Québec Yachting

Les Artisans du Saint-Laurent de retour au travail

André fait une démonstration de la position à adopter et du geste à exercer pour bien donner la forme à l’aviron, sous les regards attentifs de Gérémi, Jérémie, Nicolas et Vincent.

Enfin, après une pause de près de deux ans, où notre atelier a été fermé pour des raisons de pandémie, nous pouvons reprendre la fabrication de notre barque à voiles et avirons que nous espérons bien mettre à l’eau dans la baie de Beauport, à l’été.

Antoine qui vérifie si la varangue laminée est bien sortie dans les paramètres de la courbe du dessin du bateau.

Ce printemps, c’est le Carrefour jeunesse-emploi Montmorency de Beauport qui nous héberge dans son atelier d’ébénisterie deux jours par semaine. Les jeudis ce sont leurs jeunes adultes de 15 à 30 ans de leur programme Départ @ 9 qui sont nos ébénistes maritimes en devenir. Ils sont accompagnés et soutenus par notre demi-douzaine d’aînés qui participent au projet des Artisans du Saint-Laurent à titre de coachs bénévoles avec les jeunes.

Nous vous les avons déjà présentés en action dans des articles précédents. Cette fois-ci, nous voulons profiter de l’occasion de la reprise des activités pour vous présenter nos « plus jeunes ». Ils ont entre 12 et 15 ans, ils sont inscrits dans un programme de Formation préparatoire au travail au Collège des Compagnons de Québec qui a développé, entre autres, des programmes qui visent à aider les jeunes qui ont besoin d’un coup de pouce particulier et situationnel pour continuer leurs études au-delà du primaire.

Stefan, Antoine et Titouan, les trois ébénistes en herbe s’appliquent à laminer une varangue selon les règles de l’art.

Nos huit jeunes du vendredi après-midi sont, de l’avis de nos aînés qui travaillent avec eux dans ce projet intergénérationnel, les jeunes les plus stimulants à aider par nos exemples ou même nos conseils. Habituellement le groupe se divise en trois sous-groupes de travail avec le soutien d’un aîné ou d’une aînée dans chaque sous-groupe.

La semaine dernière, ils fabriquaient les varangues qui donnent la forme du bateau. Cette semaine, c’était les avirons qui propulseront notre voile-aviron quand le vent fera défaut.

Espérance arrondit les angles des varangues pour que la toile du bateau ne s’y use pas prématurément.

Au moment de la pause, si vous leur demandez qu’est-ce qu’ils aiment de ce projet, Nicolas répondra : « C’est vraiment cool comme projet, moi je veux faire ça comme métier plus tard, donc c’est parfait pour moi. On travaille en équipe, on est toujours en action, on n’a pas le temps de s’ennuyer. » Quant à Titouan, qui a un nom célèbre (Titouan Lamazou) dans le monde de la voile, il nous dit spontanément : « On fait plein d’apprentissages. J’ai appris par exemple qu’on pouvait courber le bois; j’en n’avais aucune idée. Ils nous expliquent tout très simplement, on en retire beaucoup d’apprentissage dans la joie. » Pour Espérance, il y a les dimensions d’apprentissage : « On apprend à manier les outils avec prudence » et c’est l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes.

Nicolas s’applique à bien étendre la colle, sous l’œil attentif de Bernard.

Pour Liette Fournier, l’éducatrice spécialisée qui a recruté ces jeunes au programme de formation professionnelle du Collège des Compagnons, c’est un moment privilégié d’être dans notre atelier avec ces jeunes. Elle est vraiment impressionnée à quel point on peut observer une différence entre ce qu’on observe à l’école et à l’atelier. Ici il n’y a pas de problème de comportement. Quand on les voit à l’ouvrage comme ça, sans les connaître, on dirait que ce sont tous des élèves modèles, passionnés, intéressés, qui mettent du cœur à l’ouvrage. On ne penserait jamais qu’ils sont considérés comme des élèves en difficulté. Ici, on n’a jamais entendu de « je ne comprends pas » et « je ne sais pas comment faire ». Ils sont très différents de ce que nous observons à l’école.

Quand l’équipe des Artisans avait accepté la proposition d’une cohorte de plus jeunes avec lesquels nous avions anticipé travailler, nous avions une légère inquiétude de notre capacité de leur offrir une expérience qui les tienne intéressés. Au deuxième mois de la reprise des travaux, aucun signe de relâche dans ce groupe. Au contraire, pour certains de nos aînés, c’est leur groupe favori avec qui travailler.

Par Les Artisans du Saint-Laurent

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Été de Québec YachtingAbonnez-vous, c’est gratuit!