Québec Yachting

Retour sur le deuxième Café Femina qui a eu lieu le dimanche 4 avril 2021

Le dimanche 4 avril 2021 à 10h30, Coupe Femina a lancé le deuxième Café Femina virtuel sur Zoom. Sa mission? Regrouper les femmes autour d’une passion commune, la navigation. Les participantes ont pu entendre et échanger avec des femmes inspirantes. 

C’est grâce à Michelle Cantin, Suzie Anglehart et Fabienne Elliott que ces rendez-vous sont organisés. Elles se sont données comme objectifs de : 

  • Regrouper les femmes adeptes de voile
  • Offrir un lieu de discussion convivial
  • Développer une communauté engagée par la création de liens forts
  • Afficher les valeurs positives de la Coupe Femina : détermination, motivation, esprit d’équipe, respect et estime de soi tout en contribuant au financement de notre événement 100% féminin.

Le troisième Café Femina aura lieu le dimanche 2 mai 2021 à 10h30.

Les invitées seront :

En première partie :

  • Présentation spéciale de Julie Guay et Céline Allaire 
    Naviguer le Cap Horn et le canal de Beagle : 14 jours d’aventure

En deuxième partie :

Suivie par les femmes de la Coupe Femina

  • Sylvie  Lauzon, navigatrice affirmée, skipper en classe 100% féminin.
  • ​Justine Lamonde, membre du bateau de la Relève en 2018 aujourd’hui inscrite au processus d’instructeur de voile.
  • Sophie Bouvier, navigatrice et skipper en classe Évolution.
  • Lise Duchesne, barreuse en classe F18.

Cliquez ici pour acheter votre billet au prix de 12 $. Les profits seront versés à la Coupe Femina.


Voici les invitées du deuxième Café Femina

Celles-ci naviguent autour du monde!

Louise Allard alias Loulou, une retraite de navigation sur les mers du monde.

Louise Allard est propriétaire de son propre bateau depuis ses 19 ans et de se définie comme une amoureuse de la mer et une nomade. C’est une vraie passionnée de voile. Elle a pris sa retraite en 2013 et a entrepris son rêve de naviguer et de partir à la découverte de nouveaux horizons. Son premier grand périple de plusieurs mois dans le Pacifique l’a conduit à la conquête de la Polynésie. Et depuis ce temps, les vents l’ont conduit sur les mers du monde.

À 30 ans, le jour de son anniversaire, Loulou a dit à ses amis qu’elle vivrait sur son bateau à 45 et, effectivement, elle a acheté son premier bateau à 45 ans et elle vit sur son bateau depuis 2005. Pour elle, c’est un mode de vie naturel. Avant de prendre sa retraite, elle avait déjà trois traversées de l’Atlantique à son actif.

Quels sont ses plus beaux souvenirs de navigation?

Étonnement, les moments à terre, surtout lors des arrivées où elle a rêvé de manger un steak frites depuis une semaine ainsi que l’approche de la baie des Vierges aux Marquises, l’endroit est magnifique. « Les gens sont nobles, ils viennent à ta rencontre et sont curieux de savoir combien de jours tu as navigué en voilier. » De plus, la majesté des lieux impressionne.

La rencontre de Valentine, la femme de Gaston, un pêcheur sur l’atoll de Tamao en Polynésie française l’a marquée. Tout comme Annabelle, sur l’île de Noukouiva. Elle vendait des paréos uniques, mais elle n’en avait plus pour lui en vendre un. Comme la confection était longue, elle ne lui a pas offert de se dépêcher. Les gens n’y sont pas à l’argent, cela l’a ramené à ce qui est important : l’essentiel.

Sa première Coupe Femina fait aussi partie de ses moments coups de cœur. Il s’agit d’une grande famille et elle s’y est fait des amies. La solidarité entre voileuses existe au Québec!

Comment on se prépare à partir?

Louise a quitté le quai à 55 ans pour traverser l’Atlantique en flottille de Québec à La Rochelle en 2008. Cela prend une organisation d’esprit, il faut s’adapter aux gens et se fier à son instinct.

Pour les provisions, il faut se demander qu’est-ce qu’on aimerait manger, mais il faut aussi tenir compte de ce qui se conserve bien. Il est préférable de ne pas manger tout ce qu’on aime en premier et de garder des aliments frais pour la fin du voyage. Elle se fait d’ailleurs surnommer la sœur économe. Il est possible de manger d’une certaine façon varié, mais cela demande un sens de l’organisation.

