Un été sur l’eau sans conflit…
L’eau de nos plans d’eau constitue une source de plaisirs aussi variés que le nombre d’usages qu’on désire y pratiquer. De la rive ou sur l’eau, on aime observer, contempler la beauté associée à ce miroir du ciel au lever et au coucher du soleil ou de la lune.
On aime y plonger, s’y baigner, nager, flotter ou s’amuser. Les rires d’enfants ne mentent pas, l’eau est bonne pour nous.
On aimerait bien marcher sur l’eau; la planche à pagaie est ce qui s’en rapproche le plus.
On peut skier, surfer ou faire différentes acrobaties en étant tracté par une embarcation.
On peut aussi naviguer bien assis dans son kayak, son canot, son rabaska ou son skiff propulsé par la force de nos bras. On peut aussi voguer par la force du vent sur notre embarcation à voile.
On peut également pêcher pour le plaisir et/ou pour se nourrir.
Quel que soit l’usage que nous pratiquons, nous avons besoin d’une bonne dose d’intelligence et de générosité pour partager le plan d’eau avec tous ces autres usagers selon les dimensions de celui-ci, sa bathymétrie, la qualité de son eau ainsi que le nombre d’usagers au moment où nous y pratiquons notre activité préférée.
N’oublions pas que nous devons aussi partager ce plan d’eau avec la faune et la flore qui y habitent sans affecter sa biodiversité et sa pérennité.
L’eau n’est pas de l’asphalte! Sous l’eau, il y a de la vie à protéger.
En l’absence de règles apprises, on doit utiliser son bon jugement et :
- connaître la bathymétrie du plan d’eau et ses zones sensibles
- donner priorité
- aux nageurs et à leur sécurité
- à la faune aquatique
- aux embarcations sans moteur pour éviter que ces usagers ne soient projetés dans l’eau à cause de notre vague.
- aux riverains pour ne pas endommager leurs quais et leur prise d’eau potable
- naviguer à bonne distance de la berge (300 mètres pour les wake et surf boats) pour empêcher notre vague d’éroder les rives
- éviter de brasser les sédiments de fond afin d’empêcher le relargage du phosphore qui nourrit les plantes aquatiques (naviguer sur 7 mètres de profondeur minimum pour les wake et surf boats)
La liste des conflits d’usage est longue et bien documentée, notamment par l’OBV RPNS en 2023. Le cadre légal est aussi très complexe et bien décrit dans le document produit par Abrinord et le Centre québécois du droit à l’environnement en 2016 : Cadre-legal-versionlongue-final.pdf.
L’objectif ici est d’éviter les conflits de toutes sortes sur l’eau. « La liberté des uns s’arrête là où commence celle des autres », selon le proverbe. Sur l’eau, l’absence de conflit passe avant tout par la responsabilité des usagers à s’informer des caractéristiques du plan d’eau et à respecter les autres usages.
Voici quelques exemples de conflits d’usage :
- Une motomarine passe à toute vitesse près d’un quai où une chaloupe est rangée à l’envers. La chaloupe tombe à l’eau. Sur le quai voisin, un riverain est en train de remplir d’essence le réservoir de son bateau et tombe presque à la renverse avec l’essence tellement le quai est bousculé par cette vague. Fait vécu…
- Un nageur décide de traverser le lac pendant que des bateaux tirent des enfants sur une bouée…
- Un surf boat entoure un ponton et lui fait tellement de vagues que les gens risquent de tomber à l’eau…
- Ces mêmes vagues atteignent la rive et happent au passage deux usagers sur une planche à pagaie qui tombent à l’eau…
- Un bateau moteur brasse les sédiments au bord de l’eau et met en péril le site de la frayère de la truite grise, espèce menacée du plan d’eau…
- Une motomarine tourne en rond dans un herbier de myriophylle à épis et propage de nombreuses boutures coupées qui prendront racine dans le reste du plan d’eau. Fait vécu…
- Un bateau moteur passe trop près d’un pêcheur et coupe sa ligne qui s’emmêle dans son moteur…
- Une embarcation fait du sur place en rond provoquant du bruit et une situation agressante et indésirable pour les riverains qui souhaitent apprécier le calme de l’environnement auquel ils ont droit, sans compter l’odeur désagréable que ces engins dégagent… Les riverains sont très incommodés par le son amplifié de la musique que les navigateurs font jouer, notamment pour couvrir le bruit de leur moteur, alors qu’on sait que l’eau augmente le son perçu.
- Un jeune en motomarine poursuit un huard et ses petits. On retrouve les petits morts sur la rive. Fait vécu…
Bref, je vous invite à vous souvenir d’un conflit d’usage dont vous avez été témoin et à le partager avec nous à l’adresse courriel info@coalitionnavigation.ca, image à l’appui si c’est possible.
Vous seul êtes en mesure de régler ces conflits d’usage en adoptant un comportement responsable. On n’a pas besoin de réglementation pour le gros bon sens, l’intelligence et la générosité. La Coalition Navigation vous lance ce défi : Un été sur l’eau sans conflit!
Visitez notre site web pour en savoir plus. Bon été!
Par Denise Cloutier, vice-présidente Coalition Navigation
Crédit photos : Denise Cloutier
*Cet article a été publié dans le magazine numérique été 2025 de Québec Yachting. Abonnez-vous, c’est GRATUIT!