Québec Yachting

La navigation sur le Saint-Laurent

Bonaventure. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

À l’automne 2018, Québec Yachting a assisté à la formation La navigation sur le Saint-Laurent d’une durée de 12 heures donnée par Pierre Lefebvre à l’École de navigation de la Société de sauvetage.

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Retour dans le temps

-Est-ce que notre voilier de 23 pieds peut se rendre à Québec?

– Votre bateau, oui. Vous, je ne le sais pas.

Voilà un des premiers échanges entre Pierre Lefebvre et son professeur de navigation côtière en 1987. Plusieurs années plus tard, celui-ci revenait d’un voyage de sept ans autour de l’Atlantique.

La brume à Port-au-Persil. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

Une navigation qui n’est pas de tout repos

La navigation sur le Saint-Laurent est considérée comme étant l’une des plus difficiles des eaux intérieures du monde. Celle-ci peut s’avérer longue et quelquefois agitée, souvent suivie de moments de calme presque mystiques. Il faut cependant apprendre à jouer avec les courants et les marées qui sont présentes à partir du lac Saint-Pierre, s’écarter des cargos et surveiller la météo qui peut changer rapidement.

« Aller aux Îles-de-la-Madeleine et revenir dans la région de Montréal, c’est une bonne école avant de traverser l’Atlantique ou de se rendre aux Bahamas. »

Voici le coin de navigation sur Pierre de Lune II. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

Avant de partir

– Vous devez bien connaître votre consommation de carburant puisque vous devrez beaucoup utiliser votre moteur. Sur un voilier, vous descendrez le courant à voile (aller), mais le monterez au moteur (retour). Prévoyez remplir un bidon de carburant en réserve et possiblement avoir le matériel nécessaire pour effectuer au moins un changement d’huile. Avec son faible tirant d’eau, un bateau à moteur pourra s’approvisionner tout au long de la route. Vous devrez cependant user de prudence pour accéder à certains endroits à marée basse.

– Vous trouverez plusieurs marinas et divers services jusqu’à Québec. Par la suite, ceux-ci seront de plus en plus espacés, mais quand même accessibles.

– En cas d’urgence, voici une liste d’outils indispensables : tournevis, pinces, pince-étau, marteau, clés anglaises, clés hexagonales, multimètre. Sur un voilier, ajoutez de petits accastillages et un nécessaire de réparation de voile.

– Ayez toujours deux ancres : une principale et une en réserve. Les fonds sur le Saint-Laurent sont variables : glaise, vase, herbiers ou roc.

– Après Québec, prévoyez un minimum de 75 m (200 pi) de mouillage, 75 m (200 pi) de câblot et 50 m (150 pi) de chaîne.

– L’annexe n’est pas nécessaire, mais il peut être utile pour explorer les alentours ou divertir les enfants.

– Votre équipement de navigation devrait idéalement comprendre : une radio VHF fixe, un GPS fixe, un loch, un échosondeur, un réflecteur radar, quatre amarres d’un minimum de la longueur du bateau (deux de chaque côté), une rallonge électrique.

Voici une liste d’articles qui, quoique non indispensables, amélioreront votre confort et votre sécurité : un pilote automatique, un GPS portable (utile après L’Isle-aux-Coudres) et une radio VHF portable, des haut-parleurs extérieurs, un anémomètre, un radar et des jumelles.

L’Atlas des marées est un indispensable! Sur les voiliers la grand-voile devrait idéalement avoir deux prises de ris. Le génois sur enrouleur doit être roulé serré et avoir plusieurs tours morts sur la bosse d’enrouleur. Vous verrez très peu de spinnakers après Québec.

Il est préférable de porter des harnais de sécurité. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

– Pour la sécurité, il est préférable de porter des harnais de sécurité et d’installer des lignes de vie lors de la navigation de nuit, par gros temps et en eau froide. Vous avez un chien? Attachez-le au bateau. Les filets ne sont pas beaux, mais sécuritaires avec des enfants ou un animal de compagnie.