« Quand tu veux faire quelque chose, tu dois prendre tous les moyens pour atteindre ton objectif.»

Après une traversée de quatre mois, de retour chez elle, elle a vendu beaucoup de choses après avoir fait du ménage. Elle n’avait pas besoin de tout ce matériel. Maintenant, elle habite trois mois par année dans son petit studio, le reste du temps, elle navigue sur son drakkar ou sur un autre bateau. Elle est nomade, même à terre, elle aime changer d’environnement.

Quels ont été ses plus grands défis?

Être une femme. Elle a dû spécifier à plusieurs reprises qu’elle était sur un voilier pour naviguer et pour ses compétences et non pour satisfaire les pulsions sexuelles d’un homme.

« Quand on ne se sent pas en confiance, on doit quitter. La petite voix intérieure ne ment jamais. Vous devez rester ferme et tenir votre bout puisque ce n’est pas dans votre contrat. »

Évidemment, vous ne devez pas vous arrêter à cela et oser naviguer!

Claire Roberge, un tour du monde sur Balthazar

Après 15 ans de voyage, incluant cinq ans autour du monde en famille sur le voilier Balthazar, Claire Roberge a navigué sur trois océans, visité une quarantaine de pays, effectué un grand périple nordique en effectuant le Passage du Nord-Ouest, puis a découvert le Groenland et l’Alaska. Plus de 40 000 milles nautiques plus tard, en tant que formatrice, conférencière et conseillère, Claire partage maintenant toute son expérience en toute simplicité.

Sa décision de partir du Québec pour faire un tour du monde en voilier s’est prise par étapes sur plusieurs années. Elle s’est posé beaucoup de questions comme est-ce qu’elle était prête à quitter la sécurité et à enseigner à ses filles à bord du bateau? Bien entendu, elle est allée de l’avant, mais le plus difficile, c’est souvent nos propres résistances.

« C’était une vie extraordinaire de faire vivre ça à nos enfants, de rencontrer des gens, des nouvelles cultures. »

Quels sont ses plus beaux souvenirs de navigation?

En 1999, lorsque toute la famille est partie de la marina Gosselin pour découvrir le monde, des papillons Monarque les suivaient et ils ont fait partie de la joie qu’ils ressentaient à ce moment précis.

« À l’atoll d’Apataki, on s’est ancré près d’une ferme. Mimi nous a ouvert les bras, elle voulait que nous venions souper avec eux. Mimi m’a pris dans ses bras, j’étais très émue, et dans l’oreille, elle m’a demandé si j’avais besoin de faire du lavage. C’est une femme tellement généreuse puisque l’eau n’était pas très disponible à cet endroit, il s’agissait d’un immense cadeau! »

Un autre formidable moment qu’elle n’oubliera jamais s’est produit lors du Passage du Nord-Ouest à Cambridge Bay, des jeunes faisaient des chants de gorges près de la bibliothèque.  C’était magnifique!

Comment on se prépare à partir?

Avant d’effectuer le tour de monde, toute la famille a navigué cinq ans sur le lac Champlain pour peaufiner le voilier et aussi pour se préparer mentalement et personnellement. Il fallait aussi que Claire prévoie faire l’école à bord du bateau pendant cinq ans. Tout s’est bien passé puisqu’au retour, ses filles étaient au même niveau que les autres de leurs âges, elles n’avaient rien manqué au niveau académique.

Il est préférable de prévoir un itinéraire général. Comme vous partez vers l’inconnu, il sera sujet à changement. Un bon livre à lire pour se préparer est Route de grande croisière de Jimmy Cornell. Vous saurez tout sur les courants et la météo.

De leur côté, Claire et Guy avaient choisi la route facile, celles des Alizés en suivant l’Intracostal, puis les Antilles. Il fallait qu’ils prennent de l’expérience de la haute-mer avant de se diriger vers le Pacifique et d’effectuer de grandes navigations de plusieurs semaines. À partir de ce moment, c’est un autre voyage qui commence et une tout autre gestion de l’approvisionnement en nourriture.

« Plus on avançait, plus c’était facile de faire des choix, c’était plus naturel. Nous avons aussi rencontré des gens qui nous conseillaient d’aller à des endroits, alors on changeait d’itinéraire. »

Quels ont été ses plus grands défis?

