Québec Yachting

Évolution des techniques de sondage

La sortie de la nouvelle carte marine 1360 pour le lac Memphrémagog au début de l’été m’a rappelé tout le chemin parcouru dans la mesure des profondeurs depuis 100 ans. Nous sommes passés d’un simple plomb lancé d’une embarcation à des systèmes aéroportés, en passant par des systèmes multifaisceaux intégrés à bord de plateformes flottantes diverses.

Ce n’est pas parce que des systèmes complexes de mesure existent que le simple plomb de sonde n’a plus son utilité. Il faut juste se rappeler les limites d’utilisation de chaque appareil et le but recherché par l’utilisateur.

Le plomb de sonde est le seul appareil, encore aujourd’hui, qui vous donnera la profondeur entre la surface de l’eau et le fond marin. C’est un appareil peu encombrant, facile d’utilisation et qui prendra la relève de votre échosondeur en cas de panne. Par contre, pour que cette distance soit exacte, il faut que le câble soit à la verticale et que la courbure du câble due à la friction du courant soit à son minimum. La profondeur sera celle où touche le plomb de sonde. Il faudra le déplacer pour trouver, au besoin, le haut-fond (ou l’objet) recherché. Pour des profondeurs de moins de 3 mètres, le plomb de sonde donnera de bons résultats. Par la suite, il faut augmenter le poids avec la profondeur et les courants présents. Les hydrographes de l’époque devaient être bien constitués pour manier cet objet pendant plusieurs heures.

L’arrivée de l’échosondeur à simple faisceau a rendu la tâche plus facile aux hydrographes. Par contre, on doit calibrer l’appareil puisqu’il ne mesure pas la profondeur, mais le temps pris entre l’émission et la réception du premier écho d’une impulsion sonore. On peut utiliser une barre étalonnée à des profondeurs prédéfinies pour ajuster la vitesse du son. L’échosondeur à simple faisceau a habituellement une ouverture entre 8 et 15 degrés. La profondeur moindre n’est pas nécessairement toujours à la verticale, mais elle devrait être sous le bateau en faible profondeur. Le simple faisceau a tendance à agrandir les hauts-fonds et, pour pallier cet inconvénient, l’industrie a développé des systèmes multitransducteurs pour le suivi et l’entretien des chenaux de navigation. L’échosondeur à simple faisceau ne couvre pas tout le fond marin et les systèmes multitransducteurs le font pour de petits secteurs très définis.

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Le sondeur multifaisceaux a été développé à la fin du XXe siècle pour couvrir tout le fond marin à des coûts raisonnables, comme le font les photos aériennes et satellitaires pour les terres. Il dispose de plusieurs centaines de petits faisceaux qui émettent sur une ouverture allant jusqu’à 150 degrés et parfois même plus. Pour le calibrer, il faut utiliser un profileur de vitesse du son dans la colonne d’eau afin de bien positionner chaque profondeur dans les trois axes. Les sondeurs multifaisceaux offrent de bonnes performances de couverture en grandes profondeurs, mais ne peuvent le faire pour le littoral parce qu’ils sont immergés et que les risques de bris et d’échouement deviennent trop grands.

On peut considérer les systèmes aéroportés au laser à la fois comme un plomb de sonde parce qu’il mesure un semis de points et un échosondeur multifaisceaux parce qu’il mesure une fauchée sur la route suivie par l’aéronef. Ils ont l’avantage de couvrir la zone du littoral à très grande vitesse et si un obstacle (eau turbide, météo, glace, etc.) venait à empêcher un levé, on peut se déplacer rapidement pour couvrir un autre secteur en attendant d’y revenir. On peut aussi répéter les mesures au besoin pour densifier le semis de points afin d’atteindre la précision désirée.

De nouveaux systèmes sont aussi en développement ou en cours d’évaluation. Ils serviront peut-être un jour à la mise à jour des cartes marines. Une bouée hydrographique dotée d’un échosondeur et d’un positionnement GPS, développée pour des milieux marins inaccessibles par une embarcation, est en cours d’évaluation par les CIDCO. Les systèmes multifaisceaux ne sont plus seulement l’apanage des embarcations; il existe maintenant un hydravion qui en possède un. La cartographie des petits plans d’eau pourrait en bénéficier afin d’en augmenter leur sécurité et leur achalandage. Pour en savoir plus sur ces deux derniers sujets, je vous réfère à un article paru dans le journal L’Avantage du 24 juillet 2014 (http://bit.ly/1olXKQT).

Toutes les améliorations et tous les développements des systèmes de capture des profondeurs visaient et visent encore aujourd’hui à répondre aux besoins de l’industrie maritime et de la plaisance. Il y a un travail important fait par plusieurs groupes d’intérêt et souvent invisible pour que les données diffusées atteignent une précision métrique et submétrique. Faites connaître vos besoins et toutes les inexactitudes qui sont sur les cartes marines aux autorités compétentes.

Bernard Labrecque
Président
Association canadienne d’hydrographie
Section du Québec
bernard.labrecque@globetrotter.net

*Cette chronique sera publiée dans le magazine Automne 2014 de Québec Yachting.