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La mystique île de Sable

L’île de Sable. Crédit photo : Parcs Canada.

L’île de Sable est une barre de sable en forme de croissant longue de 42 km, mais dont la largeur ne dépasse pas 1,3 km. Elle émerge d’une vaste zone de hauts et de bas-fonds du plateau continental. Ce minuscule croissant de terre canadien gît dans l’immensité de l’océan Atlantique à plus de 90 milles nautiques des côtes de la Nouvelle-Écosse, et plus précisément aux coordonnées 43° 56’ N / 59° 55’ W.

Cette île apparaissait sur les cartes en 1505 sous le nom de Santa Cruz. On retrouve aussi l’île sur des cartes du XVIe siècle sous le nom de I. da Crus et Isolla del Arena. Son nom actuel est apparu en 1546 quand le cartographe portugais Joannes Freire l’a baptisé I. do Sable. Bien que la version Sandy Island ait existé dans les très vieilles cartes, l’île est maintenant connu sous le nom de Sable Island.

En septembre prochain, ce sera la deuxième fois que l’école Voile Mercator abordera cette île mystique. La première fois, il y a déjà plus de 30 ans, elle avait été visitée par le capitaine-instructeur Normand Corbeil du voilier Nord-Sud. Cette fois-ci, ce sera l’étrave du confortable et luxueux voilier Philosoft qui pointera l’île. Son équipage sera composé de deux femmes et de quatre hommes, dont le propriétaire, capitaine et instructeur Guillaume Thériault, qui enseigne au sein de Voile Mercator depuis déjà six ans.

Chevaux sur l’île de Sable. Crédit photo : Parcs Canada.

Réserve de parc national de l’Île-de-Sable

Isolée et lointaine, l’île de Sable est l’une des îles les plus distantes des côtes du Canada. Les célèbres chevaux sauvages qui l’habitent errent librement, alors que la plus grosse colonie de reproduction de phoques gris au monde fréquente ses longues plages. Plus de 350 navires s’y sont échoués en raison de la mer agitée, du brouillard et des barres de sable submergées qui entourent l’île, ce qui a valu à cette dernière le surnom de cimetière de l’Atlantique.

Il s’agit d’un refuge pour un imposant troupeau de phoques gris et communs ainsi que l’unique lieu de nidification du Bruant des prés… un endroit idyllique pour eux! Trois cents espèces d’oiseaux peuvent s’y trouver, dont une dizaine qui y nichent chaque année, comme la Sterne de Dougall et le particulier Bruant d’Ipswich, qui lui niche seulement à l’île de Sable. Cet endroit est mystérieux par son histoire, mais surtout par son paysage, sa faune marine et ses chevaux sauvages. En effet, au beau milieu de l’océan, des chevaux survivent grâce à de petits lacs d’eau douce. Ils auraient été amenés sur l’île, selon certains, au milieu des années 1700. Supposément placés là à l’abri des prédateurs pour qu’ils engraissent et se reproduisent, ils se sont retrouvés au centre de tout un commerce! Depuis protégés par Parcs Canada, ils peuvent maintenant errer en toute sécurité, à l’abri de toute interférence humaine. Seulement de petits groupes comme nous, encadrés par de rigoureuses règles, pourront observer et apprécier cette nature sauvage!

C’est également un lieu de dunes qui se font et se défont au gré des vents et des marées! Certaines voyagent au fil des ans d’une extrémité de l’île à l’autre. Un véritable désert balayé par le vent.

Notre navigation prévue de 160 milles au départ d’Halifax portera certes son lot de défis. La navigation par quart sera nécessaire pour franchir ses quelque 24 à 30 heures de navigation selon les conditions. La météo demeure toutefois le paramètre le plus important, car c’est une météo favorable qui nous assurera un mouillage sécuritaire au nord de l’île et la procédure d’abordage pourrait devenir périlleuse si des déferlantes venaient à se former.

L’arrivée sur l’île sera spectaculaire et appréciée de tous! Cette expérience nous apportera une foule de souvenirs qui demeureront gravés dans notre mémoire pour le reste de notre vie!

L’île de Sable. Crédit photo : Sarah Medill.

QY : Pourquoi naviguer près de l’île de Sable?