De garder son énergie pour continuer le voyage. Après avoir traversé l’océan Indien, Claire est arrivée en Afrique du Sud épuisée. Elle a pensé revenir au Québec, mais ses filles l’ont convaincue de poursuivre son aventure.

Lors du Passage du Nord-Ouest, elle a vécu son expérience avec trois hommes. Elle était responsable de la nourriture et a effectué des quarts. Elle a souffert du froid, de la fatigue et de la promiscuité. Elle a trouvé difficile de prendre sa place comme femme. Elle a du accepter la situation comme elle était. Ses plus grands défis étaient intérieurs et ils sont décuplés en bateau.

« Avant de partir, demandez-vous pourquoi vous souhaitez faire votre voyage. Cela va vous aider à rester motivée.  »

Quels sont ses futurs projets de navigation?

Elle travaille sur un documentaire sur Vancouver et ses îles qui sera disponible sur Destidocs au https://destidocs.com/. Vous pouvez aussi y découvrir son tour de monde en famille, l’Alaska ainsi que le Passage du Nord-Ouest. En vous rendant au http://www.voilierbalthazar.ca/, vous pourrez tout savoir sur ses conférences et ses formations.

Claire suit présentement une formation en coaching. Le développement de la personne lui tient à cœur et elle a prévu de naviguer à Vancouver cet été.

Gween Duval, navigatrice et instructrice, en direct de l’île de Yeu

Navigatrice et instructrice de voile, Gween Duval a passé ses étés d’enfance en Bretagne et ses deux parents étaient des navigateurs. Sa mère gérait tout sur le voilier et connaissait bien la navigation. Gween est arrivée au Québec à l’âge de 8 ans et y a vécu jusqu’à ses 24 ans. Durant ces périodes, elle a navigué plusieurs plans d’eau, dont le fleuve Saint-Laurent, la baie Georgienne et le Saguenay. De retour en Europe, elle est devenue instructrice de voile et enseigne principalement en Méditerranée et en Bretagne Nord. Elle a traversé cinq fois La Manche et une fois l’Atlantique. Ses deux principaux terrains de jeu, sont les Bouches de Bonifacio et Paimpol-Anglo-Normandes. Aussi, récemment elle a entrepris l’exigeante formation Yachtmaster offshore commercial et un certificat de matelot de pont qui l’a conduite tout récemment à devoir acquérir du temps de mer en s’embarquant sur des bateaux de pêche au large dans le Golfe de Gascogne. 

Quels sont ses plus beaux souvenirs de navigation?

À Bonifacio, le chef de base souhaitait un équipage composé autant d’hommes que de femmes. Finalement, son équipage a compté sept femmes et un homme et ils ont été en mesure de montrer qu’ils étaient meilleurs que les équipages majoritairement masculins.

Gween aime naviguer la nuit. À Santa Teresa, après une tempête, toutes les bouées rouges avaient disparu, il ne restait plus que les vertes. Elle a gardé son calme et s’est fiée au phare blanc et elle est rentrée dans le port tranquillement et son équipage masculin l’a bien écouté. Le lendemain, elle a réalisé que l’entrée très étroite était pleine de rochers.

Quels ont été ses plus grands défis?

La gent masculine a tendance à ne pas l’écouter ou à la reléguer à faire la vaisselle pendant une semaine. Au départ de Saint-Martin, son premier quart à la barre a été infernal et le capitaine pensait qu’elle ne passerait pas les îles. Non seulement elle a réussi, mais elle a tout de suite été reléguée à la cuisine où elle a eu mal au cœur pendant plusieurs jours. Le chef de bord lui  a demandé d’effectuer des tâches qu’il n’aurait jamais demandées aux autres. Elle se sentait comme étant un bouc émissaire, la cible d’une fierté mal placée. Il n’entendait pas la voix des femmes. « Il est important de composer avec nous au lieu de nous mettre à la cale. »

Son conseil

Il est important d’avoir un bon réseau. Gardez les coordonnées de vos amis qui savent comment réparer divers éléments, qui sont bons en mécanique et en électricité. Vous pourrez les appeler si vous vivez une situation d’urgence.

Quel est son futur projet de navigation?

Enseigner la voile, transmettre sa passion et faire en sorte que les femmes aient confiance en elles. Ce qui compte vraiment, c’est l’expérience!

