située à son extrémité nord, dont la réputation de capitale du nautisme au Québec existe depuis plusieurs décennies. Malheureusement, les inondations causées par différents facteurs météorologiques, notamment de fortes pluies et la fonte des neiges, ont causé beaucoup de dégâts au printemps 2011 dans 18 localités le long du Richelieu et en bordure du lac. Les amateurs de voile de la région montréalaise y sont très nombreux et aiment particulièrement ce vaste plan d’eau douce et ses nombreuses plages. La qualité de l’eau s’est améliorée, mais reste encore sous surveillance à cause du phosphore et des produits chimiques issus des villes et des terres agricoles. Malgré cela, la nouvelle administration Trump songe à reléguer aux oubliettes un programme de protection de l’environnement du lac mis en place en 2003 par le Québec, l’État de New York et celui du Vermont…

La rivière Richelieu

La rivière Richelieu compte 10 % d’adeptes. Elle prend sa source dans le lac Champlain et se déverse dans le fleuve Saint-Laurent, à la hauteur de Sorel, sur une longueur de 124 kilomètres. Elle est bien balisée, compte de nombreux sites d’intérêt historique et est utilisée par les navigateurs qui veulent rejoindre le fleuve Hudson et, en aval, la ville de New York. Le canal de Chambly, qui compte neuf écluses, permet aux plaisanciers de contourner les rapides de Chambly sur cette rivière autrefois appelée rivière des Iroquois, puis rivière Chambly.

Le lac des Deux-Montagnes

Le lac des Deux-Montagnes a reçu la faveur de 4,5 % des répondants. Long de 43 km, ce magnifique lac, situé à l’ouest de l’île de Montréal, est alimenté principalement par la rivière des Outaouais, puis par la rivière du Nord et la rivière aux Serpents, dans le parc national d’Oka. Deux écluses, le canal de Carillon et l’écluse de Sainte-Anne, établissent sa période d’activités nautiques. On y compte une quinzaine de baies, trois plages et plusieurs marinas, notamment celles de Hudson (très ancienne), d’Oka et de L’Île-Cadieux.

La rivière Saguenay

Le Saguenay et ses fjords attirent également 4,5 % des plaisanciers participants, avec comme point de départ le Club nautique de Roberval qui comprend 195 places à quai et offre tous les services. Il y a également la marina Belle-Vue de Saint-Félicien, le débarcadère du Bôme qui donne accès à la rivière Mistassini et au lac Saint-Jean ainsi que le Club nautique de L’Anse-Saint-Jean qui offre la location de voiliers de 2 à 14 jours. Sur la route du Fjord, le quai de Petit-Saguenay offre un accès privilégié au Saguenay et comprend un débarcadère, des pontons et un point de vue de 27 km sur le fjord.

Le lac Taureau, le lac Mégantic et la baie des Chaleurs

Enfin, pour compléter le tableau, avec des pourcentages respectifs de 3 % sur les préférences de navigation des plaisanciers, mentionnons le lac Taureau pour son territoire naturel et sauvage ainsi que ses belles plages; le lac Mégantic, un beau lac profond, entouré de montagnes couvertes de forêt; et la baie des Chaleurs, reconnue dans le club des plus belles baies du monde avec ses marinas, dont celle de Bonaventure où l’on offre de multiples services et celle de Carleton-sur-Mer où l’on pratique beaucoup la voile sur un plan d’eau immense et avec une eau « tiède », en plus d’un accueil très chaleureux des habitants.

Par Monique Reeves

*Cet article a été publié dans le magazine Été 2017 de Québec Yachting.