GT : « J’ai entendu parler de cette île, je crois, il y a trois ans lors d’une discussion dans le cockpit avec mon ami et collègue Normand Corbeil, avec qui j’apprends et j’apprécie beaucoup naviguer. D’ailleurs, nous naviguerons encore cette année en flottille, en juillet prochain, pour une formation de stage avancé de 18 jours, vers Terre-Neuve, une destination qui devient tout comme les Îles-de-la-Madeleine, le Nouveau-Brunswick, et maintenant la Nouvelle-Écosse et la côte Est, un incontournable pour Voile Mercator.

 Nous partirons deux voiliers et deux instructeurs avec huit stagiaires tous assoiffés d’apprendre dans des conditions qui peuvent s’avérer parfois difficiles, mais qui sévissent dans une région merveilleuse à découvrir de par ces gens, son écosystème, ses nombreux fjords et sa nature plus grande que nature!

 Revenons à cette petite île située sur la route du Gulf Stream. En fait, elle se trouve plus précisément dans la zone de rencontre du courant du Labrador et de celui du Gulf Stream, ce courant marin qui longe la côte Est de l’Amérique du Nord. Ce qui fait d’elle un endroit difficilement accessible, ceci en considérant les facteurs de navigation complexe, les courants, le brouillard, la météo difficile et ses nombreux hauts-fonds.

 En fait, l’abordage de ce petit croissant de sable exposé et soumis aux conditions extrêmes de l’Atlantique Nord est pour moi, après avoir atteint les Bermudes en 2018, à ce jour la possibilité de mettre en œuvre toutes mes connaissances dans un cadre formatif.

C’est après avoir entrepris de longues démarches et procédures très précises auprès de Parcs Canada, qui protège maintenant ce lieu mystique et magique, que fut déposée une demande afin d’obtenir le privilège de visiter cette île, tout en s’assurant de veiller à protéger son écosystème fragile. »

Voilier Philosoft, un Bénéteau 411.

Le voilier

L’achat du voilier Philosoft, un Bénéteau 411, a été effectué en 2016. Depuis ce temps, celui-ci a été équipé de manière complètement moderne et comprend des instruments électroniques, un radar, un AIS émetteur/récepteur, un GPS, une balise de détresse, un radeau de survie, une garde-robe de voile ainsi que tout le confort intérieur avec ses trois cabines doubles, sa grande cuisinière et son réconfortant chauffage à air pulsé. Tous ces éléments en font un voilier de grande croisière très apprécié.

Qui est Guillaume Thériault?

Depuis 1981, la mission de Voile Mercator est celle-ci : « Formateurs de marins, Créateurs de rêves ». Guillaume correspond bien à cette philosophie.

« C’est bien parce qu’un jour des passionnés de l’école Voile Mercator ont su me transmettre leur passion et leur amour pour la voile, que j’ai la grande joie aujourd’hui de pouvoir vous faire partager mon expérience! »

Mon parcours a tout de même été rapide au sein de la voile, compte tenu que j’ai débuté en voile croisière en 2011 par un stage de niveau élémentaire sur le fjord du Saguenay avec l’école Voile Mercator. Par la suite, les formations intermédiaire et avancée se sont succédé avec cette même école. Voilà un rêve était né… je suis devenu un Marin!

« Je suis présentement en processus pour l’obtention de mon niveau d’instructeur voile croisière avancéon m’aurait dit ça il y a huit ans et j’aurais eu de la difficulté à y croire! La formation, ça marche! »

Je cumule à mon CV marin déjà plus de 20 000 milles nautiques en navigation de toutes sortes. Mon plaisir de voyager et mon enthousiasme à humblement redonner, voilà ce qui, au-delà de mes rêves les plus fous, m’a amené à gagner ma vie à voyager, découvrir, servir et former à mon tour des marins.

Être membre de la Coop Voile Mercator me permet de m’épanouir pleinement avec un nouveau mode de vie.

« La vie de marin, c’est un beau métier! »

Par Guillaume Thériault, S/V Philosoft

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Été 2019 de Québec Yachting. Abonnez-vous au www.quebecyachting.ca/abonnement-numerique, c’est GRATUIT!