Lizanne David, navigatrice, en direct du Panama

Toute jeune, Lizanne David a passé beaucoup de temps à tremper dans l’eau : elle est d’ailleurs devenue sauveteuse et monitrice de natation. C’est à 22 ans, qu’on lui recommande fortement d’essayer la voile où elle fera la rencontre de Gaston.  En 2010, ils quittent tous les deux le Québec pour un tour du monde qui devait durer quatre à cinq ans. La navigation à la voile est devenue leur mode de vie et depuis ce temps, ils parcourent les mers du monde. Dans le but de promouvoir la voile auprès des femmes, Lizanne David s’est jointe à Valérie à l’administration du groupe Facebook Femmes en bateau.

Lizanne et Gaston ont dû revenir au Québec à cause de la pandémie de la COVID-19, mais ils sont repartis le 29 décembre vers Panama. Ils ont vendu leur voilier et devaient y retourner pour rejoindre leur nouveau bateau.

Qu’est-ce que vous avez dû sacrifier pour effectuer le tour du monde en voilier?

« La sécurité, puisque nous n’avons pas d’assurance-maladie, et le confort. Nous n’avons pas de laveuse, nous ne savons pas où nous ferons notre prochaine épicerie et nous n’avons pas de plan de pension. Nous vivons donc dans la précarité. »

Quels sont ses plus beaux souvenirs de navigation?

Débarquer à Hawaï après 61 jours de mer. Le couple a été au restaurant et mangé du homard, un gâteau au chocolat ainsi que bu du vin et de la bière. « La facture a été de 250 $, c’était ridicule. Nous y avons rencontré un joueur de ukulélé et il nous a donné son CD. Je lui ai même acheté un ukulélé ».

« Au Sénégal, au Club de voile de Dakar, nous étions en dehors de la réalité, tout était tranquille. Dès que tu mets le pied à l’extérieur, c’est le bordel et tout un dépaysement. Nous avons rencontré des gens généreux qui nous ont offert leurs clés d’auto pour que nous puissions nous réapprovisionner. » Une personne leur a présenté sa famille et donné du riz. « L’Afrique fait en sorte qu’on remet tout en question. » Ils ont aussi vécu de beaux moments en Asie et dans les îles du Pacifique.

Comment on se prépare à partir?

Quand ils ont acheté Bidule, il fallait préparer le voilier puisqu’il manquait de matériel. Il n’y avait pas de désalinateur, d’éolienne, de panneaux solaires et ils ont dû se procurer une nouvelle grand-voile. Cela leur a pris cinq ou six ans de travail.

Par la suite, ils ont navigué vers les Açores, Madère, Canarie et le Brésil. « Tous tes plans changent en chemin selon les rencontres : tout devient possible et tu ajoutes des destinations. On s’est fait donner des cartes et des instructions nautiques.  »

Ils avaient peur de manquer de nourriture en route. Finalement, ils en avaient trop… et se sont tannés de manger du riz alors ils ont pêché des dorades. Il est possible d’effectuer des échanges avec les locaux et de récolter des aliments dans leur jardin avec leur permission.

Leur nouveau voilier a demandé deux mois de rénovations et de tests. Ils l’apprivoisent tranquillement, au fur et à mesure des situations.

« Vous devez suivre des cours pour vous former, écouter les conférences de la CONAM, les films de Claire et Guy et lire des livres pour vous préparer à naviguer. »

Quels ont été ses plus grands défis?

Les bris de matériel sur le voilier, cela arrive souvent en traversée. L’arbre d’hélice a brisé au Sénégal et l’étai les a laissé tomber au Brésil.

À Hawaï et au Panama, le vent n’a pas beaucoup soufflé pendant 40 jours. Ils ont décidé de se diriger vers les Marquises puisque le vent les y emmenait, et finalement, le vent a changé, et ils ont dû modifier leur cap pour se rendre à Hawaï.

Sa relation avec Gaston n’est pas toujours facile et il y a eu plusieurs accrochages. Vivre dans un espace restreint demande de s’adapter et il n’y a pas beaucoup d’activités à faire pour contrer l’ennui. Il faut que les deux personnes aient des tâches à effectuer pour s’occuper. Il faut tenter de trouver un équilibre, une harmonie.

Son conseil

« Prenez votre place et faites en sorte de conserver votre indépendance. Apprenez comment fonctionne l’annexe pour explorer. Vous allez trouver le temps long si vous n’osez pas. »

Par Joani Hotte-Jean


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