Québec Yachting

Naviguer dans les Caraïbes pendant la saison morte

Saint-Martin. Crédit photo : Gino Santa Maria, Shutterstock.

Si vous êtes à planifier votre retraite, et surtout si vous envisagez d’en passer une bonne partie en bateau, maintenant, après la haute saison, serait un bon moment pour aller voir des endroits des Caraïbes qui vous intéressent.

Voir le marché du bateau, les pays et leurs règles douanières, les marinas, les mouillages, les chantiers de bateaux, les services disponibles, les points d’approvisionnement et les soins de santé, pour mieux connaître leur qualité et leurs coûts.

Louer un bateau avec ou sans équipage et un peu naviguer les endroits qui vous tentent représenterait un bon moyen d’échantillonner ce mode de vie tout en profitant d’une vacance agréable. Évidemment, pour un retraité qui vit à bord, ce n’est pas tout à fait pareil. Il est moins pressé par des échéances, alors demeurer un bon moment au même endroit s’avère tout à fait normal. Une majorité d’îles vous permettent trois mois de séjour après avoir payé des frais qui varient énormément selon les pays. Certains endroits, comme les îles françaises, vous permettent 18 mois de séjour, et ce, sans frais.

Anse Champagne, Saint-François, Guadeloupe. Crédit photo : Filip Fuxa, Shutterstock.

Plus l’année avance, plus il faut aller au sud. La saison des ouragans débute officiellement le 1er juin pour se terminer le 30 novembre. Les premières comme les dernières tempêtes sévissent le plus souvent au nord de la mer des Caraïbes. Les grandes Antilles, les îles Vierges, Saint-Martin et Saint-Barth se trouvent donc plus à risque en juin et juillet, comme en octobre et novembre. Donc, à la retraite, vous passerez probablement plus de temps aux petites Antilles, plus au sud. Disons entre Antigua et Trinidad, et il vaudrait mieux laisser le bateau dans un chantier d’un de ces endroits. Les meilleurs prix sont à Trinidad et ce pays n’a jamais de mémoire d’homme reçu d’ouragan. Le Venezuela constituait un autre choix hors zone de cyclones et les prix y étaient des plus attrayants. Mais je ne vous recommande évidemment pas de même vous en approcher. Il s’agit en ce moment d’un des pays les plus dangereux de la planète.

Si vous penchez plus du côté de l’Europe, il faut se rappeler que l’hiver y occupe la même période de l’année que chez nous. Tandis que la période des ouragans en mer des Caraïbes correspond à l’été chez nous. Alors, comme pour conserver son assurance maladie il faut passer 183 jours au Québec,  il vaut mieux que ces jours ne soient pas en hiver.

Où voir les offres de voiliers à vendre? Dans la baie du Marin, au sud de la Martinique, il y a plus de 1500 voiliers à vendre. Évidemment, ce surplus d’offres fait diminuer les prix. Cependant, les bateaux à moteur y sont plutôt rares. Possiblement quelques catamarans à moteur qui ont terminé leurs années de location. Un catamaran à moteur peut s’avérer un excellent choix pour vivre sa retraite à bord. Surtout pour qui n’est pas vraiment voileux. Sur l’île de Saint-Martin, à Sint Maarten, se trouvent plusieurs chantiers. Il faudrait penser y aller avant la fin mai, parce qu’ensuite les ouragans pourraient s’inviter. Un autre endroit propice aux offres intéressantes, Trinidad. On y trouve quatre chantiers à distance de marche sur la péninsule de Chaguaramas. On peut aussi y louer un voilier, mais on n’y parle pas trop le français. Il y a d’assez importants chantiers et donc des bateaux à vendre aussi à, Antigua, la Guadeloupe, Sainte-Lucie, Grenade.

Si vous louez un bateau, je vous recommande d’aller vous-même approvisionner. Question de goût, mais à mon avis le meilleur endroit demeure la Martinique, dans la baie du Marin, avec un supermarché type meilleurs prix qui offre un ponton à annexes. On y dépose ses sacs directement du panier dans l’annexe. Les choix, les prix et la qualité offerts à la Guadeloupe ou à la Martinique sont inégalés dans la région caribéenne. Des vins AOC ou AOP (Appellation d’Origine Contrôlée ou Protégée) à moins de trois euros chez Leader Price. Il y a des marchés aux poissons intéressants à Saint-Vincent et à Grenade. À ma dernière visite, le thon albacore (chair rouge) frais, par exemple, s’y vendait 4 $ la livre. Mais si vous êtes le moindrement pêcheur, vous en trouverez du vivant et excitant, au bout de votre ligne.

