Québec Yachting

Valoriser le patrimoine des canaux historiques en protégeant la faune et la flore

Lors de vos récentes escapades dans les canaux historiques, vous souvenez-vous d’avoir croisé (et ainsi pu admirer!) des oiseaux majestueux, tel le grand héron? Si la préservation et la conservation des canaux historiques nationaux mettent en valeur le patrimoine et l’histoire, la protection de la faune et de la flore est aussi un défi important. Sommes-nous suffisamment conscients de la biodiversité qui nous entoure? Voyageons au cœur de la faune des canaux historiques. Parfois visible et d’autres fois non, elle est omniprésente; du dessus de votre tête jusqu’au-dessous de vos pieds, ou disons plutôt… de votre embarcation!

De nouvelles générations de tortues serpentines

La situation des tortues serpentines est désignée préoccupante en vertu de la Loi sur les espèces en péril; prenons donc soin d’elles, ensemble, protégeons-les! Durant leur saison active, d’avril à octobre, les tortues se déplacent pour diverses raisons : trouver de la nourriture, changer d’habitat, trouver un partenaire pour s’accoupler ou pondre des œufs.

Lorsqu’une maman tortue choisit un canal historique pour pondre ses œufs, le personnel de Parcs Canada travaille à préserver et à protéger ces précieux nids de toute prédation ou d’autres actions malveillantes. C’est un travail de veille qui se fait en continu non seulement par le personnel de Parcs Canada, mais aussi grâce aux visiteurs qui rendent compte de leurs observations. Lors de la dernière saison de navigation, un menuisier de notre équipe a conçu des enclos adaptés aux besoins des tortues et à la réalité du terrain. Cela implique une vigie quotidienne, un travail qui est assuré par le pontier ou l’éclusier qui œuvre à proximité du lieu de nidification ou encore par l’ensemble des employés de terrain des voies navigables.

Bébés tortues – Canaux historiques au Québec de Parcs Canada.

Lors de la dernière saison, ce travail d’équipe a permis à 33 petites tortues de voir le jour et de plonger tête première dans leur nouvelle vie, à la découverte de la rivière Richelieu. Si vous voyez des tortues dans les canaux, faites part de votre observation aux éclusiers!

Le chevalier cuivré, une espèce en voie de disparition qui ne vit que dans le sud-ouest du Québec

Un canal historique ne sert pas qu’à la navigation : il peut également contribuer à la protection de la biodiversité en favorisant le rétablissement des espèces en péril. La construction de la passe migratoire Vianney-Legendre du lieu historique national du Canal-de-Saint-Ours en est un bel exemple. En effet, la construction de cette dernière s’est avérée nécessaire après qu’une étude eut démontré que plusieurs espèces de poissons étaient en péril dans la région, dont le chevalier cuivré. Cette espèce qui se reproduit uniquement dans le sud-ouest du Québec est en voie de disparition depuis 2007. En effet, la présence du barrage de Saint-Ours les empêchait de suivre leur voie migratoire.

C’est donc à proximité du canal qu’une échelle à poissons unique au monde permet aux nombreuses espèces de poissons de reprendre possession de leur habitat. La passe migratoire, située sur la rivière Richelieu n’est pas une échelle à poissons ordinaire; depuis 2001, elle permet aux espèces en péril de franchir le barrage de Saint-Ours pour aller frayer dans leurs aires de reproduction habituelles. Une petite passe spéciale a aussi été ajoutée pour répondre aux besoins de l’anguille d’Amérique. Des efforts sont menés actuellement pour améliorer cette passe migratoire.

Cela fait de cette installation un ouvrage rare et complexe, puisqu’elle permet le passage de plusieurs espèces de poissons, contrairement aux autres échelles, plus communes, qui sont conçues pour le passage d’une seule espèce.

En vous amarrant au canal de Saint-Ours, vous pourrez vous approcher de l’échelle à poissons, située aux abords du barrage de l’autre côté de l’île Darvard. Grâce à une fenêtre aménagée, vous pourrez observer les poissons qui remontent le Richelieu. De plus, des panneaux d’interprétation présentent les différentes espèces et leurs caractéristiques. La période d’observation s’étend sur trois à quatre semaines durant les mois de mai et de juin.

Consultez l’horaire d’ouverture du barrage hydrographique qui vous permettra de rejoindre à pied la rive nord du Richelieu où se trouve la passe migratoire.

En plus de cette mesure essentielle pour la survie de nombreuses espèces, Parcs Canada collabore avec le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs en mettant les installations du Canal-de-Saint-Ours à sa disposition pour mener son programme de reproduction artificielle du chevalier cuivré. Apprenez-en plus sur ces importants efforts de rétablissement du chevalier cuivré menés depuis 2004 en consultant notre site Web.

Canal de Saint-Ours – Parcs Canada.

Des canards colverts, des cormorans à aigrettes et tant d’autres!