Mousse près du filet. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

– Avant de partir le matin, écoutez la météo en continu sur les voies WX 1, 2, 3 et regardez ou écoutez les avis aux navigateurs sur la radio maritime continue (voies 24, 26, 83, 87, WX8, WX9 selon la région). Au www.notmar.gc.ca, vous pouvez vous abonner aux mises à jour des cartes marines.

– Pour votre tranquillité d’esprit, transmettez à la Garde côtière un plan de route et mettez-le à jour. N’oubliez pas de le fermer lorsque vous arrivez.

– Sachez où se trouvent les cargos selon votre zone de navigation (voie 9 ou autre) et conservez une distance de 50 m. Un petit truc : si vous voyez la timonerie, le timonier vous voit.

– Vous devez avoir les cartes papier à jour des endroits où vous naviguerez, c’est la loi. En ce qui concerne les cartes électroniques, maintenez-les à jour. Celles-ci sont utiles et faciles à utiliser. Par contre, vous ne pourrez y avoir accès en cas de panne d’électricité.

– Les vêtements seront variables selon votre destination. Prévoyez du linge d’été et du linge chaud : polars, coupe-vent, cirés, gants, mitaines, tuques et bottes. Une couverture de polar pourrait être utile dans le cockpit pour veiller au clair de lune.

– Pour gagner du temps, faites l’épicerie avant votre départ. D’un autre côté, vous n’aurez aucun problème d’approvisionnement tout au long de votre parcours. Prévoyez des collations, du lait en poudre ou qui se conserve sans réfrigération et des pots Mason.

Pierre de Lune II. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

La navigation

En voilier : Vitesse moyenne 4 à 5 nœuds.

En bateau moteur : Vitesse moyenne 10 à 12 nœuds après L’Isle-aux-Coudres.

Votre destination finale dépendra du temps dont vous disposez. Prévoyez 1/3 du temps pour l’aller, 1/3 pour le retour et le dernier 1/3 vous servira de tampon pour visiter, attendre une météo favorable ou tout simplement profiter du paysage.

Si vous êtes en couple, vous pouvez prévoir en alternance, une journée à la barre et une journée de manœuvres. Soyez réaliste dans votre but à atteindre, évitez les rendez-vous et l’obligation de vous dépêcher au retour. N’oubliez pas de mettre à jour votre journal de bord. Cela pourra vous servir au retour. Effectuez votre planification en fonction des marées, de la météo et de l’humeur de votre équipage. Ne soyez surtout pas gênés de questionner les locaux, ils connaissent leur région comme le fond de leur poche!

Les différentes étapes peuvent être longues, quelquefois entre 10 et 12 heures pour un voilier. Vous devrez donc prévoir des repas rapides en navigation. Il est aussi préférable de prévoir un plan B pour chaque étape. Des escales intermédiaires? Retour au point de départ? Selon les marées, planifiez vos départs et arrivées et sachez utiliser les courants à votre avantage. Prévenez la marina à votre arrivée avec la radio VHF (au 68 ou 71) ou avec votre téléphone portable… et surtout vérifiez leurs heures de service.

De Montréal aux rapides du Richelieu

Le courant de rivière est variable selon les marées après le lac Saint-Pierre. Celles-ci ne sont pas souvent au zéro des cartes. Le marnage (différence entre la marée haute et la marée basse) débute à Trois-Rivières. Cette section est propice aux mouillages forains. Vous pouvez vous approcher de la berge et jeter l’ancre. Il est préférable de s’éloigner de la voie maritime pour éviter les vagues. Les bateaux moteurs peuvent être nombreux, surtout la fin de semaine. Les nuits sont calmes.

De Montréal à Sorel

Il y a deux chenaux. Le premier est un chenal commercial où le courant est plus fort. C’est cependant un trajet rapide et direct à l’aller. Le deuxième est un chenal pour les petites embarcations. Le courant y est plus faible. Le trajet est plus long, mais plus rapide lors du retour.

Même si plusieurs marinas offrent un excellent service, pourquoi ne pas profiter du calme de la région pour mouiller à l’abri d’une des îles? Il ne faut surtout pas manquer les îles de Sorel qui offrent un décor aussi beau que celui des Mille-Îles.

