Québec Yachting

Voyage en voilier : tout quitter ou tout emporter

Depuis très longtemps plusieurs rêvent de partir vivre sur la mer, car elle nous offre un sentiment de liberté, une possibilité de voyage inégalée, un mode de vie hors des sentiers. L’an passé, après plusieurs années de réflexion, d’embûches, j’ai enfin réussi à larguer les amarres et commencer ce mode de vie trépidant. Dans ce texte, je vais vous donner quelques trucs pour y parvenir.

1- Le choix du bateau

Pour ma part, j’ai préféré un bateau ni trop petit ni trop grand. Un plan Caroff en acier de 1980 mesurant 35 pieds. Ce bateau, lors de l’achat, était proche de finir à la ferraille (coque perforée, pont rouillé, systèmes électriques et plomberie à refaire, moteur saisi…). Bref ce que j’appelle un project-boat.

Mais pourquoi se donner tant de mal? En ayant refait ce bateau entièrement, je le connais mieux que personne. Sa taille paraissant petite pour certains me permet de le manœuvrer seul, quel que soit l’état de la mer. L’accastillage par sa taille est beaucoup plus abordable pour mon budget ainsi que les coûts de marina.

Après plusieurs années à le refaire a temps partiel, je possède maintenant un bateau solide, entièrement autonome en eau et en énergie, équipé avec de l’accastillage me permettant de rester dans le cockpit pour effectuer la majorité des manœuvres.

2- La destination

Dans ce mode de vie, le mieux est de ne pas avoir de destination précise. Au départ c’était le sud comme plusieurs en rêvent. À la suite d’un événement de santé empêchant ma conjointe de voyager en avion et de pouvoir revoir sa famille en Europe, les plans ont changé et nous décidons d’y aller en bateau. Après une traversée aux Açores qui a duré 21 jours, nous voilà à 8-10 jours du Portugal, notre nouveau point de chute. Une magnifique découverte cette destination imprévue.

3- Quoi emporter ou ne pas emporter?

N’ayant pas de date de retour prévue (sauf deux fois par an, soit au printemps et à l’automne pour mon travail), nous avons décidé de ne rien garder (logement, automobile, etc.) qui pourrait nous empêcher de voguer librement. Dans le bateau, nous avons emporté ce dont nous avons besoin pour vivre, sans surplus (enfin pas trop), toutes sortes d’outils permettant d’être autonome en réparation et de pouvoir aussi faire des petits boulots sur d’autres bateaux afin de remplir la caisse de bord, et enfin mon ordinateur pour donner des cours en ligne.

4- Sortir de sa zone de confort

La majorité des gens rêvant de ce genre de vie et qui ne le font jamais sont souvent trop attachés à leur zone de confort, soit au point de vue matériel, soit au point de vue de la santé. C’est vrai que cela demande un changement radical dans sa façon de vivre et de voir les choses. Nous sommes tellement conditionnés que de faire le saut dans l’inconnu demeure marginal. Depuis que je travaille dans l’industrie nautique, j’ai vu plusieurs rêves ne pas aboutir et parfois des gens qui ont trop attendu. Il ne faut pas attendre d’être prêt si l’on veut ce genre de vie. L’une des choses les plus difficiles est lorsqu’il manque de vent… que faire? La réponse est pourtant simple, on ne fait rien, vraiment rien. Il y a ensuite la peur, la peur de tomber malade, la peur de se blesser, la peur d’avoir peur…

5- L’adaptation

Une adaptation constante suivant le point d’arrêt est à faire et à refaire. Trouver l’épicerie, les marchés de fruits et légumes… Sans cesse à recommencer à chaque arrêt. C’est à ce moment que les relations entre humains prennent tout leur sens. Le partage des connaissances, des visites environnantes. Une grande communauté de marins est présente autour du globe avec comme mot d’ordre l’entraide. Il n’y a plus de frontières, plus de drapeaux, plus de nationalités. Juste des marins.

6- Qu’attendez-vous?

N’attendez pas de vieillir au point de ne plus pouvoir vivre vos rêves. Des médecins et des hôpitaux il y en a partout, des épiceries, des livres, même des cours de yoga. Une communauté aidante, solidaire, vous attend quelque part sur la planète.

Nicolas Gibault, SAMS

Nicolas Gibault donne des cours durant l’hiver sur l’électricité marine et sur l’électronique à bord en ligne ainsi que sur les pièges à éviter à l’achat d’un bateau et sur les Ajustements fins de voile et régate. Vous pouvez visiter ses sites Internet au nicolasgibault.com et au www.ecolenautique.com. Vous avez des questions ou souhaitez faire inspecter votre bateau? Vous pouvez l’appeler au 514 220-8717 ou lui écrire un courriel au nicolas@nicolasgibault.com.

Par Nicolas Gibault, SAMS

*Cet article a été publié dans le magazine numérique Printemps 2023 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!