Québec Yachting

Pierre-Olivier Forest-Hivon et Héra Ménard du Le Voilier Orange sont de retour des Bahamas!

De gauche à droite : Pierre-Olivier Forest-Hivon, Héra Ménard et Martin.

En juin 2018, Pierre-Olivier Forest-Hivon et Héra Ménard sont partis de la Marina de Repentigny à bord de leur bateau, Le Voilier Orange, afin de se rendre aux Bahamas. Le jeune couple, en compagnie de Martin, leur chat, a navigué sur le Saint-Laurent dans le but d’effectuer un détour par la Nouvelle-Écosse, sachant très bien que cela allait leur prendre beaucoup plus de temps et d’énergie que de faire route vers la rivière Hudson. Plus de 3500 milles nautiques (6482 km) plus tard, ils ne regrettent pas du tout leur choix puisque tous leurs coups de cœur se situent dans la portion du voyage, en eaux froides, au nord de New York.

Trajet du Le Voilier Orange.

Avant le départ

Pierre-Olivier a acheté Le Voilier Orange à Tadoussac, en janvier 2017. Son ancien propriétaire, Sylvain Fortier, avait fait un tour du monde en solitaire avec ce bateau, il y a quelques années. Ce dernier a donc du millage dans le sillage! Auparavant, Pierre-Olivier possédait un Pearson, mais dès qu’il a vu ce voilier à vendre, il a sauté sur l’occasion puisqu’il savait que ce modèle était prêt à aller loin. Avant de partir, près de 10 000 $ ont été investis en réparations, améliorations et équipements afin qu’il soit vraiment à leur goût. Le voilier est donc muni d’éléments tout neufs : radeau de survie, réfrigérateur, annexe, parc de batteries, nouvelle peinture et plus encore! Le travail sur le bateau a commencé en mars et, la veille du départ, en juin, il était assez prêt pour amorcer le début du voyage.

Le Voilier Orange dans les Bahamas.

Entrevue avec Pierre-Olivier et Héra

QY : J’aimerais en savoir davantage sur vous deux. Avant de partir, aviez-vous de l’expérience en navigation? Aviez-vous suivi des cours de navigation?

Po et H : « Il y a dix ans, Pierre-Olivier a fait ses premiers pas sur le Dufour 31 d’un ami sur le lac Champlain. La piqûre a été instantanée. Il a cumulé les sorties au lac pendant quatre ans pour ensuite faire son brevet de navigation élémentaire avec les Blanchons, à Saint-Martin. La même année, il a acheté son premier dériveur, un CL Code 40, sur lequel il a navigué seul sans relâche durant un été. L’automne suivant, il a fait son baptême de haute mer dans un convoyage pour les Blanchons, entre Halifax et les Bermudes, sur leur ancien Dufour 43, Pléioné. Il s’est acheté, l’été d’ensuite, un Pearson 26 1969 au lac Champlain sur lequel il a navigué entre le lac et Trois-Rivières. L’automne suivant, il a fait deux convoyages : New York à Nassau par la mer et Baltimore à Saint-Kitts. L’automne suivant, il s’est envolé en France pour faire sa première transatlantique, La Rochelle ̶ Annapolis, sur un Fontaine Pajot 43. À l’été 2017, il a ramené Le Voilier Orange de Tadoussac jusqu’à Repentigny et a débuté cette aventure à l’été 2018. Pierre-Olivier cumule maintenant plus de 13 000 milles nautiques (24 076 km).

Héra, de son côté, avait déjà fait quelques navigations sur le fleuve, entre Québec et Tadoussac, avant le voyage. La mer l’ayant toujours inspirée, elle rêvait de faire un voyage de la sorte bien avant que Pierre-Olivier lui propose celui-ci. Elle cumule maintenant plus de 3500 milles nautiques! »

La grande baie Saint-Nicolas.
Pierre-Olivier Forest-Hivon au Cap-Breton.
L'Île d'Entrée, Îles de la Madeleine.
Le Bic, Rimouski.
Le rocher Percé, Gaspésie.
Lac Bras d'Or, Nouvelle-Écosse.
Rockport, Massachusetts.

QY : Quels ont été vos endroits coups de cœur?

Po et H : « Nous avons eu la chance de découvrir plusieurs endroits magnifiques et c’est difficile de choisir! La côte nord du fleuve est magnifique. On y retrouve quelques mouillages qui marquent l’esprit, comme à l’anse Saint-Pancrace et dans la grande baie Saint-Nicolas! Ce sont vraiment des incontournables. Nous avons aussi adoré les îles de la Madeleine pour leurs paysages hors du commun. Les caps de roches rouges sont vraiment impressionnants et on les voit de loin lorsqu’on arrive par la mer. Le Cap-Breton en Nouvelle-Écosse est aussi un lieu incroyable. On y retrouve des montagnes fabuleuses! On a eu la chance de traverser le majestueux lac Bras d’Or dont nous sommes tombés amoureux. Nous avons également beaucoup aimé un petit port de pêcheurs sur la côte est américaine, que l’on appelle Rockport. C’est l’endroit où le film La tempête a été tourné. L’officier de port nous a généreusement accueillis alors que l’on rentrait de l’océan qui devenait particulièrement agité. »

QY : Avez-vous vécu des difficultés? Si oui, lesquelles?