De Sorel aux rapides du Richelieu

À partir du lac Saint-Pierre, c’est le début des longues navigations. Le courant est faible et il y a du clapot quand le vent souffle du nord-est. Vous devez suivre le chenal. Si vous naviguez de nuit, attention aux feux des bouées et des phares à Yamachiche, ceux-ci peuvent porter à confusion. Certains endroits sont plus difficiles à rejoindre, comme le Club nautique de la Batture à Nicolet, où il n’y a pas beaucoup d’eau.

À Trois-Rivières, les courants sont plus forts et varient avec les marées, particulièrement à l’embouchure de la Saint-Maurice et à Cap-de-la-Madeleine.

Batiscan. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

Les marinas de Batiscan, de Deschaillons et de Portneuf offrent les meilleures places pour attendre la renverse de marée aux rapides du Richelieu. Le mouillage idyllique à l’entrée de la rivière Batiscan offre une protection sécuritaire en tout temps, peu importe la météo.

Sentinelle sur câblot. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

Des rapides du Richelieu au Saguenay ou à Rivière-du-Loup

À partir de ce moment, vous devez prévoir votre navigation selon les heures des marées, puisque c’est le début des renverses de courants de marée. La navigation de nuit est possible et même probable pour les voiliers, car suivre les bouées est plus facile et plus sécuritaire. Les marinas sont plus éloignées les unes des autres. Lors des mouillages, faites attention au marnage qui peut atteindre six mètres, le courant peut être fort et il change de direction à la renverse de marée. Vous devriez prévoir une sentinelle pour éviter que le câblot ne se prenne dans la quille des voiliers.

Aux rapides du Richelieu, vous devez faire attention car le chenal ne mesure que 250 m de large et il n’y a presque pas d’eau sur les côtés. Restez bien au milieu. Méfiez-vous du feu de l’île Richelieu, il est fort et trompeur. Changez votre alignement vers la bouée Q-73. Si un cargo se pointe, laissez-lui la route.

De Québec à Cap-à-l’Aigle, c’est l’étape la plus longue. Pour la raccourcir, vous pouvez partir d’un mouillage près du pont de l’île d’Orléans, de la pointe Argentenay, du côté sud de l’île ou des marinas de Saint-Laurent-de-l’Île d’Orléans et de Saint-Michel.

La rive nord est la préférée de Pierre Lefebvre. Elle se fait en une seule et longue étape. Les paysages de la région de Charlevoix sont grandioses.

Vous pouvez effectuer un mouillage sur les battures de L’Isle-aux-Coudres, mais vous ne pouvez pas la visiter sans laisser le bateau au mouillage. C’est aussi le début du parc marin du Saguenay–Saint-Laurent, où vous pourriez voir entre autres des bélugas, des phoques et même, un peu plus loin, des baleines. Assurez-vous de conserver les distances réglementaires sous peine d’amendes assez salées.

Sur la rive sud, les mouillages sont possibles, mais sachez qu’il y a un fort courant et que l’amarrage n’est pas possible à Grosse-Île dans l’archipel de Montmagny.

De Cap-à-l’Aigle au Saguenay, l’eau se refroidit et c’est la route des baleines. Au mouillage, les vents sont souvent légers du secteur nord-est à nord-ouest, mais méfiez-vous du marnage. À Port-au-Saumon des roches bloquent l’entrée. À Port-aux-Quilles, vous serez protégé des vents du nord-est à nord-ouest. Tout comme à Tadoussac, l’eau y remonte vite et il y a des roches près de la surface de l’eau à marée basse.

Les paysages valent le détour au Saguenay, mais entrer et sortir de la rivière n’est pas toujours facile. Vous pouvez mouiller à plusieurs endroits dans le fjord, mais ce n’est pas simple puisque l’eau est souvent profonde, sans oublier les vents et les courants.

