Québec Yachting

20 ans de navigation de plaisance au canal de Lachine

Cérémonie à l’occasion de la réouverture à la navigation du canal de Lachine le 17 mai 2002. Crédit photo : Parcs Canada.

C’était il y a 20 ans. Plus précisément le 17 mai 2002. Ministres fédéraux et provinciaux, secrétaires d’État, maires et autres dignitaires se rassemblaient à l’écluse no 5 de Lachine pour souligner l’ouverture du canal de Lachine à la navigation de plaisance.

Première embarcation à franchir l’écluse no 5 du Canal-de-Lachine lors de sa réouverture à la navigation, le 17 mai 2002. Crédit photo : Parcs Canada.

Fermé depuis 1970 et partiellement remblayé à compter des années 1960, le canal de Lachine est sur le point de renaître et d’entamer une période florissante de son développement qui perdure encore aujourd’hui. Après avoir joué un rôle de premier plan dans l’histoire du Canada en tant que berceau de l’industrialisation, il s’apprête à devenir un véritable emblème montréalais.

Construction du canal de Lachine, vers 1825. Crédit photo : Parcs Canada.

Un peu d’histoire

À une époque où la navigation constitue le moyen le plus efficace de transporter marchandises et personnes, Montréal représente, jusqu’au début du XIXe siècle, un point de rupture dans la navigation vers l’intérieur du continent. La construction du canal de Lachine, entamée en 1821, sera au cœur du développement industriel de la région. En effet, cette voie d’eau permettra aux navires de faire fi des rapides jusque-là infranchissables et de prendre la direction des Grands Lacs.

L’entrée du canal de Lachine en 1924. Crédit photo : Bibliothèque et Archives nationales du Québec.

Elle attirera simultanément nombre d’entreprises qui se serviront de son eau à des fins énergétiques ou pour les besoins de leurs procédés de fabrication.

Le quartier Saint-Henri, en bordure du canal en 1945. Crédit photo : Fonds Conrad Poirier.

En rase campagne au milieu des années 1850, les berges du canal se métamorphosent ainsi peu à peu en frange urbaine. Le canal n’est plus seulement un lieu où l’on travaille : il devient un véritable milieu de vie.

Barges de la Canada Atlantic Railway Co. circulant sur le canal de Lachine. Crédit photo : Bibliothèque et Archives Canada.

Fermé durant plus de 30 ans

Après avoir connu des années de gloire pendant lesquelles il était emprunté par près de 15 000 navires annuellement et avoir regroupé la plus grande concentration d’établissements industriels au pays pendant un siècle (de 1850 à 1950), le canal de Lachine connaît une période de désuétude.

Le canal de Lachine en 1977. Crédit photo : Parcs Canada.

L’ouverture de la voie maritime du Saint-Laurent en 1959, qui permet aux navires d’accéder directement aux ports des Grands Lacs, ainsi que l’essor du transport par camion contribuent à sa fermeture en 1970. Conséquemment, résidents et entreprises délaissent les anciens quartiers en bordure du canal pour s’installer dans les banlieues et les parcs industriels desservis par les nouvelles infrastructures routières.

Travaux à l’écluse Saint-Gabriel en 2000. Crédit photo : Parcs Canada.

C’était il y a 20 ans : un projet grandiose pour la métropole

Au printemps 1997, un imposant projet de revitalisation est annoncé publiquement pour redonner au lieu un second souffle. Les différents paliers de gouvernement consacreront près de 100 millions de dollars à sa réalisation; des fonds publics qui généreront des investissements privés s’élevant à quelque 250 millions de dollars. Au cours de la période de travaux, 720 emplois seront créés par les seuls investissements du gouvernement fédéral. La phase 1 des travaux chapeautés par Parcs Canada s’échelonnera de 1997 à 2004, et se concentrera sur la mise en valeur du potentiel commémoratif et récréatif du canal de Lachine. Les interventions urbanistiques et les travaux entrepris par la Ville de Montréal entre 1997 et 2002 concerneront surtout les abords et les quartiers limitrophes du canal.

Travaux à l’écluse Saint-Gabriel en 2000. Crédit photo : Parcs Canada.