Ces deux dernières années, rien qu’au canal de Chambly, c’est plus d’une centaine d’espèces d’oiseaux qui ont été recensées. Les canards sont très présents d’un bout à l’autre du canal et peuvent également être observées d’autres espèces comme le grand héron, le cormoran à aigrettes ou le bihoreau gris. La rivière Richelieu, en raison de son axe nord-sud, est un véritable couloir de migration.

Le cormoran à aigrettes n’ayant pas un plumage totalement étanche, c’est lui que nous pouvons voir, ailes grandes ouvertes, se sécher pendant de longues périodes sur la berge. Habile plongeur, il se propulse sous l’eau à partir de la surface. De plus, lorsqu’il nage à la surface, il préfère avoir le corps enfoncé dans l’eau, ne laissant visibles que son cou et sa tête. Lorsqu’il vole, il aime bien se tenir au ras de l’eau, le bec légèrement relevé.

Le bihoreau gris et le grand héron, quant à eux, s’alimentent sur les mêmes rives. Pour éviter la compétition, ils ont une façon de faire bien spécifique. Au crépuscule, le grand héron quitte le marais ou le plan d’eau pour aller dormir alors que le nocturne bihoreau prend la relève. Les deux oiseaux peuvent donc pêcher sans problème au même endroit, puisqu’ils ne le font pas au même moment.

Canne avec ses petits – Parcs Canada.

Il est intéressant de garder un œil ouvert, car chaque canal loge des espèces différentes : des sternes, des hirondelles, des merles d’Amérique, et tant d’autres! Au lieu historique du Canal-de-Sainte-Anne-de-Bellevue se trouve également une densité d’oiseaux très forte. Consultez le site web du Canal-de-Sainte-Anne-de-Bellevue pour tous les détails.

La chauve-souris : notre alliée naturelle contre les moustiques

Il existe plus de 1 000 espèces de chauves-souris dans le monde, mais seulement quelques-unes sont régulièrement observées au Canada. Nous avons la chance de pouvoir en observer dans les canaux historiques. La santé de plusieurs espèces en Amérique du Nord se trouve compromise et leur nombre décline en raison d’une maladie relativement nouvelle, le syndrome du museau blanc, qui pourrait avoir de graves conséquences sur la survie de ces espèces. Parcs Canada protège les chauves-souris et leur habitat dans l’ensemble de ses sites et met en œuvre des mesures de la Loi sur les parcs nationaux et de ses règlements ainsi que de la Loi sur les espèces en péril afin de tenter le plus possible de freiner la propagation du syndrome du museau blanc.

Dortoir artificiel pour chauve-souris – Parcs Canada.

En 2016, dans le cadre de travaux d’infrastructure, un hibernacle à grandes chauves-souris brunes a été découvert au lieu historique national du Canal-de-Carillon. Les chauves-souris se tenaient dans le tunnel et les cheminées de béton de l’installation. En plus de mettre en place des mesures de mitigation pour limiter l’impact des travaux sur les chauves-souris, six dortoirs artificiels ont également été installés pour leur offrir des abris supplémentaires. Il est de la responsabilité de Parcs Canada de s’assurer que les écosystèmes des canaux restent intacts et fonctionnels pour que les chauves-souris demeurent en santé le plus possible et qu’elles deviennent plus résistantes face aux menaces comme le syndrome du museau blanc. Les chercheurs de Parcs Canada collaborent avec d’autres experts en chauves-souris pour réaliser des recherches afin de les protéger.

… et il y a toutes ces petites bêtes non visibles à l’œil nu

Il y en a de la vie dans les canaux! Et il y a de fortes chances que certaines petites bêtes vous soient inconnues. Pourtant, elles sont légion et essentielles à l’écologie des milieux aquatiques. La plupart sont microscopiques, mais se comptent par centaines de millions pour former ce que nous connaissons mieux sous le nom de benthos et de plancton. Si vous souhaitez en apprendre davantage sur le copépode, l’ostracode, la diatomée, la mite d’eau ou l’hydrachnidia, nous vous invitons à consulter le travail réalisé par plusieurs étudiants du collège international Sainte-Anne au canal de Lachine.

Canal de Chambly – Parcs Canada.

Au-delà des canaux historiques

Les scientifiques de Parcs Canada et leurs partenaires veillent à la préservation et au rétablissement de la faune et de la flore à travers le pays. Par exemple, le parc marin du Saguenay–Saint-Laurent a collaboré avec l’industrie du transport maritime afin de réduire les risques de collision entre les paquebots et les baleines.

Pour découvrir l’ensemble des initiatives de conservation et de protection de la biodiversité menées par Parcs Canada, consultez la section Sciences et conservation du site Web de Parcs Canada.

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Par Béatrice Launay, Agente Partenariats, engagement et communications. Voies navigables au Québec – Parcs Canada

*Cet article sera publié dans le magazine numérique Hiver 2020 de Québec YachtingAbonnez-vous, c’est GRATUIT!