Le Bas-Saint-Laurent et la Côte-Nord

Vous n’avez plus à vous préoccuper de la renverse des courants de marée. Le courant est plus fort sur la rive sud que sur la rive nord. Sur la côte sud, un contre-courant permet de remonter plus facilement vers l’amont : suivez l’isobathe entre 30 m et 100 m (100 à 300 pi). De Matane à Rimouski, le courant se trouve entre quatre et cinq milles au large et à Sainte-Anne-des-Monts à un mille au large. Ailleurs, vous pouvez naviguer entre 30 m à 100 m de la berge pour le trouver.

Petit Mitis. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

Sur la rive sud, il est préférable de mouiller au nord de l’île du Bic où le courant est moins fort. Pour traverser vers la rive nord, il vaut mieux passer à l’ouest de l’île Biquette, pour éviter le clapot. Vous obtiendrez une protection des vents du nord-est à la baie des Ha! Ha! et une du sud-ouest dans le havre du Bic.

Petit Mitis. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

L’anse du Petit Mitis offre un mouillage très tranquille : mieux vaut viser le centre de la baie, puisqu’à gauche il y a un fond de sable et vers le phare, il y a un fond de roc. En juillet et août, vous y assisterez à un concert de loups-marins qui se font la cour. Près du port de Matane, pour un arrêt rapide, mouillez à l’est de la jetée. Sinon, pourquoi ne pas profiter de l’hospitalité de la marina?

Sur la rive nord, vous pouvez mouiller à la baie Verte et au havre Colombier; le côté nord-ouest vous protège des vents ouest et nord-ouest.

Gaspé. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

La Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine

Les courants présents seront ceux du Labrador, au nord, ou de Gaspé, au sud. Ce dernier variera en force et en direction selon les marées. Le courant est fort dans la région de Mont-Louis. La nuit, des vents catabatiques peuvent y souffler. En cas de mauvais temps, il est préférable de naviguer à cinq milles des côtes sur la rive sud, pour éviter des coups de vent. Au cap Gaspé, il y a du courant et les vents ont tendance à tourner. Il faut aussi se méfier devant Percé.

Pour mouiller, les Méchins offrent une bonne protection et une bonne tenue, sauf si les vents soufflent du secteur nord et nord-est. Au Mont-Louis, préférez la gauche (en regardant vers la plage); faites attention aux casiers à homards. À Gaspé, le banc de sable offre une bonne protection sauf par vents forts d’ouest ou du nord-ouest. Si c’est le cas, préférez le creux au sud-ouest.

Aux Îles-de-la-Madeleine, il faut changer l’heure et il n’y a presque pas de marées. Les vents dominants sont du sud-ouest ou de l’ouest près de la côte gaspésienne. Il est préférable de naviguer lorsque les vents ne dépassent pas les 20 nœuds. Si possible, un voilier devrait partir en arrière d’un front froid pour bénéficier des vents portants.

Sentier de la statue, Parc national du Fjord-du-Saguenay. Crédit photo : Joani Hotte-Jean.

Les endroits à visiter

 Chaque arrêt présente un attrait particulier. À vous de le découvrir en questionnant les flâneurs sur les quais ou plus simplement en vous rendant au kiosque d’information touristique. Il y a toutefois des incontournables.

  1. Québec. Avec ses festivals, ses musées, ses lieux historiques, cette ville peut constituer, à elle seule, le but de votre voyage.
  2. Cap Trinité. Si votre condition physique vous le permet, empruntez l’escalier qui mène à la statue de la Vierge. La vue sur le fjord du Saguenay vaut l’effort.
  3. Gaspé. Son Festival Musique du Bout du Monde attire une foule de touristes en août. Ne manquez pas, à quelques kilomètres du centre-ville, le Site d’interprétation Micmac de Gespeg. Par une journée ensoleillée, les  guides vous feront découvrir les us et coutumes des premiers habitants de notre pays.
  4. Le tour de l’île Bonaventure. Vous pouvez visiter la plus grande colonie de fous de Bassan accessible aux humains. Par contre, vous devrez prendre une navette ou un taxi pour vous rendre à Percé, car il n’y a aucune marina.