Les travaux les plus spectaculaires visaient la remise en état et l’opération de la voie navigable dans le but de rouvrir le canal à la petite navigation de plaisance pour 2002 : des kilomètres de murs à consolider, trois écluses et leur déversoir à remettre en fonction, tout en respectant les structures historiques datant de la dernière période d’utilisation du canal. On a aussi rehaussé des ponts et installé de nouvelles passerelles, procédé à l’excavation et à la réfection des murs du bassin Peel ainsi qu’à l’enfouissement de lignes de transport électrique sous les bassins nouvellement excavés. De la conception de ces grands travaux à leur réalisation, les architectes et les ingénieurs ont œuvré depuis les premiers jours du projet. Leurs réalisations sont certainement les manifestations les plus visibles de la volonté de revitaliser le lieu historique national.

Travaux de déblaiement des bassins à farine (bassin Peel) en 2000. Crédit photo : Parcs Canada.

Il est facile d’imaginer comment la revitalisation du lieu historique national du Canal-de-Lachine a pu représenter un défi de taille. Figuraient au programme : protéger et mettre en valeur des centaines de ressources culturelles témoignant de plus de 300 ans d’histoire, ramener la navigation sur un canal découpé au cœur d’une agglomération urbaine, achever l’aménagement d’un parc et d’une piste parmi les plus fréquentés de la région, arrimer l’ensemble de ces interventions à un vaste programme de relance et de rénovation urbaine qui touche l’ensemble du sud-ouest de l’île de Montréal. Au sein de Parcs Canada, plusieurs équipes ont travaillé au succès de cette ambitieuse entreprise. Et ce fut un succès!

Travaux à l’écluse n° 2 en 2017. Crédit photo : Parcs Canada.

Cure de jouvence dès 2015

Et le travail se poursuit maintenant afin de préserver ce lieu historique national. De 2015 à 2021, le Gouvernement du Canada y a investi plus de 170 millions de dollars afin de lui refaire une beauté et le protéger de manière à ce que les générations d’aujourd’hui et de demain puissent continuer de bénéficier de ce site exceptionnel en toute sécurité.

Installation de la passerelle Hall en 2018. Crédit photo : Parcs Canada.

Pendant six ans, les chantiers se sont multipliés le long de la voie navigable. Tout comme pour le projet de revitalisation, les travaux se sont déroulés autant sur les berges que sur la piste ou à même le fond des écluses : réfection de nombreuses sections de murs du canal afin d’augmenter de façon significative leur durée de vie et de préserver leur intégrité, réhabilitation de la prise d’eau (un ouvrage servant à régulariser le débit d’entrée de l’eau dans le canal), réfection des Ateliers de Montréal (bâtiments utilitaires fortement associés aux opérations du canal qui servent aujourd’hui d’atelier et d’entrepôt pour le service d’entretien), réfection des ponts et des passerelles, dont les passerelles Atwater et Wellington, des déversoirs, des tunnels et des écluses, aménagement du tout premier carrefour giratoire cyclopiétonnier de l’île de Montréal, prolongation du Lien nord de la piste multiusage du canal sur un kilomètre, entre la passerelle Atwater et la rue des Seigneurs, et construction d’un bâtiment, le Hangar 1825, en référence à l’année d’inauguration du canal.

Réfection des murs dans le secteur Vieux-Canal en 2018. Crédit photo : Parcs Canada.

Un emblème montréalais

Dès son ouverture, en 1825, le canal de Lachine a contribué largement à l’urbanisation de Montréal et au développement du sud-ouest de la ville. Durant plus de 100 ans, les quartiers longeant cette voie navigable auront connu l’activité industrielle la plus importante au pays. Rouvrir le canal de Lachine à la navigation de plaisance aura permis la concrétisation de l’un des plus importants projets de réaménagement urbain que la métropole ait connus. En plus de permettre la revitalisation du Sud-Ouest, d’y créer un attrait touristique d’envergure, d’y susciter de nouvelles activités économiques et d’y favoriser par conséquent la création d’emplois, la réouverture du canal de Lachine à la navigation aura permis aux résidents de se réapproprier ce lieu au fort caractère historique.

Festival Quartiers Danses à la place des Ouvriers en 2021. Crédit photo : Parcs Canada.