Po et H : « Il n’est pas simple de vivre sur un bateau, surtout quand il fait froid. Premièrement tout moisi. Ensuite, les longues navigations de nuit, quand la température frôle le point de congélation et que les conditions de mer ne sont pas optimales, sont très difficiles. Parfois, ça a même un impact sur notre moral. Mais bon, chaque fois que nous arrivions à un nouveau mouillage pour nous reposer, on oubliait tout tellement on était satisfaits de l’effort.

Pierre-Olivier a eu un problème de moteur lors d’une navigation en solitaire dans Long Island à New York. Après une longue journée de navigation dans des conditions de vents forts, une écoute de génois s’est coincée dans l’hélice du moteur lors du démarrage… directement devant le port où il arrivait. Vu l’état de la mer, les compagnies de remorquage ne voulaient pas lui porter assistance. Il faut remercier de tout cœur la Coast Guard américaine qui lui a donné un bon coup de main. »

QY : Comment s’est passé la navigation à bord avec un jeune chat?

Po et H : « Ça se passe super bien! Martin (notre chat) a vite compris que lorsqu’on navigue, il doit rester dans le cockpit avec nous. Pas le droit d’aller s’aventurer sur le pont. Quand ça devient plus rock and roll, on le rentre même à l’intérieur. On a vraiment un bon chat! Il écoute et rapporte même la balle! Le seul désagrément… la litière. Il faut vraiment être assidu parce que dans un petit environnement comme un bateau, ça peut vite être dérangeant. Mais en gros, c’est génial d’avoir un animal à bord. Ça change complètement la dynamique et lors des grosses traversées, quoi de plus réconfortant qu’un petit chat tout chaud qui vient se coller sur vous pendant la partie repos de votre quart de nuit? »

Georgetown, Bahamas.

QY : Auriez-vous des conseils à donner à ceux qui voudraient se rendre dans les Antilles ou les Bahamas?

Po et H : « On en aurait plein. On pourrait faire une vidéo juste là-dessus! C’est certain que le trajet qu’on a fait est différent de la route habituelle vers les Bahamas, mais quasiment tous les bateaux pourraient le faire. Il suffit d’avoir du temps et de la volonté. On a des copains qui nous ont suivis jusqu’à l’extrémité ouest de la Nouvelle-Écosse avec un 26 pieds. Il faut cependant être prêt à affronter des conditions de mer qui peuvent être parfois sérieuses, même en été… et en automne, ça se corse vraiment. C’est l’océan Atlantique quand même! Mais avec un bateau bien préparé et en ayant du temps devant soi, on peut trouver de bonnes fenêtres météo. Le meilleur truc, c’est d’être tôt dans la saison et de ne pas se faire attraper par l’automne! Il faut par contre s’attendre à avoir de la houle considérable au large! La traversée de la baie de Fundy est aussi un beau défi. On y retrouve beaucoup de courant de marée et les vents peuvent devenir forts assez vite, et tout ça sans compter les milliers de bouées de pêcheurs qu’on retrouve à plus de 50 milles des côtes américaines. Notre traversée s’est par contre bien passée, même si nous avons eu des conditions de vents soutenus. C’est comme ça qu’on devient marins après tout! »

QY : Comment trouvez-vous l’utilisation de Patreon? Est-ce que cela vous a aidé à financer votre voyage?

Po et H : « On ne comptait pas là-dessus pour financer notre voyage, mais si ça peut nous aider à continuer plus longtemps qu’on avait prévu, pourquoi ne pas le faire? On aime beaucoup faire des vidéos et on pense que les gens aiment ce moyen de suivre notre aventure. Tant mieux s’ils veulent nous encourager à continuer. Certaines personnes paient des montants parfois exorbitants qui vont dans les poches de grosses compagnies pour avoir tel ou tel poste de télévision. Pourquoi ne pas soutenir des créateurs indépendants de chez nous! Le lien est plus direct et beaucoup plus personnalisé : nos Patreons on les connaît tous par leur nom et on est super reconnaissants envers eux. »

Le Voilier Orange à Tadoussac.

Le Voilier Orange est maintenant en République dominicaine, tandis que Pierre-Olivier et Héra sont de retour au Québec. Pierre-Olivier s’est foulé la cheville, donc la remontée du bateau ne s’effectuera pas avant l’automne ou l’hiver. Pendant l’été, Héra sera sur la route pour des spectacles et enregistrera son deuxième album pendant que son copain travaillera à la marina de Tadoussac.

Vous pouvez suivre leurs prochaines aventures sur Facebook et YouTube et les encourager en devenant un Patreon.

Article : Par Joani Hotte-Jean

Photos et vidéo : Par Pierre-Olivier Forest-Hivon et Héra Ménard, Le Voilier Orange

Cet article a été publié dans le magazine Printemps 2019 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est gratuit!