L’île du Pot-à-l’Eau-de-Vie. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

Les plus beaux mouillages

  1. L’archipel des îles de Sorel. Le calme et la beauté sauvage permettent un repos bienvenu avant d’entreprendre la grande aventure sur le fleuve.
  2. L’embouchure de la rivière Batiscan. Vous offre un des endroits les plus sécuritaires, peu importe la météo, pour passer une nuit calme.
  3. L’île du Pot-à-l’Eau-de-Vie, en face de Rivière-du-Loup. Situé en plein milieu du parc marin du Saint-Laurent, ce mouillage, plus facile à prononcer sous son vocable anglais de «Brandy Pot», vous donne la possibilité, avec un peu de chance, de rencontrer vos premiers bélugas.
  4. L’anse du Petit-Métis. Vous protégera des vents du sud-ouest, vous laissant dormir plusieurs nuits seuls, entourés d’une colonie de loups marins. Durant sa nuit la plus achalandée qu’il y a passée, Pierre de Lune II n’avait que deux voisins.
  5. La baie de Gaspé. Après avoir rencontré des phoques et, avec un peu de chance, quelques baleines, plusieurs endroits attendent votre ancre. Surtout, l’eau plus chaude vous permet enfin une baignade autour du bateau.

Un phoque. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

Les marinas où il faut s’arrêter

Toutes les marinas méritent qu’on s’y arrête au moins une fois. Impossible de choisir laquelle vaut le détour. Chacune possède son charme propre et offre des possibilités de découvertes et de rencontres inoubliables. Voici quand même quelques endroits à mettre à votre agenda.

  1. Lévis. La vue du cap Diamant, la nuit, compense largement l’obligation de prendre le traversier pour se rendre dans la capitale.
  2.  Bergeronnes. Sa position, à l’extérieur de l’embouchure du Saguenay, permet des départs plus faciles autant vers l’amont que vers l’aval. Par une nuit calme, le souffle des baleines s’entend du quai fédéral.
  3. Matane. L’accueil qui vous attend compense pour la réputation, surfaite, d’accès difficile à marée basse. Un simple appel par VHF permettra au préposé de vous indiquer à quel moment vous pouvez entrer.
  4. Petite-Rivière-Madeleine. Bel exemple qui prouve que l’arrêt inoubliable ne dépend pas de la grandeur des installations.

Rivière-Madeleine. Crédit photo : Pierre Lefebvre.

Astuces en rafale

– L’erreur à éviter : vous faire peur. Ne tentez pas, à tout prix, d’atteindre le but que vous vous fixez au départ. Si, un matin, l’un des membres de l’équipage ne se sent pas prêt à partir : RESTEZ SUR PLACE. Par exemple, lors de son premier voyage d’une semaine, sur le fleuve, Pierre Lefebvre comptait se rendre de Boucherville à Québec. L’aventure s’est agréablement terminée à… Sorel.

– Vous souhaitez visiter les Maritimes? Parler anglais est un atout. Sur l’eau, si vous avez un problème, la Garde côtière parle en français.

Vous pouvez voir des mammifères marins à partir de Saint-Siméon ou Kamouraska, et davantage, à partir de Tadoussac; il est recommandé de faire fonctionner votre moteur ou d’utiliser un échosondeur pour éviter tout problème. N’oubliez pas de conserver une distance minimale de 100 MÈTRES, voire de 200 MÈTRES selon les endroits, avec ce type d’animal.

– À partir de Saint-Jean-Port-Joli, vous ne croiserez presque plus de plaisanciers. Vous devrez donc être autonome à partir de ce moment. Les gens de la Garde côtière demeurent vos anges gardiens.

– La navigation de nuit devrait être facile, sauf dans les grands ports de Montréal, Trois-Rivières et Québec. Attention, les bouées ne sont pas toujours munies de lumières.

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Merci à l’École de navigation de plaisance de la Société de sauvetage de m’avoir permis d’assister gracieusement à la formation La navigation sur le Saint-Laurent. Le professeur Pierre Lefebvre donne aussi les cours Entretien, trucs et astuces, loin de tout, Hivernage d’un voilier, RadiotéléphonieVHF/ASN et Lecture de cartes marines  ̶  Papier et Électronique. Consultez le www.coursdenavigation.com pour consulter l’horaire des cours.