Tous les efforts mis dans la revitalisation et la protection de ce lieu chargé d’histoire ont contribué à en faire aujourd’hui un incontournable du paysage montréalais. Avec plus de 1,2 million de visiteurs sur ses berges aménagées en parcours urbain verdoyant et environ 3500 plaisanciers (1500 embarcations) qui viennent y naviguer chaque année, le canal de Lachine est aujourd’hui plus vivant que jamais!

Vue aérienne du secteur du pont Charlevoix en 2019. Crédit photo : Parcs Canada.
Événement au bassin Peel en 2017. Crédit photo : Parcs Canada.
La Grue-LaSalle Coke en 2016, témoin du passé industriel du canal. Crédit photo : Parcs Canada.
Le canal de Lachine aujourd’hui. Crédit photo : Parcs Canada.

Parcs Canada souhaite en faire un lieu emblématique et inspirant, porté par une communauté engagée envers sa protection et sa mise en valeur. En ferez-vous partie?

Un lieu protégé et préservé pour les générations actuelles et futures. Crédit photo : Parcs Canada.

Venez célébrer avec nous!

Parcs Canada prépare, en collaboration avec ses partenaires, une programmation d’événements toute spéciale pour célébrer ce 20e anniversaire. Surveillez notre page Facebook (@CanauxQc) et le parcscanada.gc.ca/canaldelachine pour la découvrir et en apprendre sur l’histoire du canal de Lachine et sa réouverture. Et soyez prêt pour les grandes festivités à venir en 2025, alors que nous célébrerons le 200e anniversaire de ce lieu unique!

Nouveauté pour 2022 : la planche à pagaie autorisée aux canaux de Chambly et Lachine!

Signe que la navigation a évolué depuis les 20 dernières années, une nouvelle activité bien populaire a fait son entrée aux canaux de Chambly et Lachine : la planche à pagaie! Après avoir établi les balises pour une cohabitation sécuritaire et harmonieuse entre toutes les embarcations naviguant dans ces deux canaux, Parcs Canada a pris la décision d’autoriser la pratique de la planche à pagaie à des endroits spécifiques. Une nouvelle très attendue par les amateurs de ce sport nautique!

Au Canal-de-Lachine, il est possible de pratiquer la planche à pagaie dans le bief no 2 (1,7 km), dans le bief no 3 (2,9 km) et dans le bief no 4 (7,3 km), pour un parcours totalisant 12 km entre les écluses nos 2 et 5. Les usagers doivent utiliser les rampes de mise à l’eau et les quais publics disponibles. De plus, tous sont invités à naviguer entre les balises et le mur du canal, dans la mesure du possible.

Au Canal-de-Chambly, l’endroit désigné est entre les ponts nos 9 et 10, sur une distance de 3,5 km. Il est possible de mettre son embarcation à l’eau en utilisant la descente située derrière le Pavillon jeunesse Yvan-Viens au pont no 10. Un stationnement y est disponible.

Sachez que l’éclusage de la planche à pagaie est interdit pour des raisons de sécurité et que pour traverser d’un bief à l’autre, l’équipement devra être porté.

Pour naviguer sur le canal, les visiteurs doivent obligatoirement se procurer une vignette de saison pour embarcation non motorisée au coût de 25 $ (qui ne comprend pas les coûts d’éclusage). Les frais chargés sont réinvestis dans l’entretien de la voie navigable, la sécurité des usagers et l’offre d’activités dans les canaux. Cela permet également à Parcs Canada d’évaluer le nombre d’usagers qui utilisent les voies navigables avec leur propre embarcation et d’adapter les services en fonction de la fréquentation. 

Pour plus d’information sur les endroits où acheter le permis et les règles à suivre pour une expérience agréable et sécuritaire, veuillez visiter les pages web du Canal-de-Lachine et du Canal-de-Chambly

Avec une programmation estivale bien remplie et de nouvelles activités à essayer ou pratiquer dans les canaux historiques de Parcs Canada au Québec, cet été s’annonce enlevant!

Pour plus d’information, visitez le site parcscanada.gc.ca/canaux et suivez-nous sur Facebook : Canaux historiques au Québec!

Par Marie-Ève Francoeur, agente, partenariats, engagement et communications Voies navigables au Québec, Parcs Canada

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Été de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est gratuit!