Québec Yachting

Tout est plus beau vu de l’eau, surtout dans les canaux historiques!

Dans le dernier numéro du printemps de Québec Yachting, nous vous proposions un itinéraire de navigation de trois jours. Nous souhaitons maintenant vous plonger au cœur de l’histoire et vous présenter certains éléments de notre patrimoine qui devraient pimenter votre séjour sur l’eau. Tout est tellement plus beau vu de l’eau au cœur des canaux historiques du Québec! Prêt pour un voyage dans le temps? C’est parti!

Chantiers navals au Canal-de-Lachine

Le canal de Lachine a été ouvert à la navigation en 1825. Saviez-vous qu’en 1871, cinq gros chantiers navals se trouvaient au cœur de la vie économique, sociale et culturelle de Montréal? C’est que la situation géographique du canal s’avérait non seulement très stratégique pour améliorer le transport des marchandises et le transbordement, mais également pour contrer la concurrence. Aussi, si dans les chantiers de Québec on construisait de grands voiliers, production orientée vers l’Atlantique et le marché des États-Unis, Montréal se plaçait ville avant-gardiste de la construction de bateaux à vapeur et était davantage orientée vers la navigation intérieure. On trouvait aussi sur les rives de ce canal de petits chantiers qui s’improvisaient constructeurs ou restaurateurs de goélettes et de barques.

Deux ancres, qui dateraient du début des années 1900, ont d’ailleurs été découvertes, enfouies au fond du Canal-de-Lachine. La dernière ancre de bateau retrouvée, le 26 février 2019, mesure environ huit pieds de hauteur. Si l’on sait aujourd’hui que cette ancre est reliée à la marine marchande, les experts s’interrogent sur sa fonction réelle : était-elle fixée à un bateau ou à un quai? Pour le moment, l’équipe d’archéologie de Parcs Canada travaille à élucider ce mystère fascinant.

Ancre retrouvée le 26 février 2019 au Canal-de-Lachine.

De l’industrie à la plaisance, il y en a eu des tours de manivelle!

Au 19e siècle, les canaux historiques de Chambly et de Saint-Ours ont été construits pour relier les États-Unis et le Canada. La rivière Richelieu était alors une voie de transport indispensable pour le commerce.

L’aménagement du canal de Chambly, qui a pris fin en 1843, a permis aux navires commerciaux de contourner les rapides et d’acheminer les marchandises par voie d’eau. Les goélettes et les barges sont les principales embarcations à traverser les canaux. Les matières premières transportées étaient, au début de ce siècle, le bois, le foin et le papier, qui prenaient direction vers le sud, alors que le charbon passait quant à lui les neuf écluses en direction du nord. La construction de lignes de chemin de fer reliant les États-Unis et le Canada durant la même période éliminera alors progressivement le transport sur la rivière. L’évolution rapide des transports ne devrait pas nous faire oublier que nombre de chevaux ont halé les navires pendant près de 100 ans avant l’arrivée de barges motorisées. Et surtout, qu’il y en a eu des tours de manivelles pour ouvrir et fermer les écluses!

Une escale pour la nuit à la place des Barges, située en amont des écluses nos 1, 2 et 3 du canal de Chambly, tout près de l’avenue Bourgogne, est l’endroit parfait pour observer le travail des éclusiers, mais aussi pour en apprendre davantage sur l’histoire du site, tant sur l’eau qu’en rives. Et sachez que le Fort-Chambly est situé à quelques minutes à pied des quais d’amarrage… un détour qui en vaut assurément la peine!

Place des barges – Canal-de-Chambly de Parcs Canada.

Un métier hors du commun

Aujourd’hui comme hier, les responsables de l’entretien des voies navigables doivent parfois faire preuve d’imagination pour assurer le bon fonctionnement des écluses.