Pierre Lefebvre lors de la formation La navigation sur le Saint-Laurent. Crédit photo : Joani Hotte-Jean.
Formation La navigation sur le Saint-Laurent. Crédit photo : Joani Hotte-Jean.
Formation La navigation sur le Saint-Laurent. Crédit photo : Joani Hotte-Jean.
Formation La navigation sur le Saint-Laurent. Crédit photo : Joani Hotte-Jean.
Formation La navigation sur le Saint-Laurent. Crédit photo : Joani Hotte-Jean.

Qui est Pierre Lefebvre?

Pierre Lefebvre pratique la voile depuis plus de 45 ans. Il sillonne le fleuve, de Niagara aux îles de la Madeleine, depuis plus de 25 ans, pour un total de plusieurs milliers de milles nautiques.

À son retour d’une année sabbatique, en 2000, il déplace le port d’attache de son voilier Pierre de Lune II, de la région de Montréal vers la région de Québec. En 2005, avec son épouse Lucette Provost, il quitte le Canada pour un voyage de sept ans qui le mènera de la côte Atlantique de l’Europe, à Buenos Aires, en Argentine. Il reviendra au Québec après un passage dans la mer des Caraïbes, jusqu’au Panama. Habitué aux grands horizons, il déménage le port d’attache de Pierre de Lune II à Matane, puis finalement à Gaspé.

Comme tout navigateur, il ne compte plus les anecdotes, heureusement sans conséquence graves, qui lui sont arrivées. Par contre, durant les deux journées de son cours, il les utilise pour vous permettre de naviguer, en toute sécurité, sans commettre les mêmes erreurs. En rappelant les moments d’extase qu’il a vécus, il espère vous communiquer son amour pour notre beau et grandiose fleuve Saint-Laurent. Vous pouvez visiter son site internet au https://pierredelune2.com!

Vous souhaitez en savoir davantage sur le Saint-Laurent? Lisez l’article Le majestueux Saint-Laurent publié dans le magazine Printemps 2020.

Par Joani Hotte-Jean

En collaboration avec Pierre Lefebvre

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Cinq anecdotes

François Meyer, Atlas Ocean Racing.

Maxime Grimard, skipper et cofondateur de l’équipe de Voile Atlas, effectue le trajet Québec – Halifax plusieurs fois par année depuis quatre ans et les anecdotes sont nombreuses.

1) Étant arrivé au Canada par la mer en 2014 et non par avion, chaque fois qu’il arrête à Rivière-au-Renard pour une escale ou qu’il arrive à Québec de nuit, il repense à son arrivée avec Georges Leblanc après avoir effectué une traversée bien mouvementée de l’Atlantique et à sa sensation de mission accomplie en amarrant le voilier au quai extérieur de la marina du Vieux Port.

2) Les escales à Rivière-au-Renard sont pleines de bons souvenirs aussi : les douches et les poutines bien chaudes après une navigation bien froide ou les rencontres extraordinaires, comme Le Manguier partant en expédition arctique, ou le Team Arkema avec leur Multi50 venant se mettre à l’épaule sur leur VO60, le temps de laisser passer un coup de vent au large.

Eddy Lowinski, Atlas Ocean Racing.

3) Les seules fois de sa vie où il a vu des aurores boréales, c’est au large de la Gaspésie, en fin de saison, près de l’île d’Anticosti. Un spectacle magique à couper le souffle en pleine nuit.

4) Il a croisé fréquemment des bélugas vers Tadoussac, puis des baleines à mesure qu’il se rapprochait de la Gaspésie. Elles sont belles de loin, mais il faut s’en méfier comme de la peste, car une collision serait lourde de conséquences pour l’équipage et le voilier… tout comme pour elles! 

5) Prendre le temps le long du fleuve, avec les équipiers, de se faire de bonnes bouffes qui réconfortent, c’est toujours un moment agréable, qui marque en général le début ou la fin d’une saison au Québec pour eux, après ou avant de repartir pour Halifax et les Caraïbes.

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Automne 2020 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!