Il serait peut-être intéressant de jaser avec des gens qui profitent déjà d’une agréable retraite à bord. Où trouve-t-on ces gens? Évidemment, il y en a un peu partout dans les bons mouillages. Quels sont donc ces bons mouillages? Des endroits bien protégés de la mer, dans des pays sécuritaires ou du moins pas trop dangereux. Avec des commerces à prix intéressants et d’accès facile. Au fil des ans, le nombre de ces bons mouillages a passablement diminué.

Le Marin, Martinique. Crédit photo : T Photography, Shutterstock.

Voici quelques considérations sur les escales qui demeurent populaires!

Saint-Martin. Une île, deux pays, pas de douane et l’immigration est sans grande difficulté. Tout y est hors douane, donc on y trouve de très bons prix pour les accessoires de bateau. Plusieurs supermarchés qui offrent des produits venant des États-Unis du côté hollandais et de France de l’autre côté. Le bémol, un fort taux de criminalité, énormément de drogués. Beaucoup de policiers côté français. Il n’y a pas eu beaucoup d’attaques sur les bateaux. Le lagon offre évidemment un mouillage tous vents.

La Guadeloupe est de toute évidence facile à aborder pour des Québécois. Douanes et immigration sont d’un rapport agréable, on y trouve de tout, mais plus cher qu’à Saint-Martin. Les mouillages sont assez nombreux et bien protégés. De plus, Marie-Galante, mais surtout Les Saintes offrent de très pittoresques mouillages avec plein de bons restos et autres petits commerces. Les gens sont accueillants, tout y est relaxe.

La Martinique est, je trouve, d’un abord encore plus facile. Surtout pour nous Québécois. Plusieurs bons mouillages dont celui du Marin au sud de l’île, qui est à toute épreuve. Et ici, la côte au vent possède de bons mouillages mais difficiles d’accès. L’île est à visiter, elle présente une grande variété de paysages. Et c’est peut-être ici que vous rencontrerez le plus de retraités francophones qui profitent joyeusement de leur retraite. Les soins de santé de grande qualité y sont bien plus accessibles que chez nous, et les prix très raisonnables.

Grenade offre dans ses baies du sud de très bons mouillages. Les transports y sont abordables, les supermarchés IGA et autres, comme chez nous, vendant même des produits canadiens. Vous y trouverez probablement à l’année des retraités ou semi-retraités et une marina avec son resto bien fréquenté où l’accent entendu est carrément le nôtre, Wisper Cove Marina.

Chaguaramas, Trinidad. Crédit photo : ICW, Shutterstock.

Tout au sud, faisant partie de l’Amérique du Sud, il y a Trinidad. Les douanes et l’immigration y sont les moins aimables de toutes les Caraïbes. Un mauvais moment à passer, mais il y a des compensations. On y trouve pratiquement un seul mouillage, Chaguaramas. Marinas et chantiers y sont parmi les plus abordables. Malgré un haut niveau de criminalité, la péninsule de Chaguaramas est depuis plusieurs années très calme et les attaques contre les marins et voileux y sont maintenant très rares. On y trouve presque tous les services pour bateaux à meilleur prix et de bonne qualité. On y approvisionne à moindres coûts et les transports y sont abordables et efficaces. Voilà pourquoi vous pourriez y croiser des gens qui vivent à bord depuis plusieurs années.

Donc, après la haute saison, qui va de Noël à Pâques, s’avère le bon temps pour rencontrer des gens qui font ce que vous prévoyez réaliser. Sans compter qu’avec moins de vacanciers, vous profiterez bien plus de la nature généreuse des Antilles et de la joie de vivre des Antillais. Prenez un ti-punch à ma santé et bon Alizé!

Par Michel Brassard

*Cet article a été publié dans le magazine Hiver 2020 de Québec Yachting. Abonnez-vous dès maintenant! C’est gratuit!