Par exemple, il est connu qu’à l’époque, l’entretien des écluses demandait de mettre parfois la tête sous l’eau! Les scaphandriers vêtus d’imposants costumes (années 1930-1950) et munis de lourdes semelles de plomb devaient se mettre à l’œuvre. Il pouvait même arriver qu’ils oublient de mettre les bandes de caoutchouc qui assuraient l’étanchéité de leur combinaison; ils devaient alors être remontés en toute hâte… c’étaient les risques du métier!

Scaphandrier au Canal-de-Chambly, vers 1930. Collection Serge Caron.

Il serait trop long ici de nommer tous les métiers anciens ou actuels et tout le travail accompli dans les canaux historiques de Parcs Canada. Et que vous soyez installé confortablement sur votre bateau ou que vous vous promeniez sur les berges, il peut vous être difficile de percevoir toute la complexité des structures qui composent le canal de Chambly, de même que tous les différents aspects de son histoire. Laissez donc aller votre imagination et tentez de percevoir tous les impacts sur la vie des communautés que cet axe de transport a pu avoir. Visualisez le labeur et la ténacité de tous les hommes et de toutes les femmes qui l’ont construit, qui y ont travaillé et qui l’ont utilisé.

Aujourd’hui, les éclusiers forment une main-d’œuvre appréciée. Au Canada, le métier d’éclusier a débuté en 1781 avec l’ouverture du canal de Coteau-du-Lac. Lors de l’inauguration du Canal-de-Chambly, on n’avait embauché que quatre éclusiers pour actionner neuf écluses et faire fonctionner huit ponts tournants. En fait, on demandait aux capitaines de fournir un homme qui, à cheval, précédait le bateau et ouvrait les ponts. Les nombreux accidents et les coûts élevés des réparations ont finalement convaincu les gestionnaires d’engager plus de personnel. À partir de 1857, le gestionnaire des canaux du Québec, J. G. Sippel, a décidé de développer la profession d’éclusier et d’exiger des critères d’embauche élevés pour l’époque : savoir lire et écrire, comprendre le français et l’anglais et… être sobre.

Enfin, si le travail d’éclusier a longtemps été un métier d’homme, de nombreuses femmes sont aujourd’hui éclusières et maîtres-éclusières dans l’un ou l’autre des canaux historiques; elles sont au cœur même de l’équipe de Parcs Canada.

Des éclusiers et éclusières à qui nous avons demandé ce qu’ils appréciaient le plus de leur emploi ont répondu : « Nous avons conscience de faire un métier rare, historique, dans un environnement naturel particulier et nous avons la chance de pouvoir échanger avec des plaisanciers au long cours, qui ont des histoires passionnantes à raconter. »

Éclusière en action.

Écrivez l’histoire aujourd’hui!

L’histoire se poursuit et c’est toujours captivant de rappeler l’évolution de la navigation, notamment avant et après la construction des voies navigables. Par exemple, comment les communautés autochtones naviguaient-elles? Comment traversaient-elles les rapides avant l’implantation de canaux ? Quelle était leur « route par voie d’eau »?

Chers plaisanciers, vous faites vivre les canaux historiques en y naviguant, vous êtes parties prenantes de leur mise en valeur. Imaginez dans 50 ou même 100 ans ce que diront les générations futures de la pratique de la navigation

Parcs Canada vous invite à naviguer et à faire escale jusqu’au 14 octobre 2019 dans les premières voies de transport du Canada! À l’approche d’un canal, contactez le personnel éclusier par VHF-canal 68 durant les heures d’opération des écluses. Pour obtenir tous les détails sur les différents tarifs et les horaires, pour commander vos permis, dont le permis saisonnier d’éclusage à 8,80$/pied et le permis saisonnier d’amarrage de nuit à 9,80$/pied, ou pour connaître les occasions de découvertes et plus encore, visitez le parcscanada.gc.ca/canaux.

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Par Béatrice Launay, Agente Partenariats, engagement et communications. Voies navigables au Québec – Parcs Canada

*Cet article sera publié dans le magazine numérique Été 2019 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!