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Le réchauffement climatique

Un iceberg qui fond. Crédit photo : Beth Ruggiero-York, Shutterstock.

J’écoute et je participe à plusieurs conversations concernant notre sujet national, soit la météo et le temps qu’il fait. Je constate que plusieurs personnes et amis confondent conditions climatiques et changements climatiques. Les conditions climatiques sont les variations quotidiennes de la température, du vent et de l’ensoleillement. Le climat et ses changements s’établissent sur des périodes de temps plus ou moins longues. Lorsqu’on parle de quelques semaines à quelques mois, il s’agit des saisons où la hauteur du soleil est le facteur qui régule ces changements; lorsqu’on parle de tendances s’étendant sur plusieurs années, on parle de changements climatiques qui sont dus à des phénomènes qui prennent du temps à se mettre en place ou à se retirer.

La planète sur laquelle nous vivons est un véhicule vivant. Il lui arrive parfois d’entrer en collision avec d’autres bolides célestes; la Terre survivra à ces rencontres fortuites, par contre, ses occupants n’auront pas tous cette même chance. Lorsque cela arrive, ils devront toujours s’adapter à la nouvelle réalité sous peine de disparition. Ce n’est pas l’homme qui dirige la Terre mais bien le contraire!

Des vagues sur l’océan Pacifique. Crédit photo : Maksimilian, Shutterstock.

Les changements géologiques et climatiques ont toujours prévalu depuis la naissance de la Terre et prévaudront encore pour très longtemps, pour ne pas dire l’éternité. Il y a des évidences que la vitesse de rotation de la Terre diminue lentement mais sûrement principalement à cause des marées. La formation ou la fonte des glaciers continentaux ont aussi des effets non négligeables sur la vie et les changements géologiques. On ne peut généraliser que l’inondation des terres est un phénomène universel avec la fonte des glaciers; l’isostasie nous montre que les terres écrasées sous le poids d’un glacier de plusieurs kilomètres d’épaisseur se relèvent pendant des siècles après sa fonte et que le sol avoisinant s’abaisse. Pensez à un ballon rempli d’air, l’endroit où vous pressez s’abaisse, le pourtour monte et vice versa.

Bien que très infime, toutes les espèces végétales et animales jouent un rôle dans les changements climatiques de la Terre; l’homme est cependant la première espèce qui s’écarte de cette règle. Son activité perturbe le cycle des changements climatiques, il transforme beaucoup plus rapidement des formes d’énergie que la Nature ne le ferait. Un arbre mature qui meurt et qui se décompose sur plusieurs années libère autant d’énergie que si on le brûle; par contre, la température ambiante n’est pas la même sur une courte période.

L’action de l’homme est un épiphénomène dans la vie de la Terre, il ne fait que perturber certains cycles; par exemple, les niveaux d’eaux des Grands Lacs qui revenaient sur une base trentenaire reviennent maintenant sur une base décennale. Si on brise le synchronisme de certains cycles, on peut faire disparaître des espèces dont nous-mêmes!

L’eau de la rivière des Outaouais passe à peine sous le pont de la Chaudière, 30 avril 2019. Crédit photo : Bruce Amos, Shutterstock.

Les changements géologiques et climatiques permettent aux espèces de s’y adapter; le réchauffement climatique, pas nécessairement (par exemple, les marées vs les vagues sur l’érosion des côtes). Il en est de même avec les lois marines : le sillage d’un navire laisse toujours des traces, la pollution est acceptée exceptionnellement si c’est pour sauver une vie ou une embarcation, mais ces lois ne permettent pas de polluer par laxisme ou parce que personne ne nous voit. La Terre nous est prêtée et nous devons penser aux générations futures!

J’ai assisté il y a quelques années à des présentations sur des modèles proposés concernant les changements climatiques; ce qu’il faut retenir, c’est qu’un changement climatique n’est pas uniforme à la grandeur de la Terre. Une hausse de la température moyenne terrestre ne signifie pas automatiquement un réchauffement global de la Terre; il peut y avoir des régions où on parlera plutôt de refroidissement parce que les patrons des courants d’airs, des courants marins et leurs transferts d’énergie seront modifiés et moins efficaces.

L’homme ne fait pas que de mauvaises choses, il en fait aussi des bonnes. Pensons à la construction des barrages hydroélectriques en amont de Montréal sur le fleuve Saint-Laurent et sur la rivière des Outaouais, des reversoirs à Sorel et à la navigation hivernale dans le chenal maritime du Saint-Laurent; ces actions ont réduit significativement les inondations pour les riverains de Montréal tout en respectant le plus possible les cycles naturels des espèces végétales et animales.

Ayons toujours en tête la troisième loi de Newton, « L’action est égale à la réaction, … ». L’homme peut gagner une bataille contre la Terre, mais cette dernière gagnera toujours la guerre. Je ne suis pas contre le progrès, par contre, il faut avoir l’humilité d’identifier nos erreurs et de les corriger au mieux de nos connaissances le plus rapidement possible, même si le temps de latence peut prendre plusieurs années avant de voir le commencement des changements.

N’hésitez pas à m’écrire pour me faire connaître votre opinion ou pour me suggérer des chroniques.

Par Bernard Labrecque
Président de l’Association canadienne d’hydrographie
Section du Québec

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Hiver 2020 de Québec YachtingAbonnez-vous, c’est GRATUIT!