Québec Yachting

Prestige 500 Flybridge

Maître à bord et chacun chez soi

Photo 1- Prestige 500

Pour certains yachts, c’est parfois comme pour les grands hôtels : quand quatre étoiles ne suffisent plus à faire la distinction, il faut inventer d’autres symboles : palace par exemple. Le Prestige 500 Flybridge pourrait revendiquer une approche de cet emblème. Conçu sur les lauriers du 500 Sport, le fleuron de la flotte à moteur Jeanneau reprend les arguments qui ont donné son bâton de maréchal à son prédécesseur. En y ajoutant ce surcroît d’harmonie et de délicatesse flatteur qui change tout, avec l’ambition de donner à ses propriétaires un confort exceptionnel, quel que soit le temps ou le climat, en capturant de plus en plus de lumière et en offrant un domaine flottant où chacun peut s’isoler et tous se réunir, Jeanneau réussit un pari un peu fou.

Photo 2 - Prestige 500

Dominer l’horizon

Au premier coup d’œil, on devine que peu de changements ont été apportés à la carène du 500 S, déjà parfaitement adaptée aux deux Volvo IPS 600 développant chacun 435 ch. Légèrement plus lourd, le Fly atteint sa vitesse maximum de 29 nœuds un peu moins vite que son modèle d’origine, écart surtout dû au fardage supplémentaire qu’imposent les aménagements du troisième pont. Sa consommation reste aux alentours de 170 litres/heure en vitesse de croisière (24 nœuds), ce qui paraît une bonne performance. La différence principale vient naturellement du dernier pont. Véritable terrasse surplombant l’horizon bien plus que banquette, c’est une sorte d’immense lit de plage qui s’offre aux invités du sommet. À 5 mètres au-dessus de l’eau, protégé par un court pare-brise assurant une parfaite déflection, le sentiment de domination s’empare vite de qui s’est assuré de cette place de choix. Là aussi se trouve la timonerie rapportée, dotée de tous les instruments du poste de pilotage, y compris la manœuvre du guindeau. Sur la plage avant, jouissant de son propre bimini escamotable, très rare sur les vedettes, on découvre un autre solarium. En descendant sept marches joliment taillées dans le bois massif, encastrées dans une sole en inox protégée d’une double rambarde, on accède au cockpit. Prolongement naturel du salon, formant un lounge exceptionnellement agencé, l’endroit est doté d’une table en bois aux bords à doubles chanfreins, flanquée d’une desserte en verre épaisse comme un galet. La plateforme abrite la coupée arrière, escamotable, repliable, d’une robustesse qui n’exclut pas l’élégance indispensable : c’est le premier contact avec le flybridge. À la différence du 500 S, le garage à annexe est remplacé par une cabine de marin ou de skipper, ce qui libère l’espace pour les baigneurs.

Photo 3 - Prestige 500

Un salon de club bostonien

Photo 4 - Prestige 500Enfin, on accède au salon intérieur, qui n’est plus du tout un carré. Havre paisible, ouvert sur 360 degrés, aux hublots délicatement teintés, le salon peut se retrancher dans l’intimité des stores à lamelles, donnant tout son sens à l’architecture intérieure. Ici est l’univers du feutré, des bois blonds et arrondis, des banquettes profondes aux dossiers moelleux. De petits passavants ceinturent cet espace aux allures de club bostonien et permettent de loger livres et bibelots. Car on est là comme à la maison. Même la cuisine, avec ses rangements volumineux et son immense réfrigérateur, autorise de rêver à tous les exploits culinaires. Autre différence avec le 500 S, la cabine propriétaire (ici, on dit « armateur ») possède son escalier personnel qui n’est plus vraiment une descente. La paroi capitonnée protège des à-coups en mer et ouvre sur une chambre qui n’est plus non plus une cabine. Le lit immense (2 x 1,60 m) est perché à hauteur des genoux. Détail capital à bord d’un bateau où nul n’aime se baisser pour s’allonger et encore moins faire de la gymnastique pour se lever. Deux grands hublots dispersent la lumière du large dont on peut sentir les effluves si on ouvre la petite fenêtre encastrée. La hauteur sous barrots dépasse légèrement les deux mètres. Penderie et placards apportent aux coffres logés sous le sommier le volume nécessaire à tout faire disparaître sous la couleur poire mûre des équipements. La touche finale vient de la salle d’eau (qui n’est pas encore une salle de bain, mais faites confiance à Jeanneau, ça viendra) où l’essentiel côtoie le superflu. Entendez, la lumière naturelle qui ne trahit ni le maquillage de Madame, ni le teint de Monsieur, bref l’indispensable du savoir-vivre dans le monde des nantis. Car si la salle d’eau est l’ultime barrière du luxe sur des unités de moins de 20 mètres et peut être la dernière frontière séparant le palace à terre de son dauphin en mer, le 500 Flybridge s’en approche doucement. Rien ici n’est serré, emboîté, escamoté avec plus ou moins de bonheur. Tout, au contraire, est aéré, cristallin, évident. Pas de coudes au corps. Même le siège des toilettes est beau à voir et laisse les genoux loin de l’impitoyable cloison d’en face. Il faut avoir navigué dans ces boîtes à chaussures hâtivement baptisées « yachts » pour saisir la différence. Osons le dire : sans qu’on aime à l’exhiber, c’est bien l’endroit où l’on souhaite avoir ses aisances. Louis XV l’avait claironné assez fort… Les deux autres cabines sont à peine moins ambitieuses. Dernière différence avec le 500 S : la salle des machines est désormais rognée pour laisser la place à un matelot. Autre distinction autorisée sur le 500 Flybridge : se permettre de loger confortablement (accès, toilette et lavabo personnel) un employé à bord, loin des maîtres du lieu et de ses hôtes. Pouvoir offrir cette opportunité sans loger le commissionné dans un réduit insupportable et sans dégarnir l’espace des invités, là est la très grande différence avec ceux qui ressemblent de loin au 500 Flybridge.

FICHE TECHNIQUE
Longueur hors tout : 49 pi 10 po / 15,2 m
Longueur de la coque : 48 pi 11 po / 14,92 m
Tirant d’eau : 3 pi 5 po / 1,05 m
Déplacement lège : 31 085 lb / 14 100 kg
Bau maxi : 14 pi 9 po / 4,5 m
Réservoir d’essence : 343 gal US / 1300 litres
Réservoir d’eau : 168 gal US / 636 litres
Motorisation : Volvo IPS 600 / 2 x 435 ch

Par Thierry Montoriol D’Entrayigues

*Essai publié dans le Spécial Essais 2015 de Québec Yachting.